L’entourloupe du revenu universel

avec Daniel ZAMORA
publiée le
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animée par Laura RAIM

Lorsque Benoît Hamon défend le revenu de base, la droite lui tombe dessus : une allocation régulière versée à tous les citoyens coûterait trop cher au contribuable, favoriserait l’assistanat, dévaluerait le travail…Pour Daniel Zamora, c’est pourtant d’un point de vue de gauche que la mesure pose le plus problème.

Co-directeur d’un essai titré Contre l’Allocation universelle, paru chez Lux en janvier, le sociologue belge estime en effet que ce dispositif n’est qu’une « aberration engendrée par le néolibéralisme dans notre imaginaire social ». Derrière cette mesure, qui émerge dans le débat public à la fin des années 1960, se dessine selon lui un projet intellectuel et politique qui vise à liquider la conception socialiste de la justice sociale héritée de l’après-guerre : là où la sécurité sociale repose sur la notion de droits (à la santé, à l’éducation) et socialise une partie de la richesse pour offrir un accès gratuit à ces biens collectifs, le revenu de base privatise la richesse collective afin de donner du cash aux individus. L’objectif n’est plus de limiter la sphère du marché, mais de permettre à chacun d’y participer. On passe de la lutte contre les inégalités, à celle, bien moins ambitieuse, contre « la pauvreté ». Une cause suffisamment inoffensive pour attirer vers elle les Bill Gates, George Soros et Bono de ce monde…

Vous l’aurez compris, Daniel Zamora n’est guère impressionné par la proposition phare du candidat PS. Et de glisser malicieusement après l’entretien : « la vocation malheureuse du revenu universel aura finalement été d’accorder quelques mois de sursis à un Parti Socialiste au bord de la mort clinique ».

Laura RAIM

Durée 66 min.

3 réponses à “L’entourloupe du revenu universel”

  1. jeremie chayet

    Friot.

  2. damien Astier

    J ai bien aimé le rappel du contexte historique dans lequel naissent chaque concept ou proposition de solvabilisation des « exclus », c’est à dire de ce qui ne consomment pas (trop pauvres) qui sont également souvent déclarés improductifs (impot negatif, revenu de base, etc.) par les systemes qui les nomment ainsi.

    En revanche les qques laspus et amalgames de l’invité sur emploi/travail et marché/capitalisme me laissent songeur quant à sa comprehension de theories comme celle defendue par B. Friot, pour qui le dépérissement de l’Etat est un bonne chose et la marché un plutot bon allocateur/censeur de la production, puisque l’enjeu central réside dans la souveraineté citoyenne sur la production de la valeur (maitriser collectivement ce que l’on produit, dans quelles conditions on produit, et ce qui « vaut » au sens économique c’est à dire ce qui est reconnu par du salaire et de la monnaie associée).

  3. Paul Gandy

    A première vue, Daniel Zamora semble assez (ou très?) proche de la proposition de Sécurité sociale intégrale, proposée par l’Avenir en commun et Jean-Luc Mélenchon.
    Merci pour ce dialogue très intéressant.
    Paul Gandy

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