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La fabrique scolaire de l’Histoire

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L’école fabrique un savoir de l’histoire et cela intéresse au plus haut point nos politiques. « Dès que l’on devient français, nos ancêtres sont gaulois », a déclaré récemment Nicolas Sarkozy, ressuscitant le roman national forgé au début de la IIIème république par le Petit Lavisse. Si Mélenchon rejette une « ethnicisation gauloise du débat », il n’en affirme pas moins que « nous sommes les filles et les fils des Lumières et de la grande Révolution! » Et d’ajouter : « A partir du moment où l’on est français, on adopte le récit national ».
Co-auteur de La Fabrique scolaire de l’Histoire ( Agone), la professeur d’histoire-géo Laurence De Cock interroge le principe même d’un récit national – qu’il soit de droite ou de gauche – à inculquer aux élèves dans l’espoir de faciliter la sacro-sainte « intégration » et de soigner les « malaises identitaires » dont souffrirait la République. Elle propose de reposer les termes du débat et d’explorer plus profondément ce que peut l’Histoire, et à quoi peut servir son enseignement. Membre fondatrice du Collectif Aggiornamento qui travaille au renouvellement de l’enseignement de la discipline, Laurence De Cock nous livre ici un panorama complet sur l’histoire de l’histoire à l’école et défend sa conception d’un enseignement susceptible non pas de transmettre les valeurs héritées d’un passé glorieux, mais d’aiguiser un regard critique sur le présent.
Laura RAIM
16 réponses à “La fabrique scolaire de l’Histoire”
Merci pour ce passionnant moment qui permet de remettre en perspective les enjeux présents derrière les invectives de l’actualité immédiate.
Passionnant, merci.
Un autre discours que celui servi ce matin dans l’émission Répliques sur France Culture, ça fait du bien !
Bravo et merci !Quel moulin à paroles !!
Cette manière de s’installer comme chez soi et de mener la conversation à sa guise est déplaisante.
Eh,oh! Maitresse. Où vous croyez-vous, là ? Qui c’est qui commande, ici ?
La petite Laura, apparemment très intimidée, n’a pas cessé de hocher la tête comme pour montrer qu’elle était sage et qu’elle écoutait bien la dame. Quand elle a osé poser des question sans lever le doigt, j’ai eu peur qu’elle ne se fasse gronder.
Je n’ai vu que les quarante premières minutes pour le moment et j’ai peur de retourner voir la fin. Quelqu’un peut-il me dire si l’histoire finit bien ? Je n’aimerais pas apprendre que Laura a été punie.@ Prochain Chapitre : merci pour votre commentaire. Je comprends qu’on puisse être agacé par des journalistes qui coupent sans arrêt la paroles à leurs invités. C’est un reproche qu’on fait depuis deux ou trois siècles à Daniel Schneidermann… :o)
Mais puisque vous me proposez de manière implicite à être plus clair, je quitte le ton de la plaisanterie pour dire ceci : je préfère le dialogue au monologue. Dans une émission comme celle-ci, l’invité doit accepter que son hôte conserve le contrôle du débat. Laura Raim, je suppose, a établi un plan pour son émission et préparé des questions dans un certain ordre. Or, dès le début de l’entretien, Laurence de Cock se conduit comme si elle donnait une conférence, se lançant dans des tirades interminables qui nous imposent une écoute passive, parsemant son discours d’illustrations diverses et d’anecdotes, oubliant quelle est l’invitée de Hors-Serie et qu’elle doit respecter les règles de la maison, établies par ceux qui la reçoivent. Elle oublie aussi, comme tous ces causeurs qui ne doutent jamais de l’intérêt de ce qu’ils disent, que nous ne sommes pas « dans sa tête » et que l’écoute et l’attention doivent se mériter.
J’ai été choqué par le manque de tact de cette prof, ayant manifestement un certain nombre de kilomètres à son compteur, qui s’écoute parler, occupe le territoire et prend le pouvoir dès le début de l’entretien face à une jeune journaliste peu expérimentée.Pour ma part, ne changez rien Laura. Je ne comprends vraiment pas les remarques de Papriko en l’espèce…
J’ai beaucoup appris lors de cet entretien passionnant. Une enseignante toujours en recherche sur des questions fondamentales aujourd’hui et Laura au service de sa juste expression.
Merci Laura pour votre commentaire.
Je m’obstine à penser que dans toutes les activités et tous les métiers il faut respecter certaines règles, c’est-à-dire profiter du savoir-faire des anciens. Interviewer une personne devant un micro et éventuellement des caméras est un exercice qui a vu le jour il y près de cent ans. Des centaines, voire des milliers de professionnels s’y sont exercés et nous ont laissé des milliers de documents qui peuvent nous servir d’exemple en constituent un véritable catalogue. Il faudrait être bien prétentieux (ou bien naïf) pour imaginer que dans ce domaine on peut encore innover. Dans cette activité, comme dans beaucoup d’autres, on ne peut donc rien créer de nouveau; on doit simplement choisir parmi les différentes options disponibles dans le catalogue celles qui nous paraissent les meilleures.
Cela est vrai également en ce qui concerne la réalisation. J’ai toujours trouvé choquants, par exemple, les très gros plans réalisés sur les visages des intervenants. Avant de produire ce type d’images (souvent carrément indécentes sur des peux grasses et boutonneuses, encore enlaidies par l’éclairage violent utilisé généralement), le réalisateur devrait se demander pourquoi ces horribles plans poils-de-nez ne se voient pratiquement jamais ailleurs et s’interroger sur son refus (ou sa méconnaissance) des règles. Une bonne réalisation doit se faire oublier.Ah d’accord, Papriko a donc décidé d’être désobligeant(e) avec toute l’équipe (+ l’invitée) 🙂
@ Raphaël. Ne prenez pas la mouche. Je sais qu’il n’est pas agréable de recevoir des critiques. Mais j’espère que vous avez conscience vous pratiquez une activité qui vous expose aux critiques.
Essayez de ne pas oublier que chaque fois que vous prenez une décision concernant la réalisation (cadrage, changement de plan, etc…), vous l’imposez au spectateur qui ne peut que subir. Je pense que vous devez écouter les avis même s’il vous sont désagréables. Libre à vous d’en tenir compte.
Il est très curieux que vous alliez chercher des exemples dans les interviews télé de …1972. Coïncidence étonnante (vraiment étonnante !) vous citez une interview de Pierre Dumayet. Or, sur ce même forum, j’ai adressé un message à Judith Bernard (très exactement le 07/10/2014) où j’évoquais les images qu’on pouvait voir autrefois à la télévision et illustrant mon opinion (sur ce qu’il ne faut pas faire) d’une capture d’écran d’un gros plan sur le visage de … Pierre Dumayet. Voici cette image :
http://img4.hostingpics.net/pics/333489Dumayetpoildenez.jpg.Voici un extrait de ce message à Judith :
« Puisqu’on parle technique, j’ajoute que les gros plans sont souvent trop « gros ». Ces plans « plans poils-de-nez » sont inutiles et souvent indécents. Ils me rappellent les horribles gros plans de l’époque de l’ORTF, abandonnés depuis une quarantaine d’années ».
Sur ce point, je n’ai pas changé d’avis. Il arrive qu’on voit encore ce genre de très gros plans. Parfois, ils sont malveillants. J’appelle ces plans des « plans Kalfon » (du nom du réalisateur qui sévit le samedi soir dans des émissions telles que ONPC) qui transforment le spectateur en voyeur rigolard, par exemple en montrant le profil d’une Natalie Dessay ou d’un Bogdanoff.
En dehors de ces cas particuliers, ces plans intrusifs ne se pratiquent plus guère aujourd’hui et c’est une bonne chose car ils ne présentent aucun intérêt et mettent mal à l’aise le spectateur car ils ne reproduisent pas des situations qui lui sont familières. Lorsque l’on s’adresse à quelqu’un, on s’approche rarement assez près de lui pour le voir tel que le montrent ces cadrages. Je pense que depuis l’apparition, aux débuts de la télévision, des caméras vidéos et des cameras-films à visée réflex (progrès techniques qui conduisaient à des abus par la facilité qu’ils apportaient au cadrage et à la mise au point), on a réfléchi sur la signification des images et on ne fait plus ces erreurs. Un trop gros plan est irrespectueux pour la personne qu’on filme.[message supprimé par l’auteur]
@ Alexandra : Relisez mieux mes commentaires et vous prendrez conscience qu’ils ne comportent aucune violence. Ils sont critiques, certes, mais restent modérés.
Ensuite, lorsque vous aurez retrouvé votre calme, relisez votre commentaire à vous et comparez-le avec les miens, en essayant d’oublier qui sont les auteurs. Vous risquez d’être surprise.
Votre commentaire démontre de façon magnifique à quel point il est difficile de transmettre des idées et de faire partager des opinions.
La communication est un art difficile. Mais puisque son étude est l’un des projets Hors-Série, les abonnés doivent en attendre le meilleur.Excellente émission. Continuez comme ça !
Je tiens à rendre hommage à Laura pour son fair-play dan son commentaire. Un bel exemple de sérénité dont certains pourraient s’inspirer.
@gynko : ne confondez pas les critiques que je formule envers Laurence de Cock, à qui je ne dois rien, et celles que je fais à l’équipe de Hors-Série, qui fait dans l’ensemble du très bon travail. Lorsque je fais remarquer que la conduite de l’invitée est contestable, je prends en fait la défense de Laura. Il est dommage que vous le ressentiez autrement.
Et je ne pense me conduire comme une brute en faisant remarquer que les plans trop rapprochés sont désagréables. Je maintiens que je ne comprends pas quelle est leur utilité et qui ils peuvent intéresser, à part quelques étudiants en dermatologie. Il me semble que s’ils étaient utiles, on en verrait dans les les émissions de plateau que l’on peut voir (par dizaines chaque jours) sur toutes les chaines de télé. Je ne pense pas qu’on puisse faire preuve de créativité lorsqu’on filme deux personnes en conversation et je ne crois pas qu’il soit condescendant de le faire observer. Je suis très surpris de cette levée de boucliers provoquée par quelques critiques (« condescendance phénoménale », « un aplomb extraordinaire » « vous dites n’importe quoi », « pour qui vous prenez-vous », et j’en passe). Quand je dis « surpris », je devrais sire « surpris et ravi » car c’est un spectacle étonnant, qui pourrait être un beau sujet d’étude sur un sujet qui me passionne.Très bonne émission, bravo à la journaliste à son invitée.
J’ai juste un peu sursauté, Mme De cock, quand vous avez indiqué qu’il ne saurait être question de faire l’histoire de l’humanité tout entière parce que l’histoire est faite de choix. Pour expliquer mon désaccord, permettez-moi d’utiliser la métaphore du photographe ou du cameraman, qui doit sélectionner non seulement son sujet mais aussi son niveau de zoom. En histoire — et c’est vrai de n’importe quel domaine d’étude — il faut à tout instant cadrer son sujet dans le temps et dans l’espace, ce qui bien sûr implique des sacrifices. Mais il faut également choisir son zoom, c’est à dire le niveau d’échelle qui va déterminer la granularité de la description à venir. En réalité, moyennant un zoom arrière approprié, tout sans exception peut faire l’objet d’une étude, y-compris l’évolution de l’humanité — c’est très précisément la question, proprement historique, à laquelle s’est attaqué Darwin, qui au demeurant a su voir bien au-delà de l’aube de l’humanité. Et ses successeurs en théorie de l’évolution travaillent à reconstituer les origines de la vie, il y a environ 3,5 milliards d’années. Et puis il faut songer à ces physiciens théoriciens qui travaillent sur l’histoire… de l’univers. Après tout, ces gens-là ne font-ils pas, comme vous, de l’histoire?
Ceux qui se qualifient d’historiens me semblent former une bien étrange corporation, dont il faudra peut-être un jour faire l’histoire. Je doute qu’ils reconnaissent comme leur pair, par exemple, un historien des sciences (rien à voir, ça c’est un épistémologue, un philosophe), ou un historien des mathématiques (non, ça c’est un matheux), ou n’importe quel spécialiste de chimie, de géologie, de botanique, que sais-je, qui consacre éventuellement une bonne part de son temps à retracer l’historique de son sujet de recherche. Si l’histoire était l’étude générale du passé, comme on nous le répète, l’histoire serait bien trop hétérogène pour exister comme discipline académique séparée et pour assurer une quelconque cohésion à la communauté des historiens. Or la discipline est déclarée, et la communauté paraît tout à fait soudée.
J’observe que tout événement entre dans le passé — c’est à dire dans le champs de compétence de l’historien — au moment-même où il se produit. L’avenir seul échappant à la compétence de l’historien, l’histoire aurait donc pour objet la totalité du réel? A mon humble avis, ceux que l’on désigne, et qui se désignent eux-mêmes, comme des « historiens » sont en réalité bien plus spécialisés qu’ils ne le reconnaissent. A mon humble avis ce sont en réalité des spécialistes des grands événements sociaux, politiques et militaires (du passé, cela va de soi). En tous cas, comme vous l’avez fort bien suggéré au début de l’entretien, enseigner l’histoire aux enfants c’est faire du catéchisme politique, avec toutes les tentations manipulatoires qu’on peut imaginer.
Cordialement
Yves Guiard
directeur de recherche CNRS émérite
yves.guiard@enst.frBravo! Bravo! Bravo! un entretien qui donne force et courage à tous! on en veut encore.
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