Les Etats désunis

avec Coralie DELAUME
publiée le
animée par Maja NESKOVIC

Je ne sais pas vous, mais moi, quand je pense à l’Europe, la Paix, les Pères Fondateurs, la réconciliation franco-allemande, Kohl et Mitterand qui se donnent la main, l’harmonie entre les peuples, les échanges Erasmus, le drapeaux étoilé, le tout sur fond de 9e symphonie, j’ai la gorge qui se serre, les larmes qui montent et les poils qui se dressent. En revanche, la tête de Barroso ou les mines grises des fonctionnaires de la Troïka auraient plutôt tendance à me coller des boutons ou des envies de taper très fort sur quelque chose…

J’en suis donc venue à me dire, qu’en fait, l’Europe était une belle idée qui avait été scandaleusement dévoyée par des affreux en costume-cravate et qu’il suffirait de tous les virer pour que le ciel s’éclaircisse, que le soleil brille à nouveau, et que les peuples communient enfin sur l’air de l’hymne à la joie.

Las. Les maigres espoirs que je plaçais encore dans l’idéal européen, Coralie Delaume a fini de les achever. Son livre, « Europe : les Etats désunis » n’est pas la première, ni la seule critique de la machinerie technocratique européenne que j’ai eu l’occasion de lire, mais c’est peut-être l’une de celles qui donne l’éclairage le plus cru et le moins flatteur de cette construction européenne qui était pourtant censée œuvrer au rapprochement entre les peuples.

Le ver était dans le fruit, le fruit est tout pourri et il ne reste, d’après Coralie Delaume, pas grand chose à sauver. Ne comptez même pas sur elle pour une lueur d’espoir finale, une conclusion qui ouvrirait des perspectives joyeuses « à condition qu’on s’y mette tous et qu’on travaille dur et qu’on vote comme il faut ». Non, selon elle, le salut ne viendra que d’une sortie de l’Euro (l’urgence) et d’un retour à un mininum de souverainté nationale.

Un retour à la Nation qui ne semble pas réjouir tout le monde. Il vaut à ceux qui, à l’instar de Todd ou Lordon, l’évoquent de manière plus ou moins directe, d’être rangés par le sociologue Philippe Corcuff, dans l’un des « canaux de diffusion de la pensée néoconservatrice » dont il a théorisé l’existence (les autres « canaux » étant occupés par Soral et Finkelkraut). Bigre !

En attendant que Coralie Delaume aille les rejoindre au fond du même canal, une pierre attachée autour du cou, peut-être pourrait-on profiter de sa contribution pour nourrir nos réflexions sur le meilleur niveau d’exercice de la démocratie. Ça pourrait s’averer utile un jour ou l’autre.

Maja NESKOVIC

Durée 78 min.
  • Commentaires

4 réponses à “Les Etats désunis”

  1. Rene Zaslawsky

    La forme : j’aime les entretiens longs quelques « heu » de moins j’imagine que ça viendra un peu plus de paroles de l’invitée ça viendra aussi la lumière excellente le son très bien les cadres intéressants

    Le fond : bien de la peine à comprendre où est le problème ? Faire l’Europe ça doit servir à quoi ? Si c’est une structure politique avec des lois valables pour tous dans un certain niveau et d’autres lois particulières aux états d’Europe à un autre niveau c’est ce qui se construit non ? Que les lois actuelles soient une transcription locale du droit européen c’est évident et normal c’est CELA faire l’Europe : c’est VOULOIR ÊTRE ENSEMBLE , VOULOIR FONCTIONNER ENSEMBLE et pour se faire il faut des BASES COMMUNES un socle commun.

    Ceci ne couvre pas l’ensemble des lois et c’est plutôt un souci généralement comme avec « ecomouv » si la France demandait un système européen cohérent de financement des déplacements avec le barème « pollueur – payeur » on transcrirait le système allemand (autrichien, suisse) et il y aurait « ecomouv » sur l’ensemble des routes de transit grandes et petites et les poids lourds de plus de 3.5 tonnes paieraient tous sans exception une taxe au kilomètre parcouru qui serait reversée aux états membres au prorata de la longueur de leur réseau routier dans un fonds construction d’infrastructures décarbonées

  2. Rene Zaslawsky

    A propos du multilinguisme : Je ne vois pas de problème non plus. Au contraire, c’est une chance, une ouverture culturelle sur le monde, des points de vue différents qui s’enrichissent mutuellement. Pour l’aspect pratique nous vivons une époque technologique qui offre des systèmes de traduction sophistiqué et il y a des traducteurs et des interprètes compétents.
    Moi je vis en Suisse où nous avons 4 langues officielles et une cinquième qui est aussi beaucoup utilisée (l’anglais).

    Dans les séances au niveau fédéral (de l’état) chacun parle sa langue et comprend les autres.

    Les documents officiels, légaux, etc. sont traduits dans les 4 langues.

    Les produits ont des étiquettes en 3 langues (ce qui permet d’apprendre les autres langues par analogie (lait – milch – latte).

    Le seul souci – de mon point de vue – c’est que la suisse n’est pas encore dans l’Europe politique.

    Heureusement, bien des lois chez nous aussi sont des transcriptions du droit européen. Ce qui est nécessaire car aucun état aujourd’hui peut vivre en vase clos.

    Bien à vous.

  3. Stephanie

    j’ai survolé les commentaires, et je suis un peu déçue de voir qu’il y a tant de critiques sur Maja. Moi, les euh ça ne me dérange pas, j’aime vraiment le ton, et je n’ai pas envie d’une intervieweuse qui ait réponse à tout. Sur la répartition du temps de paroles aussi, je trouve que c’est très équilibré et que justement, une de ces qualités, c’est justement de mettre à l’aise l’invité(e), et de le laisser dérouler sa position de façon intelligible pour l’auditeur.
    J’ai trouvé le fond intéressant aussi, surtout vivant en Écosse (c’est passé vite dessus en particulier et heureusement Maja a redressé le tir 😉 c’est quand même plus une histoire de choix politique [l’indépendance de l’Écosse] que de vouloir garder tout pour nous… surtout que si on écoute les anglais, ont leur coute un max en allocs….)

    Merci Maja. Aux sources est ma rubrique préférée sur Hors Série, et j’apprécie la multitude des thèmes abordés, le ton, la forme, tout ça tout ça 😉

  4. Patrick

    L’émission est un peu plate. Sans être méchant, mais Coralie Delaume a un sacré manque de culture sur l’Europe. La Roumanie est le premier pays d’Europe de l’est francophone, un roumain sur cinq parle le français et Cioran, Mircéa Eliade, Ionesco, Brancusi, ils ne représentent rien ! C’était pareil dans l’émission avec BHL, Coralie Delaume expliquant que la Pologne était plus proche culturellement et politiquement de l’Allemagne que de la France ! Maja Neskovic fait un effort mais peu de réponses pertinentes à part « je sais pas, je sais pas… »

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