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Palestine et impérialisme fossile

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Destruction de la Palestine, destruction du climat : « davantage qu’une coïncidence métaphorique fortuite ».
Mars 2025. La Palestine semble avoir disparu. A la recherche israélienne de son anéantissement politique, éducatif, physique, démographique, s’ajoute sa disparition médiatique, celle-ci à peu près totale, et que seules les obscénités ploutocratiques du Président des États-Unis auront momentanément perturbé.
Sur les ondes, le silence est devenu de rigueur : comment en effet entretenir le récit d’une Europe des valeurs libérales, face à au fascisme trumpiste, une Europe du droit international, respectueuse de l’ordre construit en réponse aux catastrophes de seconde guerre mondiale, quand cette même Europe et ses dirigeant.es se sont empressés, pour la plupart d’entre elles et eux, de soutenir, justifier, encourager une guerre génocidaire annoncée, assumée, voire, filmée par les propres exécutants militaires, ce contre toutes les instances politiques et juridiques de ce même ordre international à présent révéré avec tant de ferveur ?
Pour comprendre cette séquence évènementielle, et la logique de disparition qui est en son centre, Andréas Malm propose une analyse profondément originale et novatrice : la Palestine est le microsome historique ou se rencontrent des processus plus vastes associant expansionnisme du capital britannique au 19e siècle, tournant fossiliste de sa puissance militaire navale, et projet sioniste protestant de colonisation juive de la rive Est de la Méditerranée.
A ce titre, le sionisme en tant que nom de l’entreprise coloniale britannique en Palestine, est indissociable de sa base impériale fossile. Dès lors, deux principes apparaissent étroitement liés : « un, il n’y a pas de peuple en Palestine ; deux, la terre doit être prise par la force d’une technologie fonctionnant aux énergies fossiles ».
L’histoire de la destruction de la Palestine serait donc, selon Malm, l’histoire des manifestations de cette logique fossile du capitalisme. Près de deux siècles plus tard, « le génocide se déroule à un moment où l’État d’Israël est plus profondément intégré dans l’accumulation primitive du capital fossile que jamais ». Andréas Malm revient sur cette trajectoire historique et ses implications, ainsi que sur la signification universelle que prend alors la résistance palestinienne aujourd’hui.
Thierry LABICA
Pour prolonger :
Eyal SIVAN, Israël contre les Juifs
Youssef BOUSSOUMAH et Thierry LABICA, La Preuve par la Palestine
Andreas MALM, Extrême-droite et capitalisme fossile
Laurent BARONIAN, Géoéconomie du consentement au génocide palestinien
6 réponses à “Palestine et impérialisme fossile”
Bonjour,
Andréas Malm parle de sionisme protestant.
J’ai consulté le dictionnaire d l’Académie Française, voici la définition donnéeSionisme : « Mouvement politique et religieux né dans la seconde partie du xixe siècle, prônant le retour des Juifs en Palestine et la création d’un État juif. Theodor Herzl fut l’instigateur du sionisme politique. Le sionisme est à l’origine de la fondation de l’État d’Israël, le 14 mai 1948. »
Quelqu’un peut lever cette apparente contradiction?
Merci
ThierryTheodor Herzl né en 1860 à Budapest. Andreas Malm situe le sionisme protestant à partir de l’année 1840
On peut consulter Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sionisme_chr%C3%A9tien Et on peut donner Henri Dunant comme exemple de personnalité influencée par ce courant.
Une réponse de Thierry Labica contacté par mel:
Votre question me fait penser que nous aurions dû indiquer, au moins en passant, que l’on parlait le plus souvent de « sionisme chrétien » et que notre emploi de « sionisme protestant » est une manière de restreindre et préciser cette appellation trop vaste, en rappelant qu’il y a une histoire profonde -non-juive- du projet d’établissement d’une population juive en Palestine. Celle-ci précède de loin sa version elle bien connue de la fin du 19e siècle et à laquelle on rapporte bien trop souvent l’intégralité de l’initiative du projet sioniste (Théodore Herzl et l’organisation sioniste mondiale).
Cette version plus récente (Herzl), en dépit de tout ce qu’elle apprend d’utile et nécessaire, fait trop souvent l’impasse sur des projets antérieurs émanant d’une tradition protestante en effet (pas de toute la tradition protestante, certes), à la fois religieuse, puis littéraire et politique et coloniale.On en trouve de bonnes présentations dans, par exemple:
– Victoria Clark , Allies for Amaggedon. The Rise of Christian Zionism, Yale University Press, 2007 (qui en donne un tableau remarquable, très bien documenté, remontant au 17e siècle. Mais il faut lire l’anglais. D’autres références auxquelles je pense sont aussi en anglais, à la rubrique « Christian Zionism » – qui encore une fois, renvoie toujours à un courant qui traverse l’histoire du protestantisme).
En français, plus facile à trouver et à lire, il y a
– Shlomo Sand, dans le long chapitre 3 de Comment la terre d’Israël fut inventée. De la terre sainte à la mère patrie, Champ Flammarion, 2012 (« Vers le sionisme chrétien. Et Balfour promit la terre », p.179-260).Ce rappel historique (qui ne devrait pas être polémique, mais apparemment, tout l’est) a son importance notamment dans le débat interminable sur l’identification stricte en judaïsme et sionisme, la critique et contestation du second devant alors nécessairement impliquer le rejet du premier. il suffit de constater, d’une part, l’importance politique, électorale, médiatique, du sionisme chrétien aux Etats-Unis (le pasteur John Hagee et sa mega-church en est la figure-type) et d’autre part, la contestation de la politique de l’Etat d’Israel, et de plus en plus souvent, du sionisme en général exprimées par nombres de milieux et personnalités juives dans ce même pays, pour se faire une idée de l’irrecevabilité de cette équivalence stricte. Sa la fonctionnalité politique ne devrait plus échapper à personne, mais étrangement, les juifs et les juives qui n’estiment ne pas ou ne plus avoir besoin d’israel comme socle identitaire, semblent ne pas devoir être exister. Curieux paradoxe des grandes proclamations d’amour pour « les juifs », qui doivent préalablement se débarrasser d’un nombre croissant de juifs, rendus invisibles, inaudibles; proclamations moins paradoxales, toutefois, quand on tient compte des fantasmes ethnonationalistes et racistes qui les inspirent et dans lesquels la pluralité des judéités n’a pas- et ne peut avoir aucune- place.
Monsieur le professeur semble ne pas connaitre le mot GÉNOCIDE: c’est pourtant ce qui est en train de s’écrire en Palestine, . Le cessez le feu n’a jamais eu lieu, il y a juste quelques camions de plus. Les pays européens et le régime US (démocrate comme républicain) sont les laquais de l’entité sioniste .Les groupes de pression permettent de ne PAS faire élire des gens courageux qui combattent le sionisme. Le sionisme est une forme de racisme où se vautrent nos pseudo démocraties racistes et qui n’ont guère évoluées depuis la deuxième guerre mondiale. L’ONU est incapable de faire quoi que soi.Il est grand temps d’adopter le discours pertinent de monsieur Malm.
Il y a un excellent travail d’un sociologue: Said Bouamama: Manuel Stratégique de la Palestine et du Moyen Orient aux éditions Investigaction .Etonné de ne pas ce bel ouvrage dans les livres suggérés.L’histoire est la grand méconnue des générations actuelles et dans ces moments les socialopes montrent leur vrai visage avec leur idées partagées avec la droite et l’extrême droite .
Super entretien ! Merci
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