Politique du clitoris

avec Delphine GARDEY
publiée le
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animée par Laura RAIM

« Interne en deuxième année de médecine à Strasbourg, Marie Chevalley ne sort jamais sans un clitoris en plastique rose imprimé en 3D ».  La veille de l’émission, j’ai tapé « clitoris » dans Google actualités. Outre cet article des Dernières nouvelles d’Alsace, Femme actuelle présentait « 6 façons de le stimuler pour faire jouir une femme », tandis que Version Femina révélait que « Les dauphins ont un clitoris à l’entrée du vagin ».  Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’organe exclusivement dédié au plaisir féminin n’est plus tabou.

Une banalisation relative qui doit être porté au crédit des féministes, qui bataillent depuis des années pour s’approprier les connaissances scientifiques sur le sujet et en faire le symbole d’une jouissance émancipée et autonome, se passant de la pénétration masculine et échappant à toute finalité reproductive.

Mais il ne s’agit pas seulement de rendre visible un organe longtemps resté caché et méconnu mais de l’arracher aux entreprises idéologiques les plus toxiques. Dans son essai Politique du clitoris (Textuel), l’historienne et sociologue Delphine Gardey montre comment les savoirs et pratiques biologiques, médicales et psychanalytiques autour du clitoris ont pu légitimer non seulement la domination patriarcale et l’assignation à la fonction maternelle des femmes, mais aussi un discours colonialiste sur la supériorité de certaines « races » ou de certaines « civilisations ». Autant dire que l’enjeu dépasse de loin la seule dimension physiologique du plaisir féminin.

Laura RAIM

Durée 70 min.

3 réponses à “Politique du clitoris”

  1. titou

    Intéressant, merci. Pour votre information , l’orgasme masculin , comme vous l’avez fait remarqué est peu étudié , est aussi révolutionnaire. L ‘homme dispose d’une glande , la prostate qui stimulée permet d’atteindre des orgasmes à répétition.
    Etudier cela et le diffuser serait une révolution chez la plupart des machistes misogynes qui gouvernent le monde…

  2. Maunoir Charbonnel

    Là je suis désolé mais…j’ai décroché. Suis je un gros macho (dans le déni) fatigué ou était ce trop alambiqué? Bref j’ai raté quelque chose.

  3. Abracadabra

    Entretien qui soulève des questions intéressantes, notamment le fait que toute représentation n’est pas neutre, fut-elle la représentation d’un organe. L’anatomie est aussi en partie une construction sociale qui peut produire ses effets dans les pratiques et façonner (ou sans doute plus probablement renforcer) des rapports de pouvoir. La médecine, en particulier pour les femmes, n’a très souvent fait que réécrire, sous couvert d’un vocabulaire scientifique, certains préjugés moraux traditionnels, en prenant efficacement le relais de la religion par l’hystérisation du corps des femmes, comme l’a décrit Michel Foucault. Il s’agit aussi d’interroger la place centrale du sexe dans nos sociétés, comme élément imaginaire créé par un dispositif de sexualité pour susciter le désir du sexe jusqu’à lui demander notre propre intelligibilité, le sens de notre propre vie (tout en faisant croire que cela va contre les différentes formes de pouvoir)

    PS. petite erreur dans le panneau (vers 3:30) concernant Gabriel Fallope (présenté en tant que son contemporain R. Colombo)

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