La domination policière

avec Mathieu RIGOUSTE
publiée le
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animée par Laura RAIM

Oui, encore une « émission spéciale ». Avec tout ce qui se passe en ce moment en France, je n’ai pas la tête à parler d’économie de la culture… Les « Aux ressources » reviendront, mais là j’ai besoin de comprendre ce qui m’arrive, ce qui nous arrive : pourquoi, à chaque fois que nous marchons contre la Loi travail, nous retrouvons-nous gazés par des bombes lacrymogènes ? Pourquoi un étudiant de 20 ans a-t-il été éborgné par un tir de flash-ball à Rennes ? Pourquoi le slogan « Et tout le monde déteste la police » est-il scandé par de plus en plus de manifestants en tête de cortège ?

La domination policière, une violence industrielle, de Mathieu Rigouste, m’a apporté quelques réponses. Bien sûr, je savais que la police abusait du « contrôle au faciès », il suffit de passer par les grandes gares parisiennes pour voir — systématiquement — des noirs et des arabes se faire arrêter, contrôler, fouiller, pour savoir que les « racisés » sont les premiers touchés par cette pratique humiliante. Et je connaissais le drame le plus emblématique : Zyed et Bouna, deux adolescents électrocutés en 2005 dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois, alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police. Mais ce que montre Mathieu Rigouste, c’est que ces « bavures » — jamais condamnées — constituent le quotidien des quartiers populaires.

Pour le chercheur, elles ne relèvent pas d’un dysfonctionnement. Rationnellement produites et régulées par les Etats capitalistes, les formes que prennent les violences policières en France sont le produit de notre histoire coloniale et plus précisément de la doctrine contre-insurrectionnelle telle qu’elle a été conçue en Algérie. Officiellement bannie après l’indépendance de l’ancienne colonie, elle aurait continué de façonner notre système sécuritaire.

Cet entretien ne prétend pas faire le tour de la question. Il l’explore seulement à travers la grille de lecture anarchiste et potscoloniale de Mathieu Rigouste, qui assume une démarche militante destinée à fournir des armes à ceux et celles qui luttent contre la domination policière.

Laura RAIM

Durée 87 min.

6 réponses à “La domination policière”

  1. henri caron

    laura,bravo.toi la petite bourgeoise avouée face à un mec comme ça,tu confirme que tu es vraiment une nana bien . je parle comme un vieux prolo. Lui,il est sublissime.il montre que la sociologie sert enfin à quelque chose.depuis les situationniste,on savait que c’était des putains fais pour intégrer la pensée dominante.YO MAN,moi le vieux prolo de 63 ans (désespéré),sais maintenant qu’à part mes enfants et leurs amis,il y a vraiment des gens qui pensent.l’echec de 68,c’etait l’absence de conscience,du caractère mondial de la révolte.maintenant,elle existe.ça va etre dur.je suis d’accord avec la conclusion.moi,le vieux routier,je vais essayer de me fondre dans autre chose.biz.au fait,je connais bien Gennevilliers(le port).moi c’est paris 12,13,et belleville.maintenant ailleurs.je vais lire tes bouquins.

  2. siro

    Merci pour cette émission, et pour votre travail à toutes sur ce site.
    Ou l’on s’aperçoit que si les violences policières sont difficiles à regarder, la violence du système est quant à lui effrayant.
    bonne journée.

  3. Melanie

    Merci, passionnant, encore.

  4. Bernard Guericolas

    Glaçant ! Mais très intéressant. Merci d’avoir publié cette entrevue et merci à Laura Raïm de l’avoir menée avec sérénité et intelligence. Bien sûr (pour répondre à certaines objections : @JEAN HETZEL, @l’oranger), il ne s’agit pas ici d’histoire ni d’analyse scientifique sociologique, mais d’une vision de nature philosophique. Glaçant, car c’est un déroulé rationnel très redoutable, certes manichéen, mais c’est la loi du genre. Heureusement, les dernières phrases apportent un sourire et une ouverture vers une forme d’optimisme et d’humanisme.
    Maintenant, ceux qui ne sont pas convaincus de la réalité du problème, lisez par exemple David Graeber : « The first 5 000 years » pour avoir une perspective dans le temps et l’espace, non moins glaçante, de l’Humanité et, du coup, une analyse parfaitement historique, rigoureuse et scientifiquement documentée …
    En premier lieu, ce genre d’exposé, aussi dur soit-il à entendre permet d’être clairvoyant et vigilant. Ensuite cela permet d’apporter d’autres clefs de compréhension sur ce qui se passe en ce moment et d’éviter de se fourvoyer en enfonçant sa tête dans le sable pour ne rien voir …
    Autant de raisons pour ne pas jouer les apprentis sorciers comme le font les inconscients avides de pouvoir qui profitent de leur position politique dominante à Paris comme à Bruxelles pour tenter d’imposer une vision idéologique détachée de toute réalité.

  5. Bernard Guericolas

    P.S. Merci à Gauthier R. pour (ci-dessous) l’adresse YouTube de l’exposé sur le post capitalisme de Frédéric Lordon et Eric Hazan. Pas vraiment le même sujet, mais très important aussi.

  6. Emmanuel

    bonjour,
    je viens de lire une BD intitulée dans l’ombre de Charonne
    http://ombrecharonne.blogspot.fr/
    le passage sur le « bidule » et celui qui s’en sert, a fait écho à l’émission
    et les annexes sont édifiantes

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