Les habits neufs de la domination masculine

avec Haude RIVOAL
publiée le
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animée par Manuel CERVERA-MARZAL

« Check tes privilèges » (en tant qu’homme, en tant que blanc). La formule s’est répandue dans les milieux politisés. Je lisais récemment un texte intéressant, qui reproche à ladite formule d’individualiser et de moraliser la nécessaire critique de la domination patriarcale et de la domination blanche. Modifier nos comportements ou s’attaquer aux structures ? Changer la vie ou changer le monde ? Marx ou Rimbaud ? Vous connaissez le débat.

Personnellement, j’en suis venu à l’idée, assez banale, que ces oppositions binaires étaient inopérantes. Les structures existent, évidemment. Mais, comme le dit un célèbre graffiti de mai 68, elles « ne descendent pas dans la rue ». On peut couper l’eau du robinet et dénoncer la gigantesque gabegie aquatique commise par la grande industrie. On peut faire attention aux mots qu’on utilise et à la façon dont on se comporte en couple tout en s’engageant dans des combats collectifs et dans une critique structurelle des rapports de domination.

A la lecture du livre de mon invitée, la sociologue Haude Rivoal, j’en ressors plus convaincu que jamais : ces oppositions sont intellectuellement bancales et politiquement néfastes. Le patriarcat est une domination massive et brutale des hommes sur les femmes qui se met en place dès les premiers jours du nourrisson, et qui se consolide avec une efficacité redoutable dès ses premières années, au sein de la famille puis de l’école. Il n’en reste pas moins qu’une fois devenus adultes, lorsque jeunes hommes et jeunes femmes intègrent le monde du travail, la domination des premiers sur les secondes est chaque jour rejouée, performée, testée, aménagée, adaptée, déplacée, contestée, réaffirmée. D’où l’importance, pour reprendre le titre de l’ouvrage de mon invitée, d’étudier La fabrique des masculinités au travail.

On entend beaucoup que la masculinité est en crise, que le marché du travail s’est féminisé, que l’égalité professionnelle constitue une préoccupation majeure des pouvoirs publics et des directions d’entreprise. Il n’en est pourtant rien. Ou du moins : il n’en est pas grand chose. Si la domination des hommes se transforme, c’est pour mieux se perpétuer. Afin de comprendre les ressorts de cette perpétuation, Haude Rivoal a mené une enquête en immersion au sein de l’une des principales entreprises de transport français. Elle vient nous en livrer les résultats.

Bon visionnage !

Manuel CERVERA-MARZAL

Durée 70 min.

9 réponses à “Les habits neufs de la domination masculine”

  1. Pascal

    Ce matin je suis tombé sur un article un peu long du Monde qui revenait sur la dépénalisation de l’homosexualité en 1982. Il était étrange que l’auteur trouve le moyen d’écrire un paragraphe entier sur Mélenchon pour en dire du mal, sur un sujet pareil… Ainsi Mélenchon aurait trouvé « petit bourgeois » que les homos veuillent dépénaliser leurs mœurs.

    Puis quelques minutes plus tard, je tombe sur un extrait de la dernière émission d’Arrêt sur image à propos de cette énorme connerie de Primaire populaire. Dans cet extrait de 5 minutes, on charge LFI à mort, puis on donne la parole à une intervenante sur le plateau (par ailleurs ayant bossée pour Macaron) afin qu’elle déroule son raisonnement implacable à propos de cette indispensable union de la gauche — parce qu’il y a urgence nous dit-elle (urgence surtout d’empêcher Mélenchon). Puis l’extrait s’arrête là-dessus. Je résume : 30 secondes d’introduction, 4 minutes de Mélenchon bashing et 30 secondes de justification de la Primaire — rien d’autre. La façon dont Schneidermann donne la pâtée à son public est renversante, on dirait du Plenel qui en 2017 faisait à la fois la promo de Macron et du Mélenchon bashing dans son journal parce qu’avec Macron ses petites affaires s’annonçaient meilleures (JLM avait prévenu, « cracher du sang »).

    Enfin je tombe, ici même, sur Manuel Cervera Marzal et inévitablement je pense à son bouquin notoirement anti-LFI.

    J’implose.

    Et aujourd’hui donc, je me dis que tous ces gens me gonflent, grave, et que c’est une bonne raison (de plus) de voter Mélenchon. A ce train là, les Manuel Cervera Marzal, Daniel Schneidermann et autres journalistes du Monde pourront choisir entre Macaron et Pécresse. Vive la presse libre.

  2. titou

    Pascal: Arrêtez de vous faire du mal ! ne lisez plus l’immonde, n’achetez plus les livres de MCM. Tout cela est la même face de la même pièce.Comme arrêt sur images ce sont des éléments de la petite bourgeoisie qui n’a qu’une conscience politique inaboutie et frelatée par l’impérialisme dominant (US).Concernant MCM , je lui conseille de travailler le tantra , cela lui permettra , espérons le , de pouvoir accéder à la jouissance de parties de son corps inexplorées… et aussi d’étudier un peu mieux la géopolitique qui dirige le Monde.

  3. Pascal

    « Examiner les limites d’une aventure politique n’est pas la condamner » il est vrai que nous avons un choix énorme, alors pourquoi se priver de dire un peu de mal, « examiner » les faits et gestes de LFI, qui aurait le défaut de ne pas être absolument parfait, qui aurait le défaut de s’emporter, de se prendre pour la République, comme on dit sur les chaînes de Bolloré and Co.

    Il est important que Hors Série apporte sa pierre à l’édifice, lui aussi, comme les grands. Même les « artistes », 114 !, s’y mettent, Charles Berling ou encore Juliette Binoche… La Culture comme disent certains. Juliette et ses sublimes boucles d’oreilles Van Cleef & Arpels, nos bohèmes qui se métamorphosent en bourgeois dès leur premier million au box-office.

    La rupture qu’il propose, la constituante, toussa toussa, faut voir, « examiner » vous dites. Y faut peser, le pour, le contre, sans oublier le ni pour ni contre bien au contraire, parce que dans cette élection, nous avons une multitude de choix « à gauche », même celui de ne pas voter et de donner sa voix à ceux d’en face. Plutôt crever Judith.

    Quand on voit la machine médiatique industrielle contre Mélenchon, pourquoi ne pas chatouiller le goujon et se joindre au truc vous aussi, rejoindre la meute des Demorand, Salamé, Ruquier et les mille autres (quoi ? ça pique Judith ? vous ne vous voyez pas là où je vous mets ?). Nous sommes cernés, mais l’important c’est de rester éveillés, et de ne pas se faire avoir par Mélenchon. Eh bien je vous le dis Judith, la situation est tellement sordide (je pense à ceux qui ont perdu un œil, aux CRS masqués de tête de mort qui frappent, à celui qui dit ouvertement qu’il emmerde les antivax, etc.) que quitte à me faire avoir, une fois de plus, je préférerais avoir essayé, essayé en votant Mélenchon. Quitte à me prendre une baffe dont je vais mettre du temps à me relever.

    Il est donc primordial d’examiner le Mélenchon sous toutes les coutures, pour voir, pour rester lucide, pour ne pas être dupe, au cas où. Parce qu’il ne faut pas se planter, hein, imaginez : vous votez Mélenchon à la présidentielle, alors qu’il y a Jadot, Hidalgo, Taubira, etc… (on a du mal à choisir), mais la « gauche » qui proposait de stopper Western Union nous a quittée. Vraiment la décision est ultra difficile, tellement difficile qu’il faut faire une série d’émissions sur le programme de Mélenchon — pour voir s’il tient la route. Pour « examiner » !

    Mais je vous aime bien Judith, hein, j’vous aime bien.

  4. Maunoir Charbonnel

    Je viens de voir les 6 premiers commentaires. C ‘est quoi ça ce Boudiboulga qui sent le règlement de compte. que vient faire Mélanchon dans cette soupe. On se calme la…

  5. Pascal

    @Maunoir Charbonnel : Gloubi-boulga, et surtout, mais alors surtout Mélenchon.

  6. Pascal

    @Pierre : si je peux me permettre votre commentaire est intéressant, mais part un peu dans tous les sens… Qui vous met la pression ? Mon commentaire ? Si c’est le cas, il ne vous faut pas grand-chose. Sinon, non, je ne devine pas… Vous seriez capable de ne pas voter pour Mélenchon, alors que vous vous êtes inscrit pour voter pour lui ? Qui vous traite de petit bourgeois ? j’suis complètement largué.

    Ma tendance au « chipotage » comme vous dites, c’est que je fais le constat que même Hors-série diffuse des messages négatifs à propos de Mélenchon. Et d’ailleurs j’en profite pour glisser ici que Manuel Cervera Marzal ne sait pas exprimé que dans Hors-Série face à Judith.

    J’ajouterais que si Judith/Hors-série estime qu’il faut rester lucide et examiner Mélenchon et son programme, je ne suis pas certain que cette façon de voir soit partagée par l’ensemble des médias qui ont invité Manuel Cervera Marzal… Je poserais même l’hypothèse que si Manuel Cervera Marzal avait fait par exemple un bouquin sur PCF et Roussel, il n’aurait pas été invité. Merci de me dire pourquoi les médias l’ont invité, pour comprendre ce que je lui reproche…

    Oui, Judith et Salamé sont des personnes médiatiques et donc ont toutes deux un pouvoir de prescription sur ceux qui les écoutent, même si je mesure bien évidemment la différence entre les deux, et aussi entre France Inter et Hors-Série…

    Mais ce que je note avant tout c’est que des personnalités de Hors-Série, sur Hors-Série et d’autres médias, critiquent Mélenchon comme le fait Salamé, même si les deux ne disent pas exactement les mêmes choses, n’ont ni le même auditoire ni le même objectif. Que Salamé soit critique Mélenchon, c’est hélas le jeu de nos médias dominants, mais que des gens de Hors-série le fasse aussi je ne le comprends pas et j’ai même tendance à m’en plaindre, ici même ! Le comportement de Salamé s’explique du fait que c’est une macroniste (ou autre, mais en tout cas pas une mélenchoniste), alors qu’à Hors-série on s’attend à une forme d’effacement pour une cause commune. Il y a tellement de choses à critiquer en face, est-ce que Valeurs Actuelles critique Zemmour ? Ben non hein.

    Et à mon sens cet effacement pour la cause est rendu plus facile du fait que si on regarde les candidats, d’où nous sommes, il ne devrait pas y avoir d’hésitation pour voter Mélenchon et personne d’autre. De fait, il ne s’agit donc plus in fine de sacrifier quoi que ce soit pour la cause, quand ladite cause n’est représentée que par Mélenchon et que ce dernier a besoin de tout le monde pour réussir (ceci d’autant plus que Judith et vous-même dites vouloir voter pour LFI).

    Enfin à votre question « Pourquoi ne pas aller emmerder les gens véritablement cyniques et dépolitisés Pascal ? », d’abord je cale un poil sur le mot « emmerder », qui ne nous appartient plus, vous auriez pu en choisir un autre. D’autre part, vous pouvez me demander d’aller voir ailleurs… Mais mon commentaire visait juste à convaincre ceux de mon camp de ne pas jouer contre.

  7. Mingtian

    Merci pour cette émission, qui donne très envie de lire l’ouvrage d’Haude Rivoal.

  8. VERONIQUE SONIER_1

    merci beaucoup !

  9. Alex H.

    Le partage des richesses c’est ça le fond du problème. Sans parler du fait que le fonctionnement de nôtre système socio-économique repose sur l’exploitation des faiblesses, des vices et des espoirs de l’homme dans le but de générer un profit pour ce même homme. On se demande bien comment un plan si parfait peut échouer lol.

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