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Free Jazz Woman Power

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Pour cette deuxième émission de Diagonale sonore, j’ai voulu rencontrer la contrebassiste Joëlle Léandre. Enfant du free jazz, grande dame de l’improvisation libre, figure historique et internationale des « musiques créatives », Joëlle Léandre n’a pas sa langue dans sa poche. Témoignant de 40 ans d’histoire du jazz et de la musique contemporaine, forte de ses très nombreuses collaborations avec ceux qui l’ont faite comme elle est, de John Cage à Anthony Braxton en passant par le trio Les Diaboliques, elle est en colère contre les institutions pédagogiques, les catégories, les immobilismes… bref, tout ce qui empêche la musique d’être elle-même et les musicien.ne.s de trouver leur voix/voie. Car c’est de cela qu’il s’agit : trouver son son, développer son identité sonore, être soi le plus possible, et cela, paradoxalement, à travers la rencontre avec l’autre, au présent, dans une démarche à la fois poétique et politique.
For this second issue of Diagonale sonore, I cared to meet double bass player Joëlle Léandre. Being a child of free jazz, a great lady of free improvisation, and a historical and international figure of “creative music”, Joëlle Léandre is never at a loss for words. She has gone through 40 years of jazz and contemporary music history, and worked with many counterparts who made her as she is, from John Cage to Anthony Braxton and the Diaboliques trio, and she is angry at pedagogical institutions, categories, do-nothingness… that is, everything that keeps music from being itself and musicians to find their (inner) path. For this is it: finding one’s sound, developing one’s musical identity, being as oneself as possible, and this, paradoxically, through encountering an other, in the moment, in a both poetic and political journey.
Les fragments cinématographiques qui figurent dans cet entretien sont extraits du film Joëlle Léandre Basse continue, réalisé en 2008 par Christine Baudillon, produit et édité par Hors Œil éditions.
Raphaëlle TCHAMITCHIAN
7 réponses à “Free Jazz Woman Power”
Quelle belle découverte !
Ne connaissant rien à la musique, j’abordais cette émission sans conviction. Et voilà : un entretien tout en finesse, que j’ai vécu comme une ouverture vers la création à l’état brut et la liberté d’être.
Merci à toutes les deux !Quel bon moment!
Mercimerci, quelle belle personne, quelle énergie
Mais où est passée la « vraie critique » vantée au fronton de ce site ?
Joëlle Léandre répète pour la millième fois la rhétorique moutonnière et paresseuse dont elle a fait son fond de commerce depuis longtemps, et à aucun moment elle ne reçoit la moindre contradiction, pas même une question qui la pousserait un peu dans ses retranchements.
Faut-il tenir pour acquis qu’on doive considérer la musique seulement comme une métaphore des rapports de domination (un compositeur, un chef d’orchestre = un autocrate) ? Cela n’est jamais questionné, pas plus que n’est questionnée (mais cela supposerait de rentrer dans la musique concrètement) la soi-disant « liberté » dont ferait preuve la contrebassiste, et qui n’est jamais fondée sur autre chose que cette métaphore acquise : je joue sans partition, sans structure harmonique, sans forcément de continuité rythmique ou pulsatoire, sans scénario même oralement fixé avec les collègues, donc je suis libre (et je vous emmerde). Vertiges de la pensée ! Retourner cette « réflexion » ingénue fait de suite apparaitre son inconsistance. Louis Amrstrong, Charlie Parker, Thelonious Monk et consorts, tous ceux là n’étaient que des esclaves, vendus à leurs grilles de douze mesures, à leurs standards de Broadway à peine remaquillés, à leur chabada-chabada amélioré mais sempiternel. Et que dire de Jean-Sébastien Bach, qui est allé maintes fois jusqu’à s’emprisonner de son plein gré dans le carcan des fugues et des canons… Bref,cette logique métaphorique est inepte et malhonnête. Il y a des musiques libres (les variations Goldberg de Bach en sont pour moi l’un des exemples les plus sidérants de l’histoire) et des musiques banales et attendues (on les trouve tout aussi bien chez de mauvais compositeurs [ou de bons dans un mauvais jour] que chez les « révolutionnaires » autoproclamé(e)s comme JL – qui n’est pas si souvent exempte des stéréotypes les plus éculés, fussent-ils ceux de la musique dite « libre » ou, pire, « créative »). Mais il n’y a pas de musiciens libres a priori. Et surtout pas sur une déclaration. On n’est libre que dans le corps à corps avec la matière musicale (quelle qu’elle soit).
Enfin, on aurait aimé que soit questionnée avec pugnacité la vision incroyablement réactionnaire de l’invitée sur un prétendu « naturel » de la musique. Ah, ces compositeurs, qui ont volé la vedette et réduit à néant la visibilité des instrumentistes – réduits au rang d’exécutants. Alors que l’instrumentiste, il est plus « naturel », et à ce titre il semble valoir mieux que tous les autres. Comment peut-on écouter sans broncher une pareille pensée de droite, appliquée à la musique ? Car où faudrait-il faire remonter le « naturel » ? La lyre d’Apollon corrompait-elle déjà le « naturel » de l’homme-musicien ? Depuis quand faut-il déplorer que le musicien qui joue, comme celui qui écrit, pense ? Et qu’est-ce qui autorise à décréter qu’il est « mal » qu’un musicien puisse parfois penser une musique pour d’autres, qui la joueront ensuite ? En quoi faut-il y voir mécaniquement un rapport d’autorité castrateur ? Molière, en écrivant ses pièces, a-t-il mutilé ses acteurs ? Et quand bien même le rapport entre celui qui conçoit et celui qui donne corps serait de l’ordre de la subordination, est-ce nécessairement un problème (où la liberté cinématographique souffle-t-elle davantage que dans les films de Robert Bresson, dont on connait bien la demande d’effacement de l’acteur au bénéfice du « modèle » ?) ?
Enfin, lorsque l’invitée se plait à rappeler que sous le compositeur Chopin, ou Liszt je ne sais plus, se cachait avant toute chose un instrumentiste et un improvisateur, ne serait-il pas à propos de lui rétorquer que de leur temps, c’était exactement l’inverse : seule une poignée de gens auraient, en 1830, associé au nom de Franz Liszt le terme de compositeur, quand toutes les capitales d’Europe acclamaient l’improvisateur, le prodige du piano (en proie, d’ailleurs, à de nombreux stéréotypes de virtuosité, qu’il déplorera avec tendresse lorsqu’il sera plus âgé). Et la question mériterait quand même d’être posée : si Bach, Beethoven, Schumann etc., qui étaient tous de fabuleux improvisateurs, ont ressenti le besoin, à certains moments, d’écrire, c’était certes parfois par métier, peut-être aussi pour partie par volonté d’être plus qu’un interprète, mais on ne peut évacuer le fait que c’était aussi pour se libérer d’une pratique qui, si elle autorise beaucoup de choses, se prive également sans conteste de beaucoup d’autres auxquelles elle n’a pas accès, dans le temps spontané de l’improvisation (les Variations Diabelli ne s’improvisent pas, le concerto op.24 de Webern non plus – et diable que le monde serait triste sans eux !).
Bref, je ne m’attendais pas à autre chose de la part de JL, que son moulin idéologique habituel. Mais comme le site vante fièrement d’avoir « de la vraie critique dedans », je suis déçu, et un peu agacé qu’on ne nous propose que de la béatitude devant « la grande dame de… » (on se croirait chez Drucker)
@ Totorugo : merci pour votre beau commentaire, honnête, argumenté, qui respecte son lecteur.
Je ne dirais rien sur l’émission, car malgré plusieurs tentatives, je n’ai pas pu aller jusqu’à son terme. Mais ne rien en dire est déjà en dire beaucoup…j’ai apprécié cet entretien avec Joëlle Léandre, belle présence, mais je suis vraiment d’accord avec le commentaire de Totorugo : c’est vrai, la liberté qui compte c’est celle de l’auditeur.
Il est vrai que résumer l’entretien à « un personnage attachant » qui « tente de marcher hors des sentiers battus » est une contribution éminemment et courageusement critique. Mais si vous avez des remarques concrètes à discuter, je suis preneur. Et si les miennes vous déplaisent, n’hésitez pas à expliquer pourquoi. Il peut après tout y avoir plus de courage à argumenter sous pseudonyme qu’à envoyer des platitudes sous sous nom.
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