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Carte blanche : l’Etat contre les étrangers

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Voilà un sujet qui brillait par son absence sur notre site. Plus de 30 000 exilés morts en tentant de traverser la Méditerranée depuis quinze ans et pas une seule émission consacrée à la supposée « crise migratoire », et à la véritable « crise de l’accueil ». Pour ma part, je dois reconnaître avoir été rebutée par une question si souvent parasitée par des postures d’indignation à géométrie variable.
Le livre de Karine Parrot m’a réconcilié avec le sujet. Dans Carte blanche, l’Etat contre les étrangers ( La Fabrique ), elle expose méthodiquement les différentes armes de la guerre que mène la France depuis une vingtaine d’années non seulement contre les immigrés illégaux, mais aussi contre ceux qui devraient théoriquement bénéficier d’un statut protecteur, tels que les demandeurs d’asile et les mineurs isolés.
C’est avec l’engagement d’une militante du GISTI ( groupe d’information et de soutien aux immigré.e.s) et la compétence d’une professeure de droit, que Karine Parrot décortique les dispositifs conçus par les gouvernements successifs pour tenter d’empêcher les étrangers pauvres de poser le pied en France et — lorsqu’ils traversent la frontière quand même — pour les « inciter » à repartir.
Elle explique notamment comment des outils de la police judiciaire tels que la garde à vue et la rétention ont été détournés par l’administration, mais aussi comment les lois servent plus souvent à conférer un semblant de cadre aux pratiques policières les plus arbitraires et brutales qu’à renforcer les droits des étrangers. Dans notre mal nommé « Etat de droit », l’exécutif, quasiment affranchi de toute contrainte légale digne de ce nom, a en effet toute latitude pour faire le « sale boulot » : trier, contrôler, précariser mais aussi arrêter, enfermer, détruire, humilier, expulser.
Laura RAIM
5 réponses à “Carte blanche : l’Etat contre les étrangers”
Intéressants rappels historiques sur la construction (fluctuante) de la notion de citoyenneté / francité / nationalité.
Il aurait été utile de rappeler la définition de la citoyenneté de la Constitution du 24 juin 1793, chère à Frédéric Lordon : » Tout homme né et domicilié en France, âgé de 21 ans accomplis ; tout étranger âgé de 21 ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard ; tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité ; est admis à l’exercice des Droits de citoyen français. »
Cependant j’aurais vraiment aimé que Karine Parrot réponde sans botter en touche aux « objections » de Laura Raim qui me paraissent légitimes quant à la légitimité (ou non) d’un contrôle démocratique des flux migratoires. Cette question me paraît essentielle. Et à ma connaissance, aucun Etat au monde (y compris le « gentil » Canada) n’exerce aucun contrôle des flux migratoires sur son territoire.
Reste que la description de l’inhumanité et de l’absurdité sans nom de la machine administrative à trier mais surtout à exclure est implacable.
Dès lors, y a-t-il une autre solution que la liberté d’installation ?
Excellente émission.
Merci, Karine Parrot montre bien comment, malgré un vernis juridique bien lisse et bien glacé, tout cela fait système pour se débarrasser méthodiquement de ces personnes réfugiées.
Excellent entretien. Au passage qui évoque les européens qui n’ont pas besoin de visas pour entrer en France, il y avait l’opportunité d’évoquer la situation des Roms. Beaucoup pensent qu’ils sont en situation irrégulière mais ce n’est pas le cas et leur sort n’est pas plus enviable que celui des étrangers hors Schengen. Merci encore pour ce salutaire exposé.
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