Au cinquième rang mondial en termes de production, le cinéma français peut se vanter d’incarner l’opposition à la fois à la domination hollywoodienne et aux injonctions de libéralisation émanant de Bruxelles. Si "l'exception culturelle" fait donc ses preuves, elle est de plus en plus soumise à des difficultés économiques, notamment la volonté de désengagement financier des chaînes de télévision, qui révèlent et exacerbent les points de fragilité et de contradiction du modèle.
Auteur de La Règle de l’exception, écologie du cinéma français, le sociologue Olivier Alexandre décrit avec une grande finesse les fonctionnements et dysfonctionnements de cette industrie compartimentée et inégalitaire qui repose notamment sur un mode de financement par mutualisation unique mais aussi sur la centralité institutionnelle et artistique du réalisateur. Une centralité, héritée du discours héroïque de la Nouvelle Vague sur “l’auteur” et renforcée juridiquement dans les années 80, qui valorise autant qu'elle piège les réalisateurs en question.