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Histoire critique de l’antispécisme

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L’antispécisme est un mouvement qui lutte contre la domination des humains sur les autres animaux ou, plus précisément, sur les êtres dits « sentients », c’est-à-dire capables de ressentir de la douleur. La lutte contre l’exploitation des animaux va au-delà du véganisme, qui se limite à un mode de vie individuel. Les antispécistes ont des objectifs politiques : la fin de l’élevage (industriel ou non), des zoos, des expérimentations médicales sur les animaux. Ils mènent des actions directes. Il leur arrive par exemple de filmer l’intérieur des abattoirs afin de révéler au grand public l’horreur qui y sévit, de s’en prendre aux vitrines de boucheries ou de libérer des animaux d’élevage pour leur offrir ensuite un sanctuaire refuge.
Aux origines, c’est-à-dire au XIXe siècle, l’antispécisme avait des liens forts avec l’anarchisme et avec une partie de la tradition socialiste. Aujourd’hui, pourtant, la gauche et l’antispécisme sont loin d’avoir des rapports harmonieux. Il existe certes des antispécistes qui sont également anticapitalistes, antisexistes et antiracistes. Ils tiennent à articuler ces différentes luttes, et la prise en compte de la cause animale déplace notre regard sur de nombreux sujets. Mais l’antispécisme s’accompagne aussi parfois d’un fond islamophobe ou d’une comparaison douteuse entre les abattoirs et les camps de la mort.
Pour y voir plus clair sur ce mouvement politique, son projet de société, ses différents courants et le profil de ses militants, je reçois cette semaine l’historien Jérôme Segal, auteur d’un ouvrage érudit et passionnant : Animal radical. Histoire et sociologie de l’antispécisme (Lux, 2020).
Bon visionnage !
Manuel Cervera-Marzal
6 réponses à “Histoire critique de l’antispécisme”
Toujours l’ambivalence, qu’on retrouve partout : la maladie humaine du sujet divisé de l’inconscient…
AIMER de Jacques PRÉVERT.
Tu dis que tu aimes la pluie,
et tu fermes la fenêtre.Tu dis que tu aimes les fleurs,
et tu leurs coupes la queue.Tu dis que tu aimes les poissons,
et tu les pêches
et tu les manges.Alors quand tu dis que tu m’aimes,
j’ai un peu peur.Merci pour cet entretien passionnant (comme toujours ou presque).
« Histoire critique de l’antispécisme »
C’était à quel moment de l’entretien le « critique »?Merci pour cet entretien sur un sujet si longtemps méprisé. Échange passionnant, avec beaucoup de questions abordées. Hâte qu’il y a en ait un autre, qui pourraient par exemple creuser les liens avec l’anarchisme, le relativisme, l’agnosticisme…
Témoignage :
Enfant, je ne connaissais pas ce mot « anti-spécisme ». Comment un mot pourrait-il exister pour cette chose aussi ridicule, et aussi ignoble.
J’ai donc appris très tôt à refouler mon « anti-spécisme ». Cela fait un bien immense de voir qu’aujourd’hui, on peut en parler librement et avec force.« Que faire, quand je suis contraint de choisir entre un tel et un tel ? »
La question se posait dès qu’il fallait se nourrir, et nos conditions de vie me semblaient alors d’une cruelle absurdité.
Mais heureusement, je ne me souviens pas avoir été tenté de dévaloriser l’autre : en dernière analyse, sur quoi auraient tenu ces valeurs ?
Non, je préférais m’en tenir, dans ces cas d’extrême nécessité, à condamner ceux qui me semblaient les plus loin de moi, sans haine, avec le respect dû.Merci encore Jérôme Ségal et Manuel pour votre travail.
Les bactéries font partie du règne animal ??? Il va falloir revoir ses cours de biologie 😉
Ca n’enlève rien à l’intérêt de l’entretien.Très bonne émission. Merci à Manuel pour ces questions pertinentes et merci à Jérôme pour cette érudition claire et tranquille sous un angle qui ne cache pas ses convictions et qui m’a permis de mettre un peu d’ordre dans mes pensées (la distinction entre végan et anti-spécisme par exemple). Je suis végétarien depuis 6 mois enfin plutôt « flexitarien » car la position culturelle des végétariens me pose problème encore. Sur le chemin de Compostelle dans la Creuse à un gite étape j’ai été invité chez un Anglais au repas du soir, et… je n’ai pas osé refuser le poulet qu’il avait préparé pour moi tout seul. Bien sûr je n’ai pris qu’un petit morceau mais le l’ai senti déçu en n’en reprenant pas. Je ne mange donc plus de viande ni de poisson surtout avec les gens qui me connaissent et les viandards anonymes ( il faut juste assumer la provocation et l’ironie )sauf exceptionnellement pour les cas de figures comme celui qui m’est arrivé cet été. C’est juste pour être civil car j’ai besoin de penser qu’on peut marquer sa différence tout en restant courtois.
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