Hémisphère gauche

avec Razmig KEUCHEYAN
publiée le
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animée par Manuel CERVERA-MARZAL

Les pensées critiques sont nombreuses. A Hors-Série, nous en savons quelque chose, puisque nous recevons toute l’année celles et ceux qui les font vivre. Et, si on ne peut que se réjouir de la prolifération d’idées qui dérangent, il arrive cependant qu’on s’y perde parfois un peu. Ce qui m’a conquis dans Hémisphère gauche (La Découverte), c’est la capacité de son auteur à mettre de l’ordre dans ce joyeux désordre. Razmig Keucheyan pointe les grands débats, il classe les penseurs par famille, il indique les lames de fond. Bref, il offre une précieuse boussole à qui s’aventure sur le continent des nouvelles pensées critiques.

Initialement paru en 2010, Hémisphère gauche vient d’être réédité en version poche. A cette occasion, j’ai souhaité recevoir son auteur pour comprendre ce qui distingue les pensées critiques contemporaines des marxismes du XXème siècle et pour réfléchir aux chantiers en cours (sur l’analyse de l’Etat néolibéral, sur la question stratégique, sur les acteurs de la transformation sociale, sur les façons de réactivier un projet désirable). Au-delà du contenu des pensées critiques contemporaines, nous avons aussi discuté des penseurs et des penseuses qui les élaborent : pourquoi ont-ils déserté les organisations politiques ? Pourquoi ont-ils trouvé refuge dans les universités, surtout américaines ? Quel rapport entretiennent-ils aux médias dominants et aux réseaux sociaux ? Pourquoi puisent-ils leur inspiration dans des sources religieuses (saint Paul, saint François d’Assise, Pascal), voire chez un juriste nazi comme Carl Schmitt ?

Enfin, nous avons parlé des intellectuels qui mettent leurs neurones au service du capital, comme le théoricien des tribunaux d’arbitrage Emmanuel Gaillard, et des intellectuels conservateurs, comme Alain de Benoist. J’ai souvent entendu, chez des gens de gauche, que la droite ne produisait aucune idée, qu’elle n’était bonne qu’à gérer le système. Je crois qu’il s’agit d’une erreur, que la gauche n’a pas le monopole de l’intellect, et que pour combattre efficacement nos adversaires, il faut aller voir ce qui se passe dans leurs têtes. C’est également l’avis de Razmig Keucheyan, qui prépare un ouvrage sur le sujet…

Bon visionnage !

Manuel CERVERA-MARZAL

Le lien vers les cours de David Harvey sur Marx, que Razmig Keucheyan évoque dans la vidéo :
https://www.youtube.com/channel/UC9qzXVDKmBdbTlID3HLHe9Q

Durée 72 min.

4 réponses à “Hémisphère gauche”

  1. jean viau

    Alors là!! Mais alors là !! Littéralement inouï depuis des lustres. Encore! encore!

  2. Bernard67

    Je serais terre à terre, ne pouvant d’ailleurs prétendre voler très haut, à la limite être un drone en matière de pensée.

    Mais devant le cataclysme qui nous balaye, où tout le monde en France fait du Macron sans le savoir et s’en veut de ne pas avoir découvert plutôt qu’il pouvait concilier les inconciliables que sont la droite et la gauche, et que comme il y a la world music, il y a la world politic, tout se mélange, tout s’équivaut, Gattaz accueille à sa table paternelle le syndicaliste pour lui offrir enfin une place de choix, celle de discuter avec lui de l’anéantissement des prud’hommes, voilà

    et qu’espérer sinon un siège à Marseille pour Mélenchon

    Devant cette catastrophe, devant ce constat qu’en France des gens applaudissent à l’idée des ordonnances et du 49.3, cette dictature souriante qui décrit son programme de victoire dans les médias et que les électeurs s’empressent tels des moutons de réaliser, de lui donner de la réalité afin que la faute soit bien partagée, que la victime ait aidé le bourreau,

    il y a des mises au point intellectuelles fort intéressantes et revigorantes comme celle de Razmig Keucheyan car elles donnent raison à cette idée qu’en politique tout ne peut pas être fait de civilités, qu’il reste des camps bien distincts, que les partis ont autant de raison d’être que les couples ou au foot les équipes

    mais il y a aussi un confort de la passivité, à commencer par le refus du vote
    non pas qu’une autre arme est préférée
    mais celle-là la première toute simple est abandonnée au profit de la réflexion
    dans les nouveaux salons du tête à tête avec son ordinateur

    terre à terre, je voudrais rappeler que le vote reste en dépit, malgré

    Je voudrais aussi dire que nos ennemis ne sont pas non plus sans tenter de savoir comment nos amis fonctionnent
    et qu’en l’espèce, ils sont rudement forts car ils occupent la place et au moment où l’on voyait des lézardes aux murs,
    ils ont réussi à tout changer, jusqu’à faire passer pour des errements nos convictions

    oui redonner de la croyance à nos croyances

  3. Totorugo

    Génial ! Je ne connaissais pas, et j’ai du grain à moudre pour les mois qui viennent… Merci !

    Bravo à Manuel pour la conduite remarquable de l’entretien.

  4. Patrick Dessart

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