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Nazisme et management

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Les start-up les plus en pointe de la Silicon Valley qui font appel à des chief happiness officers pour organiser des courses de drones, du karting, et des dégustations de bières avec leurs salariés n’ont rien inventé. Avant eux, les Nazis avaient réfléchi à l’importance de motiver les employés et de susciter leur adhésion. Dans Libres d’obéir, le management du nazisme à aujourd’hui ( Gallimard ), Johann Chapoutot décrit l’organisation Kraft Durch Freude, la « Force par la Joie », qu’il compare à « un immense comité d’entreprise à l’échelle du Reich tout entier » et qui avait pour fonction de rendre l’entreprise ou l’usine agréable et ergonomique, et de proposer des croisières ou d’autres loisirs, afin de maximiser le consentement et la performance des travailleurs .
Non, l’historien ne dit pas que le management est un truc de nazi. Mais quand même, il dit que le IIIe reich a été un grand « moment managérial », les circonstances politiques liées à l’expansion du territoire ayant obligé les juristes à penser la conduite des hommes pour faire mieux avec moins. Or ces mêmes juristes nazis ont recyclé après la guerre leurs réflexions sur l’organisation du travail dans des théories du management qui se sont avérées parfaitement compatibles avec le modèle ordolibéral adopté par l’Allemagne pour sa reconstruction.
Johann Chapoutot ne compare pas le nazisme et le management néolibéral, il établit une continuité historique directe pour le moins troublante. Toute la question est de savoir quelles conclusions pertinentes on peut en tirer.
Laura RAIM
4 réponses à “Nazisme et management”
La description d’une telle société me fait penser à un univers de termites (espèce n’ayant subi aucune évolution depuis 150 millions d’années)chacun identique à l’autre et voué à travailler sans relâche jusqu’à sa mort et remplacé sans état d’âme !!
Merci beaucoup. J’avais déjà entendu J. Chapoutot parler de son livre dans deux émissions de France Culture, mais j’ai tout de même suivi cet entretien avec beaucoup d’intérêt, parce qu’il était particulièrement riche, notamment grâce aux questions de Laura Raïm.
Johann Chapoutot et son livre « Libre d obéir »; Est ce un symptôme salutaire, un ovni du à l’air du temps par ces temps de grands troubles Macronistes et ses effets délétères du néo libéralisme? D autres lectures convergent dans ce sens, « La fabrique des imposteurs » de Roland Gori « Happycratie » » les marchandises émotionnelles » de Eva Illouz « La société ingouvernable » de Grégoire Chamayou « Pour un humanisme vital » de Frédéric Worms « Les lois scélérates » de Raphaël Kemp et bien d autres encore… Monde déshumanisé, monde instrumentalisé, monde lobotomisé, comment sortir de cette servitude volontaire. Laura je compte sur vous pour nous trouver des interlocuteurs géniaux qui trouverons un mode d emploi vers un autre management bien sûr mais surtout, une autre transition écologico/sociale viable.
Vraiment un super entretien, très intéressant. J’ai appris plein de choses, merci beaucoup.
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