On a raison de se révolter
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Gérard Noiriel
Laura Raim
L’histoire populaire de la France de Gérard Noiriel (Agone) n’est pas une histoire des « classes populaires » en France. Ce n’est pas non plus l’histoire racontée du point de vue des vaincus, un projet « accaparé par les porte-parole des minorités (religieuses, raciales, sexuelles) pour alimenter des histoires féministes, multiculturalistes ou postcoloniales, qui ont contribué à marginaliser l’histoire des classes populaires », tranche dès les premières pages l’historien de la classe ouvrière. Pionnier sur la question de l’immigration mais farouche opposant aux logiques mémorielles et identitaires qui parasitent selon lui les discours actuels, Noiriel a toujours veillé à détacher la question de l’immigration de la question coloniale, les migrations étant depuis toujours une dimension essentielle de l'histoire des classes populaires. « Ce qui permet d’affirmer le caractère « populaire » de l’histoire de France, c’est le lien social, c’est-à-dire les relations qui se sont nouées au cours du temps entre des millions d’individus assujettis à un même État depuis le XVe siècle, et grâce auxquelles a pu se construire un « nous » Français », précise encore ce grand penseur de l’Etat, de la citoyenneté et de la nationalité. Déployant son récit de la Guerre de Cent à ans jusqu’à nos jours, ce fondateur de la socio-histoire nous permet de retracer la genèse des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, avec la rigueur scientifique du chercheur et l'engagement du révolté.
Laura RAIM