L’Imaginaire de la Commune

avec Kristin ROSS
publiée le
animée par Judith BERNARD

Cela faisait longtemps que je voulais me pencher sur la Commune de Paris : cet épisode fascinant de l’Histoire de France, que l’école n’enseigne pas et qu’il faut découvrir par soi-même, comme si c’était trop beau (comme principe), ou trop honteux (comme massacre) a longtemps hanté nos mémoires et suscite désormais quantités d’ouvrages.

C’est Kristin Ross, qui publie ces jours-ci L’Imaginaire de la Commune, que j’ai eu envie de recevoir pour en parler. Parce qu’elle est prof de littérature comparée, et que cette entrée littérale dans le « texte » des Communards me paraissait une approche idéale pour un Dans le texte. Parce qu’elle est américaine, et que c’est inattendu et émouvant de se faire raconter sa propre Histoire par le regard de l’autre. Parce que c’est un très beau texte, qui embrasse large, allant chercher, en amont et en l’aval des quelques semaines que dura l’expérience de la Commune, les formations signifiantes (textes de fiction ou de théorie politique, slogans, formules et hypothèses) dont la Commune est à la fois l’accomplissement concret et la promesse persistante.

Car, par delà son apparent échec, l’oeuvre des « Partageux » de 1871 a fécondé les esprits et puissamment reconfiguré l’imaginaire politique. Et si, comme l’écrit Kristin Ross, « le monde des Communards nous est bien plus proche que celui de nos parents », alors il est temps de s’interroger sur ce qu’il a à nous enseigner, ou à nous inspirer.

Judith BERNARD

Durée 67 min.
  • Commentaires

8 réponses à “L’Imaginaire de la Commune”

  1. Thb

    Concernant l’information de Marx par les journaux versaillais, on peut imaginer l’utilisation de sources à prendre avec des pincettes.
    Cela me fait d’ailleurs penser à la Commune de Shanghai, qui a pris comme modèle celle de Paris et à laquelle un livre de la Fabrique a été consacré: l’auteur y déclare utiliser notamment des sources plutôt hostiles à la Commune, qu’elles soient contemporaines de celles-ci ou postérieures.

  2. Totorugo

    Merci pour cette émission.
    Je renchéris sur le commentaire de « morvandiaux » : lisez Le Canon Fraternité de JP Chabrol, formidable roman.

  3. Abracadabra

    Merci pour l’émission.
    A propos d’un moment précis de l’entretien : http://fairing.canalblog.com/archives/2015/03/09/31676298.html

  4. josephbridau

    Ma chère Judith, je constate avec délice, autour de la 47ème minute, que vous avez été définitivement contaminée par le discours de Mr Lordon…

  5. Robert PEDEVILLA

    Débat très intéressant mais la vidéo s’est interrompue à environ 57′. J’ai essayé avec VLC, avec Quick Time, même résultat. J’en profite pour vous suggérer fortement de réduire la taille des fichiers vidéo. Celui ci qui a ce problème fait 1.2 Go. A titre de comparaison une émission d’ASI d’une durée comparable ne pèse que 0.5 Go. On gagnerait en temps de téléchargement et on diminuerait la probabilité d’un bogue à la lecture.
    Bises Robert

  6. Yves Guiard

    Merveilleux entretien, quelle intelligence de part et d’autre! Quand des littéraires recherchent la vérité avec un tel scrupule, un tel soin, une telle inspiration, le chercheur scientifique que je suis ne peut qu’éprouver de l’admiration. Merci pour toutes ces clarifications.
    Yves Guiard

  7. Bernard67

    Une émission en effet passionnante.
    Kristin Ross met en lumière des personnages souvent oubliés au profit d’autres comme Julien Descaves ou Élisabeth Dmitrieff, et ce faisant nous permet de retrouver toute l’assise d’un mouvement qui ne fut pas qu’une montée de colère et révolte.
    J’ai aussi pensé à ce film reconstitution théâtrale magistrale de Peter Watkins dont Pier39 donne le lien plus bas.

    Judith Bernard (merci à elle) écrit ci-dessus « Parce qu’elle est américaine, et que c’est inattendu et émouvant de se faire raconter sa propre Histoire par le regard de l’autre. » Je voudrais juste préciser que tout comme la République se doit d’être universelle, la Commune n’est pas que l’Histoire de notre potager, mais une Histoire partagée par tous, commune à tous, au delà des frontières, il n’est qu’à voir justement Élisabeth Dmitrieff, pétroleuse russe, et William Morris et Karl Marx de l’autre côté de La Manche. Parlant des pétroleuses voici un bref résumé qui les rappelle http://www.cgt-oph.fr/histoiresoc/petroleuses.PDF

    Quelle émission passionnante et on ne peut que penser que le livre doit l’être tout autant, ce dont je vais m’assurer 🙂

  8. faucon-vert

    Cette émission est tout à fait intéressante, d’autant que K Ross s’exprime avec beaucoup de subtilité et d’une façon très agréable.
    Ce sujet de la Commune est peu souvent traité en effet, alors que cette période porte en germe beaucoup de ferments qui se développeront au XXe siècle.
    Le seul bémol est, pour moi, les trop fréquentes interventions de Judith Bernard, qui tendent à couper K Ross dans ses explications.

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