La politique à l’envers

avec Christian LE BART
publiée le
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animée par Manuel CERVERA-MARZAL

Il faut bien l’avouer, et l’aveu est sincère : la politique, je n’y comprends plus grand-chose. En tout cas, je la comprends de moins en moins. Tout me parait plus confus, plus flou, plus imprévisible que quand, il y a vingt ans, j’ai commencé à m’y intéresser. Les choses étaient alors assez simples. Chacun tenait son rôle. La gauche faisait mine d’être de gauche, la droite d’être de droite. Les ministres avaient un minimum de tenue. Les élus, même s’ils avaient choisi la carrière politique pour les honneurs et l’enrichissement qu’elle prodigue, prétendaient l’avoir pas fait vocation, ils disaient être là de manière désintéressée, pour le bien de tous. Les partis politiques ne se déguisaient pas derrière des façades de « mouvement » ou de « listes citoyennes », ils assumaient leur identité partisane. Les électeurs allaient voter en se bouchant le nez, mais ils y allaient quand même.

Puis, progressivement, les choses ont basculé. Les hommes et femmes politiques se sont mis à mimer le monde de l’entreprise, à copier les codes du privé. Les partis politiques se sont effacés derrière leurs leaders. Ces derniers assument désormais leur soif de gloire et d’argent. L’individualité passe avant le collectif, l’honnêteté avant la loyauté. Les institutions sont malmenées, par le haut comme par le bas. Par le haut, de Sarkozy à Macron, les dépositaires du pouvoir font un usage personnel, prédateur et ouvertement intéressé des ressources publiques. Ils court-circuitent les procédures officielles. Ils malmènent les corps intermédiaires. Par le bas aussi, les institutions sont mises à mal : les citoyens désertent massivement les urnes, les attaques de permanences parlementaires se multiplient, de même que la violence envers les élus, les militants agissent en dehors des partis.

Mon invité du jour, Christian Le Bart, est professeur de science politique à Sciences Po Rennes. Dans un livre aussi passionnant qu’érudit, La politique à l’envers (CNRS éditions), il analyse ces mutations du système politique français. Nous avons eu le plaisir d’en discuter avec lui.

Bon visionnage !

Manuel Cervera-Marzal

Durée 77 min.

7 réponses à “La politique à l’envers”

  1. Gerard Lebrun

    la physique des États politiques ?
    – l’état solide, la matière a une forme propre.
    – l’état liquide, la matière a un volume propre.
    – l’état gazeux, tout le volume disponible est occupé.
    la métaphore a de quoi surprendre avec l’exclusion explicite de l’état gazeux.

    La comparaison avec la situation actuelle comme un mélange liquide avec des grumeaux (les partis historiques) fait penser à une recette de la chandeleur avec une préparation culinaire un peu précipitée (forcément, … les grumeaux).

  2. Gerard Lebrun

    il ne votera pas Jean-Pierre Mélenchon.

  3. ignami

    Un monde est mort. C’est normal, les mondes, comme tout, meurent. D’autres mondes sont en gestation, la période est donc difficile. Et vraisemblablement, ça va durer encore un moment, enfin, je veux dire s’empirer. Et d’autres institutions vont se cristalliser un jour. Qu’il faudra démystifier. Espérons qu’elles ne soit pas trop infernales. Mais comment être optimiste aujourd’hui où le « plus jamais ça » de façade est devenu un « faites donc, voici des outils pour ».

  4. Gerard Lebrun

    A la réflexion, l’idée que Christian Le Bart développe que la période des post-Bourdieu qui n’ont pas arrêté de pointer d’une manière critique les gouvernants et institutions gouvernementales devait maintenant être mise en sourdine, car cela alimente une réaction populiste et de haine des élites (voir l’épisode gilets jaunes et les attaques ad hominem des élus locaux) . Si j’ai bien compris, c’est néfaste … mais je vois quand même une limite à ce discours qui a déjà une application pénale : Exemple : Prison avec sursis requise pour « apologie du terrorisme » contre un responsable de la CGT à la suite d’un tract sur l’attaque du Hamas en Israël.

    Autre point qui m’a semblé étrange : les larges extraits du film « La Conquête » avec les clones de Sarkozy et de son ex-femme. Qu’est ce que cela venait faire dans cette entretien ? Cela aurait pu présenter un intérêt si l’un des deux avait développé, la manière dont les séries s’emparent à postériori ou par anticipation de la vie publique et des vedettes de la politique. A un moment, on voit des politiques mettre en scène dans la vie réelle des scenarii déjà écrits dans la fiction. Résultat : les journaleux s’extasient sur le coté prémonitoire des séries, et on peut continuer à faire des commentaires en boucle et aussi de s’extasier à nouveau sur d’un événement de la vie réelle qui n’avait pas été décrit dans une série : Ah ! c’est une surprise ! Extraordinaire, … fantastique, quelle imagination …

    la classe politique est mariée avec la classe médiatique.
    Certes, cela eu été hors sujet mais cohérent avec les extraits du film.

    Christian Le Bart aurait pu aussi a cette occasion parler de la sortie très médiatisée de Jean Luc Mélenchon « La République, c’est moi ! » et de revenir sur le concept des deux corps du roi qui aurait pu en être une illustration en creux et d’analyser le résultat produits par les journalistes qui ne s’embarrassèrent pas de la théorie des « deux corps ». Mais voilà, il n’aime pas Jean-Pierre !

  5. luc Druelle

    Le périmètre du pouvoir politique a été radicalement réduit par la confiscation des rennes de l’économie. Ca explique je pense la dégradation des réponses aux attentes des électeurs. Dans ces conditions , les actes se boursouflent en gesticulations et les paroles en incantations.
    Quelle est , alors que l’horizon de pouvoir se rabougri, la motivation des « professionnels » de la politique. Qu’est ce que ça a changé dans leur discours? Dans la perspective de leur carrières? J’aurais aimé voir ces questions abordées.

  6. Christian Debroize

    C’est une analyse superficielle de la politique et pour tout dire journalistique. Bien sûr l’invité, un universitaire, cite Kantorowicz, « les deux corps du roi », parle de désacralisation du politique, de peopolisation etc… ce n’est pas faux mais ce n’est pas l’essentiel.
    Autrefois, la politique ou le jeu politique servait plus ou moins à cacher les effets de domination. De nos jours, le capitalisme ne se donne même plus la peine de sauver les apparences. Il est bien décidé à affirmer sa puissance et à aller au bout de celle-ci. À ce compte là, la politique n’est plus qu’un théâtre d’ombre.

  7. Christian Debroize

    C’est une analyse superficielle de la politique et pour tout dire journalistique. Bien sûr l’invité, un universitaire, cite Kantorowicz, « les deux corps du roi », parle de désacralisation du politique, de peopolisation etc… ce n’est pas faux mais ce n’est pas l’essentiel.
    Autrefois, la politique ou le jeu politique servait plus ou moins à cacher les effets de domination. De nos jours, le capitalisme ne se donne même plus la peine de sauver les apparences. Il est bien décidé à affirmer sa puissance et à aller au bout de celle-ci. À ce compte là, la politique n’est plus qu’un théâtre d’ombre.

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