La culture, vitrine stratégique d'Israël
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Eyal Sivan
Laura Raim
« Comment peut-on se dire éclairé, démocrate, et vouloir boycotter le savoir, la recherche, la culture, la création, la créativité? » faisait mine de s’interroger Manuel Valls en mai dernier, au cours d’une visite à Tel Aviv. Evidemment c’est impossible : et l’ex-premier ministre est en mesure de révéler ce qui se cache vraiment derrière l’appel palestinien au boycott universitaire et culturel d’Israël : « non seulement la contestation, mais aussi la détestation de l’Etat d’Israël, la détestation d’un foyer juif, et donc des Juifs dans leur ensemble ».
Eclairé et démocrate, Eyal Sivan est pourtant aussi un ardent défenseur du mouvement BDS ( Boycott Désinvestissement Sanction) et notamment de son volet culturel. Dans Un Boycott légitime, Pour le BDS universitaire et culturel de l’Etat d’Israël, un essai co-écrit avec Armelle Laborie et paru aux Editions La Fabrique, le documentariste israélien réfute un à un les arguments visant à « déligitimer les déligitimateurs ». Loin d’être un espace progressiste de réflexion critique et de dialogue avec l’autre, qui devrait échapper à ce titre aux querelles politiques, la culture intellectuelle et artistique israélienne reflète et perpétue les dominations sociales et coloniales qui structurent le pays. Surtout, cette culture est activement façonnée et instrumentalisée par des pouvoirs publics hautement conscients de sa valeur stratégique.