Libre échange, mon amour

avec Olivier BESANCENOT et François RUFFIN
publiée le
animée par Hors-Serie

 Parmi les propositions en débat à gauche, le protectionnisme est de celles qui ne mettent pas tout le monde d’accord. Pour certains, il apparaît comme un instrument puissant contre les délocalisations. Pour d’autres, il est au contraire inefficace et ne permettrait que de remplacer un capitalisme par un autre, aux accents dangereusement nationalistes. Pour tenter de faire dialoguer ces différentes positions, nous avons invité à en débattre Olivier Besancenot (membre du NPA) et François Ruffin (militant de Picardie Debout et député de la Somme. Au-delà des divergences sur le protectionnisme que nous essaierons de comprendre, nous essaierons aussi de montrer les convergences, existantes et à créer, entre toutes celles et tous ceux qui militent pour une autre société.

Le temps des lilas se veut un laboratoire de réflexion alternatif. Face au TINA (« There Is No Alternative »), nous opposons les LILAS (« Libres d’Inventer Les Autres Solutions »). Collectif fondé en juillet 2016 par des militants de gauche politique ou associative, son objectif est de réfléchir aux solutions qui permettraient de construire et de mettre en œuvre un programme radicalement alternatif, ainsi que le cadre politique démocratique nécessaire à sa promotion. Le temps des lilas organise des événements, les causeries des lilas, autour d’invités comme Olivier Besancenot, François Ruffin, Aurélie Trouvé, Damien Carême… Dans ses publications, le temps des lilas essaie d’imaginer et creuser d’autres solutions que les « rustines » trop souvent proposées par les programmes à gauche.

Fabien Marcot

 

Durée 79 min.
  • Commentaires

8 réponses à “Libre échange, mon amour”

  1. J. Grau

    Débat d’un bon niveau, entre gens bien informés et de bonne foi, ce qui n’est malheureusement pas courant. Sur le fond, je crois que Ruffin a raison. Ses arguments sont implacables : le libre échange est effectivement une arme redoutable pour promouvoir le dumping social, fiscal et environnemental. D’ailleurs, toutes les organisations vraiment à gauche, comme le NPA, reconnaissent qu’il faut lutter contre ce dumping et les traités qui l’aggravent, comme le CETA ou le TAFTA. Dès lors, en toute logique, il convient d’être pour un certain protectionnisme, à condition de ne pas entendre par ce mot une promotion absurde de l’autarcie, mais un bricolage qui peut prendre des formes très diverses, les meilleures comme les pires. Contre ce raisonnement, il n’y a pas grand-chose à dire car il est très logique, et j’ai senti une petite gêne de Besancenot par rapport à ça.

    Là où ce dernier a raison, cependant, c’est qu’il faut replacer la lutte contre le libre échange dans une perspective plus globale, celle d’une lutte contre le capitalisme. La mise en concurrence des travailleurs et le dumping social peuvent aussi s’effectuer au niveau national. D’ailleurs, je ne pense pas que Ruffin conteste ce point : pour lui, le protectionnisme n’est en aucune manière la panacée.

    Pour terminer, Besancenot a aussi raison de pointer du doigt les risques d’une dérive xénophobe si on accorde trop d’importance à la critique du libre échange. Afin de ramener au bercail des gens tentés par le FN, on risque effectivement de les caresser dans le sens du poil et de stigmatiser les travailleurs étrangers. Le dérapage de Mélenchon concernant les travailleurs détachés qui « volent le pain des Français » était, il faut l’espérer, une faute isolée et qui restera sans suite. Mais il montre que le risque d’une dérive xénophobe est bien réel.

  2. Karim El Majri

    Olivier s’est montré agressif, insultant et sans aucun humour. Je crois qu’on a surtout assisté à un passage de relai entre le meilleur candidat de la gauche dans les années 90 et Ruffin. Sinon il faut arrêter avec ces débats ou aucun des deux n’avait l’intention de changer de position ne serait ce que d’un iota.

  3. jeremie chayet

    Personnellement, étant un fervent partisan de la fuite des capitaux, je m’aperçois que les protectionnistes sont des keynésiens qui prônent une régulation du capitalisme. Pourquoi pas, mais cela ne nous fait pas sortir du capitalisme, chose que la classe ouvrière sait faire mais a oublié. Ce qui permet de proposer aux LILAS de se mettre à son école plutôt que de vouloir inventer… A nouveau, S.O.S. Friot !!!

  4. Stephanie

    débat intéressant, mais vraiment dommage que les deux débattent avec un ton que je ressens plus proche de l’engueulade que de la discussion…. dès le début, Ruffin commence à parler quasiment un quart d’heure avec plusieurs attaques envers Besancenot / le NPA sans qu’il puisse répondre. Je sais pas si l’hostilité a commencé là…. mais j’ai trouvé ça pénible à suivre du coup. Le nombre de questions posées aussi avant que la personne puissent répondre…je sais pas, c’est peut être moi qui ne suis pas habituée à ce genre de formes de débat mais personnellement, le temps qu’on passe la parole à l’autre, j’avais déjà oublié pas mal des points auxquels on lui demandait de répondre.

    Dommage, j’avais vraiment aimé le débat entre Besancenot et Lordon, qui bien qu’ils soient en désaccord avait été serein et riche en échange, et je m’attendais à un échange similaire.

    En conclusion, malheureusement, si c’est sur ce ton là que les gauches se parlent, elles sont pas près de bosser ensemble. On n’est pas rendu.

  5. damien Astier

    d’accord pour tenter « du » et pas « le » protectionnisme à la Ruffin, et d’accord pour ne pas poser le périmètre national en préalable selon Besancenot, mais uniquement là où une alternative concrete est faisable (sa taxe kilometrique sur l’agriculture par exemple, ou le cabotage). Pour le reste le perimetre national ne me pose pas de probleme en tant qu’on y recourt comme unique cadre pratique existant par défaut et pas comme cadre souhaitable par xenophobie : c’est la transposition exacte des arguments de Lordon sur la sortie de l’euro, qui peut se penser radicalement soit sur des bases droitière nationaliste soit sur des bases gauchiste émancipatrice, cette dernière supposant qu’elle est l’un des premier coup conter le capital et pas une fin en soi.
    Apres je me désole encore de l’aveuglement du NPA et de Besancenot sur le rapport au travail qu’il réduit à l’emploi, « qui diminue meme sans délocalisation » : ben oui, et c’est super le progres technologique, mais c’est pas la reduction d’emploi le probleme c’est la reduction du salaire qui n’est pas souhaitable mais qui en est le corollaire en système capitaliste. Friot pourtant ne fait qu’insister sur cette impasse de vouloir combattre le capitalisme en gardant ses mots et ses piliers : cela reduit à se battre contre le progres sur certain domaine, ce qui est absurde.

  6. Dominique L

    La solution de l’outil douanier est-il utile ou pas?.
    C’est la question à laquelle O.Besancenot ne veut pas répondre.
    L’idée de Ruffin, si j’ai bien compris, c’est l’établissement d’une sorte d’écluse douanière. Qui remet à niveau les coûts de production selon les pays.
    Ainsi entre la France et la Suisse, à qualification égale, le salaire suisse est plus de 2 fois supérieur au salaire français.
    Ce sont pourtant des sociétés socialement très voisines. Le coût de la vie en Suisse est aussi 2,5 fois fois plus élevé qu’en France et donc, le pouvoir d’achat du salarié est pratiquement le même.
    Cet exemple pour dire qu’une écluse douanière est nécessaire pour créer une concurrence libre et non faussée.
    Avec d’autres pays et surtout ceux d’Asie, ce sont des raisons sociales, fiscales, environnementales,etc…qui expliquent les écarts de coût de production.
    Analyser toutes ces raisons qui provoquent les écarts de prix de production et mettre en place une régulation douanière régulatrice me semble aussi un outil dont le politique a encore la maitrise.

  7. Pascal

    La remarque sur Mélenchon et son histoire de pain et d’étrangers m’aurait paru malvenue (j’ai vu l’extrait vidéo quand il dit ça au Parlement européen), mais maintenant que je sais qu’aucun cadre de la FI ne s’est démarqué de ce « droit à l’islamophobie » (AMFIS 2019), sauf à ma connaissance Simonet, qui avec une mauvaise foi hallucinante nous explique qu’on a le droit de critiquer l’islam (mauvaise pioche ce n’est pas ce que islamophobie veut dire, en tout cas pas seulement, et tout le monde le sait). Je trouve finalement cette le rappel de Besancenot particulièrement bienvenue au contraire. Cela dit, je ne pense pas que tous les insoumis soient islamophobes, en revanche démonstration est faite que l’encadrement FI ne rechigne pas à utiliser cet argument pour chasser l’électeur du RHaine. Pour la part, la FI c’est fini et comme Ruffin je vais voter NPA, car il n’est plus question de donner ma voix à ces gens.

  8. antoine lk

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