La révolution communiste

avec Alain BADIOU
publiée le
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animée par Manuel CERVERA-MARZAL

Pendant un siècle et demi, la lutte contre le capitalisme était synonyme d’horizon communiste. Désormais, nombreux sont ceux qui se réclament de l’anticapitalisme sans se reconnaître dans le communisme. A cette idée jugée obsolète, ils préfèrent celles de communs, d’écosocialisme, d’autonomie ou simplement d’émancipation. Alain Badiou ne partage pas ce scepticisme. Il appelle de ses vœux une révolution communiste s’inscrivant dans le prolongement direct des évènements d’octobre 1917 en Russie et de janvier 1967 en Chine.

Dans son dernier ouvrage, Petrograd, Shanghaï (La Fabrique, 2018), le philosophe de renommée internationale revient sur ces deux révolutions, qu’il considère comme les plus importantes du siècle passé. Il s’attaque au discours réactionnaire qui trace un trait d’union entre révolution et totalitarisme. Plus encore, il examine les conditions de possibilité d’une révolution victorieuse : comment trouver un équilibre entre spontanéité des masses et avant-garde partisane ? Le travail d’historien ne prend sens qu’à condition d’éclairer notre présent. Badiou exhume la révolution culturelle chinoise afin que ce « dramatique échec » nourrisse une réflexion renouvelée sur l’action politique.

A la différence d’un certain nombre de penseurs critiques, qui excellent dans la spéculation métaphysique en évitant soigneusement de prendre position sur les questions pratiques, Alain Badiou n’esquive pas les difficultés. Au risque de froisser les esprits libertaires comme le mien, il défend la nécessaire existence de leaders, il pose un regard compréhensif sur le culte de la personnalité de Mao, il assume la violence inhérente aux soulèvements de masse, il souligne la virtuosité politique de Lénine et il fait part de réserves à l’égard de l’idée démocratique. Autant de sujets dont nous avons discuté.

Le livre d’Alain Badiou m’a donné une riche matière à penser. J’espère que cet entretien vous en fournira tout autant. Bon visionnage !

Manuel Cervera-Marzal

Durée 74 min.

3 réponses à “La révolution communiste”

  1. Jean-Philippe Barbier

    Un échange passionnant : le regard croisé sur l’histoire, la philosophie et la politique du néolithique à Mao, les perspectives des révolutions manquées, beaucoup de choses à (re)penser, un retour salvateur sur des époques pas si méprisables, etc. Une émission que je vais m’empresser de revoir!

  2. J. Grau

    Merci pour cet entretien effectivement passionnant.

    Je ne suis pas historien et je ne peux donc pas juger des faits évoqués par Alain Badiou, mais je me demande s’il n’a pas tendance à idéaliser Lénine et Mao, comme si c’étaient deux braves types qui auraient eu plein de bonnes intentions mais auraient été impuissants par rapport à des forces historiques qui les dépassaient. Par contre, il est assez lucide sur les dérives inévitables d’une révolution qui installe un parti unique aux commandes de l’État.

  3. Dominique L

    Entretien passionnant.
    Pourtant la révolution culturelle chinoise par Mao, impose une condamnation de toutes les cultures du monde à l’exception du petit livre rouge et amène les citoyens à se condamner eux même, y compris en famille, dès qu’une pensée critique est énoncée.
    Il faut lire le livre de Zhu Xiao-Mei pianiste chinoise, »La rivière et son secret » pour comprendre l’échec assurée d’une telle « révolution ».
    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Rivi%C3%A8re_et_son_secret,_des_camps_de_Mao_%C3%A0_Jean-S%C3%A9bastien_Bach
    A. Badiou pose la question du mot « démocratie ». Mais faire silence sur ce côté totalitaire, dès le départ, de la révolution de Mao, me surprend énormément.
    Du coup, je ne vois pas qu’une telle révolution soit souhaitable. Et pourtant je déteste le système économique qui nous gouverne.

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