Culture populaire, culture de masse

avec Pacôme THIELLEMENT
publiée le
animée par Maja NESKOVIC

Une des premières fois où j’ai vu la tête de Pacôme Thiellement, c’était sur un plateau télé. Il expliquait, devant une Nadine Morano médusée, qu’il ne fallait pas s’inquiéter outre mesure des apéros géants Facebook, parce que le monde était entré dans une phase de dissolution et que, selon la trimurti indienne, nous devions considérer cette pédiode destructrice comme quelque chose de très positif… Nadine Morano, avait vainement essayé de dissimuler son effroi en hochant la tête, et avait fini par conclure quelque chose du genre : « Oui, mais il faut que ce soit encadré !».

J’avais bien rigolé.

J’ai découvert par la suite, qu’en plus de répandre la parole apocalyptique dans mon poste de télévision, Pacôme Thiellement se livrait à un tas d’autres activités tout à fait passionnantes. Certains d’entre vous connaissent déjà sûrement son goût pour l’exégèse des séries télé et notamment celles de Lost ou de Twin Peaks. D’autres ont peut-être eu vent de sa passion pour Frank Zappa, Elvis, ou les Residents. Mais ce qu’il y a de bien avec Pacôme, c’est qu’on peut parfaitement avoir avec lui des discussions vraiment stimulantes, sans pour autant avoir vu tous les épisodes de Lost, ni tous les films de Jacques Rivette, ni connaître par cœur l’ensemble du Corpus Hermeticus ou l’intégralité de l’œuvre de Killofer. Cette heure et quelque passée ensemble n’aura permis d’aborder qu’une toute petite partie des thèmes qui lui sont chers. Il les a d’ailleurs récemment regroupés dans un gros livre intitulé Pop Yoga, qui aurait pu faire une excellente idée cadeau pour Noël. Sauf que Pacôme Thiellement déteste Noël, il préfère Carnaval. Mais je me suis dit qu’un moment avec lui nous aiderait sûrement à faire passer la dinde, le foie gras et tous les autres trucs indigestes qu’on a dû avaler cette année… Bonnes fêtes !

Maja NESKOVIC

Durée 88 min.
  • Commentaires

8 réponses à “Culture populaire, culture de masse”

  1. Abracadabra

    En tout cas une émission qui donne le sourire. Merci !

  2. Baptiste GAUBERT

    Parfait!

  3. Daniel Ristic

    Très intéressante émission !

    Pour ceux qui en redemanderaient il y a aussi l’excellente interview de lui dans la défunte émission d’arrêts sur images « Au prochain épisode » visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=-Ox0hm9r3Z0

  4. gomine

    « chaque oeuvre a besoin de toi, profondément, a besoin de ton regard à toi pour se constituer », tellement juste ! Tellement plus intéressant, toujours, pour les significations (plurielles) d’une oeuvre d’aller chercher du côté de sa réception plutôt que du côté de l’intention.
    ça fait du bien, cette rencontre,
    puis aussi : parfois il y a une belle lumière sur Maja.

  5. gomine

    @ cyrilkenyatta : c’est vrai…, peut-être est-ce une contradiction de sa part, je ne sais pas. En tous cas concernant l’exégèse, mettre en avant la réception, ce n’est pas forcément ignorer l’intention des auteurs ou producteurs, plutôt valoriser affirmer l’intelligence du regard, l’intelligence des spectateurs (ce que ne font pas les producteurs de la culture supposée de masse) et laisser chacun d’entre nous, peut être éternels commentateurs mais aussi co-créateurs, co-producteurs du sens des oeuvres. Je trouve que ça fait du bien ce genre de discours, qui est l’anti cynisme, qui ne prend pas les gens pour des cons consommateurs.

  6. David

    Entretien très intéressant. La référence à Poe pour contrer l’argument qu’une littérature anxiogène ne mène pas forcément à une vision sécuritaire du monde me semble assez mal choisie : Poe à l’instar de Lovecraft était conservateur voire réactionnaire sur le plan politique. Plus adapté me semblerait l’exemple de Stephen King, producteur d’une littérature anxiogène au même titre que Poe mais progressiste sur le plan politique, notamment dans son engagement contre la vente des armes à feu.

    Pour ce qui est de l’opposition entre séries françaises formatées et relativement inintéressantes et des séries américaines plus ambitieuses, il me semble qu’on ne peut faire l’impasse sur la compréhension des structures économiques de production parfaitement analysées par Sébastien Martel dans Mainstream. A un système centralisé à la française, versant culturel du jacobinisme, où les décisions viennent d’en haut, s’oppose une politique américaine de sous-traitance où les grands studios n’ont plus une politique de création mais se contentent d’un rôle de producteur et de diffuseur. Force est de constater également que le marché n’est pas le même et que les prises de risque ne sont pas du même ordre dans les deux pays. Pour que les conditions de production soient équivalentes, il faudrait considérer les créations culturelles non plus à l’échelle de la France, mais à celle de l’Europe. Ce qui, comme pour l’aspect politique, n’est pas encore fait.

  7. gomine

    tout ceci donne vraiment envie d’une 6ième émission récurrente (on peut rêver) : Dans la série ! Besoin d’analyses, d’entretiens, de réflexions autour de ce qui apparaît de plus en plus comme un des arts importants de notre époque.

  8. Paul Claudel

    Deux remarques à la suite de cet entretien passionnant:
    – Il me semble que le thème proposé a très vite disparu au profit d’une analyse de la production et du contenu des séries télé. Culture populaire-culture élitiste-culture de masse, j’aurais aimé entendre Thiellement sur ce point un peu plus longuement. La démocratisation culturelle (l’accès pour tous à la création artistique) enclenchée depuis Malraux a bénéficié aux classes moyennes supérieures; la petite bourgeoisie et les classes populaires restent oubliées, soumises au seul matraquage de la communication (c’est l’essentiel de la politique culturelle d’aujourd’hui).

    – De plus en plus fleurissent des émissions dites de plateau (ça coûte bien moins cher en ces temps de disettes budgétaires!): quelques personnes de bonne compagnie devisent agréablement de sujets d’actualités,font de la promotion, plaisantent, se coupent la parole, s’interpellent, souvent de façon allusive.. Au mieux le spectateur entend et comprend une petite moitié des propos échangés sur le plateau; pour le reste il est voyeur! Certes ces émissions font de l’audience, mais il me semble(la remarque vaut pour ASI à certains moments un peu chauds!)dommage que le spectateur soit parfois absent du débat. C’est le rôle de l’animatrice de l’y maintenir constamment.
    En toute amitié, continuez ce travail essentiel.

    Claudo43

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