Pressions et expression

avec Jean BRICMONT
publiée le
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animée par Maja NESKOVIC

La liberté d’expression, on n’y pense pas vraiment. C’est un peu comme l’eau du robinet, c’est là, ça coule, sans trop d’effort, sans qu’on sache vraiment comment ça marche. C’est acquis. Bien sûr, on a l’intuition qu’on ne peut pas « tout dire », mais dès lors qu’on y réfléchit un peu plus, la question des limites devient vertigineuse. Des centaines de pages ont été écrites sur le sujet. Le curseur entre le dicible et l’indicible a souvent varié au cours de l’Histoire. C’est, semble-t-il, un sujet inépuisable.

Dans son livre, La République des censeurs paru en février 2014 (éditions de l’Herne), Jean Bricmont s’est plus particulièrement penché sur des exemples récents qui montrent, selon lui, que la liberté d’expression est bafouée en France, et ailleurs en Europe. Menacée par des dispositions législatives censées pourtant protéger les plus faibles d’entre nous. La question est connue : doit on sacrifier un peu de notre liberté individuelle au profit d’un intérêt général plus grand ? Ne pas tout dire pour ne pas risquer de discriminer, d’inciter à « la haine », de raviver des mémoires douloureuses. A cette question Jean Bricmont répondrait peut-être qu’elle est mal posée. Où se situe vraiment l’intérêt général ? Qu’est ce qui menace le plus la paix civile : la liberté d’expression ou la censure ?

Jean Bricmont est ce qu’on appelle un personnage « controversé ». Ses prises de positions très critiques sur la politique israélienne et l’attitude de la communauté internationale à l’égard de cette politique, ainsi que sa propension à aller discuter avec des gens de tous bords, y compris les extrèmes, lui ont valu d’être classé par certains dans des mouvances colorées allant du rouge au brun (voire pire).

Je ne prétends pas avoir lu l’ensemble de la prose de M. Bricmont, peut-être que des « franchissements de ligne » m’ont échappé, mais dans ce que j’ai lu de ses écrits, absolument rien ne justifierait, à mon sens, qu’on refuse de débattre avec lui.

Et, par ailleurs, j’estime qu’avant de prendre au sérieux tous ceux qui désignent les bons et les mauvais, ceux avec lesquels on peut débattre et ceux avec lesquels ont ne doit surtout pas discuter, il conviendrait de se pencher sur leur parcours à eux. Bref, il faudrait contextualiser les contextualisateurs, vérifier les vérificateurs, légitimer les légitimateurs… Un sacré boulot, auquel je pourrais consacrer mes vieux jours… ou pas !

(L’intégrale du docu « Chomsky et compagnie » cité dans l’émission est là : sur le site des mutins de Pangée).

Maja NESKOVIC

Durée 104 min.

35 réponses à “Pressions et expression”

  1. Gabriel

    *Presque hors sujet*
    Et sinon vous pensez faire des entretiens avec des femmes aussi un jour?

    =>>

  2. Lucas Verbeke

    Ce qu’il faut absolument éviter dans ce genre de débat (je n’ai pas encore regardé l’émission mais l’introduction de Maja ne me dit rien qui vaille), c’est le relativisme, du genre « arrêtons de désigner les bons et les mauvais ». Quand on dit ça on dirait qu’on a tout dit et ça y est, fin des arguments, liberté d’expression, youpi, trop bien. Or, c’est bien justement ce relativisme qui pose problème et qui est le terreau des néo-fachos. Ce n’est pas qu’avant on pouvait tout dire ma bonne dame, c’est qu’avant on n’était pas postmoderne et on croyait encore en l’intelligence, en la raison voire en la vérité (oui je sais, horrible mot, pas du tout ‘liberté d’expression’, houlala !).

    L’affaire de l’interdiction des spectacles de Dieudonné m’a littéralement scié, mais pas du tout dans le sens qu’on pourrait penser. Avant, les satiristes étaient ceux qui apportaient la lucidité, la pensée, ce sont eux que les pouvoirs interdisaient ; je dirais même que traditionnellement, les chefs sont plutôt des cons grotesques et les provocateurs des cerveaux subtils. Or, c’est totalement l’inverse désormais : nous avons à l’Elysée et à l’Assemblée Nationale des gens qui ont une vision du monde quand même moins débile que leur pourfendeur ignare dont il est question ! Le rôle du pouvoir, aujourd’hui, c’est de censurer les cons. Et le rôle des défenseurs de la liberté d’expression c’est de passer son temps à défendre ces cons, en disant que quand même ils ont le droit d’être cons, si ça les amuse après tout c’est leur choix d’être con, on n’y peut rien, laissons-les faire les cons, c’est ça la démocratie. Nous avons donc un débat d’une pauvreté affligeante, entre d’un côté des partisans de la tolérance zéro envers les cons, et de l’autre des groupies dont la seule conviction politique semble être la défense de la connerie.

    Je trouve que toutes ces discussions sont une perte de temps incroyable. Au lieu de parler du fond des choses, de s’impliquer vraiment dans des combats sociétaux au premier degré, on ne fait que disserter sur le besoin d’amusement ‘rebelle’, sur la légitimité ou pas de la pulsion de provocation, sans se demander une seconde ce qu’elle peut apporter vraiment, dans quels cas elle est utile et dans quels cas elle ne sert que le buzz, le fric, bref la société du spectacle.

  3. Papriko

    « je n’ai pas encore regardé l’émission mais l’introduction de Maja ne me dit rien qui vaille »… »
    @ Lukas Verbèke » : cet éloge du préjugé ne me dit rien qui vaille.
    Regardez tout de même l’émission (vous risquez une bonne surprise) et revenez nous voir.

  4. Papriko

    Merci de tout coeur à Maja (et à Judith) à pour cette émission courageuse où l’on entend des choses qu’on n’espérait plus entendre et qui nous ébranle en nous faisant prendre conscience du conditionnement auquel nous sommes soumis.
    C’est une illustration par la pratique – chaque horsérinaute peut en faire l’expérience en temps réel – de la pertinece des thèses de Noam Chomsky sur la fabrique du consentement.
    Un sacré choc, et au final, un immense bonheur.

  5. Lucas Verbeke

    Deux autres points qui me semblent importants :

    – « j’estime qu’avant de prendre au sérieux tous ceux qui désignent les bons et les mauvais, ceux avec lesquels on peut débattre et ceux avec lesquels ont ne doit surtout pas discuter, il conviendrait de se pencher sur leur parcours à eux », certes, cernons les censeurs, mais cernons aussi parfaitement les censurés et prononçons-nous clairement sur l’intelligence ou pas de leurs provocations, sinon ça ne sert à rien, on débat sur du vide. Ça me fait penser aux caricatures danoises de Charlie Hebdo, elles étaient nulles et stupides mais on choisissait quand même de les publier pour dire qu’on n’était pas d’accord avec les intégristes. C’est la même logique qui fait qu’on devrait se sentir solidaire des négationnistes afin de ne pas être complice du méchant système qui les censure, quand bien même le système de pensée de ces négationnistes est encore pire !

    – Ce qui me paraît dangereux chez Bricmont c’est qu’il use de sa posture scientifique pour justifier ses arguments, alors que sa subjectivité est criante dans cette histoire. Sa fixation sur le conflit israëlo-palestinien le rend d’emblée juge et partie : on dirait qu’une seule sorte de censure l’intéresse. À partir de là, les réticences à pouvoir le trouver pertinent sont parfaitement compréhensibles.

  6. Papriko

    @ Reis Hugo : vous rendez vous compte qu’il n’y a pas d’argumentation dans vos messages ?
    Tout est sur le thème : untel fréquente untel, on a aperçu machin chez trucmuche. On aimerait plutôt que vous nous disiez votre sentiment sur ce que Bricmont affirme.
    Y a-t-il quelque chose qui vous choque dans ce qu’il dit dans l’émission ? Je crois que vos explications rendraient service à Maja (et à moi-même, au passage), qui, si j’en crois son texte de présentation, n’a rien trouvé de choquant dans ses propos.

  7. Papriko

    @ Reis Hugo. Je vous remercie pour votre réponse. Il me semble que votre attitude est celle d’un militant, pour qui celui qui ne pense pas comme nous est un adversaire.
    Je ne partage pas votre opinion sur le « confort intellectuel ». Je suis même d’un avis tout à fait contraire: c’est par confort intellectuel que nous refusons d’écouter ceux qui ne pensent pas comme nous.
    Quant aux lobbies, on ne peut pas sérieusement nier leur existence. Que les juifs défendent leurs intérêts est tout à fait naturel; et décrire la manière dont ils le font n’a rien de scandaleux. Nous devons faire un effort pour nous débarrasser de nos préjugés et lutter contre les auto-censures et nos comportement conditionnés, par exemple en arrivant à nous convaincre que l’expression « lobby juif » n’est pas antisémitisme et l’employer aussi tranquillement que nous dirions « lobby des commerçants » ou « lobby militaro-industriel ».

  8. Lucas Verbeke

    Quand je lis certains commentaires, je me dis que décidément le terme de « terrorisme » est à la mode pour désigner tout et n’importe quoi, ça en devient d’un ridicule… C’est un peu ça le problème des défenseurs de la « liberté d’expression », c’est qu’ils arrivent bien souvent à en devenir encore plus ridicules que les censeurs, ce qui n’est pas une mince affaire.

  9. Papriko

    @ marc gébelin : Vous n’êtes peut-être pas arrivé à ce moment de l’interview ou Jean Bricmont s’excuse d’être trop long, ce qui amuse Maja Neskovic…
    Il m’a semblé qu’au début de l’émission, c’est plutôt Bricmont qui coupe la parole.
    Si vous poursuivez la lecture de cette vidéo, vous vous rendrez compte que petit à petit, le climat change. Bricmont se détend lorsqu’il comprend qu’il pourra parler aussi longuement qu’il le souhaite. Il est probable que sa nervosité vient en partie du fait qu’il est en temps ordinaire en butte à des attaques et qu’il ne sait pas à qui il a affaire en la personne de Maja.
    Bricmont se souvient peut-être de l’épreuve qu’a été pour lui son passage récent à « Ce soir ou jamais » (traquenard non prémédité par le producteur, certes, mais moment difficile pour l’invité seul contre tous), d’autant que Maja lui apprend qu’elle travaille également pour Taddei …
    @ cyrilkenyatta : le comportement de Maïtena Biraben est en effet absolument révoltant. Le plus triste est sans doute que cette brave fille est sincère et qu’elle pense réellement que Bricmont est une bête monstrueuse. Elle illustre parfaitement ce conditionnement dont parle Bricmont.

  10. Klerian

    l’introduction de Maja est laborieuse, je n’arrive pas à suivre…

    J’arrête là pour l’instant.

  11. Papriko

    Concernant la position de Robert Badinter sur la Loi Gayssot, elle semble fluctuer
    quelque peu au fil des années…
    Voici la transcription de l’interview de l’ancien ministre de la justice alors qu’il était
    l’invité de Nicolas Poincaré sur France Info le jeudi 14 octobre 2010.
    Dans cette interview, il affirme implicitement – si je le lis bien – que la Loi Gayssot est anticonstitutionnelle.

    -Interview –
    Nicolas Poincaré : Vous ne parlerez peut-être pas dimanche à Blois mais ce qui m’intéresse
    beaucoup, c’est lorsque la loi essaye de faire l’histoire – je pense aux
    lois mémorielles ou à la loi Gayssot qui punit le révisionnisme?

    Robert Badinter : C’est un des aspects très importants de l’époque récente.
    Ma position est très claire, très claire: le parlement n’a pas à dire l’histoire.
    Le parlement fait l’histoire, il n’a pas à la dire, il n’a pas à la fixer.
    Les lois mémorielles, que j’appelle d’ailleurs des lois compassionnelles,
    qui sont faites pour panser des blessures, apaiser des douleurs – et je comprends ça parfaitement – mais
    elles n’ont pas leur place dans l’arsenal législatif. La loi est une norme.
    La loi a pour fonction de réglementer une société, de prévoir son avenir.
    Elle n’a pas à prendre parti dans une querelle historique ou tout simplement
    à affirmer un fait historique même indiscutable. J’ajoute, il faut bien le prendre en compte:
    la Constitution ne le permet pas. Je le dis clairement, elle ne le permet pas.
    La loi en France n’est pas comme en Angleterre, le parlement ne peut
    pas tout dire. Le parlement a une compétence d’attribution, et rien ne
    permet, au regard de la constitution, au législateur de s’ériger en tribunal
    de l’histoire. Rien.
    Par conséquent je comprends très bien les passions et le désir des
    élus de panser les blessures et de faire des lois compassionnelles: ça n’est
    pas la finalité du parlement et constitutionnellement c’est hors de la
    compétence du parlement.
    -Fin de l’interview –

    Dans des interventions ultérieures, Robert Badinter semble affirmer que la loi Gayssot est habilitée
    à punir la contestation de faits jugés, notamment par le Tribunal de Nuremberg.
    Signalons que les révisionnistes contestent la légitimité du Tribunal de Nuremberg, juridiction
    qui (selon eux, je tiens à la préciser) bafoue les règles élémentaires de la justice
    car c’est un tribunal d’exception, établi par les vainqueurs pour juger les vaincus, s’appuyant
    sur une législation créée du jour au lendemain pour la circonstance.

  12. gomine

    Faire jouer, dans les critiques d’une émission, à la moindre contrariété ou désaccord, le fait de renouveler ou non son abonnement au site, c’est vraiment dégueulasse pour les personnes qui y travaillent. Cela met une pression, crée une ambiance horrible qui pourrait encourager une auto censure ou du moins ce doute permanent de se dire à chaque fois « oui, mais si je fais cela, si on invite untel, certains vont se désabonner et cela risque de mettre en péril notre activité… ».
    Etre d’accord ou non, le dire, oui, c’est l’intérêt du débat (et vive le débat !), mais jouer sur cette menace, cet enjeu crucial pour un site qui n’existe justement que grâce aux abonnements, excusez-moi mais je trouve cela assez lamentable.
    Ce site est un média, et en tant que soutien abonné, je ne l’envisage pas comme une projection personnelle, comme le lieu de tous mes désirs, comme ma propre expression, ayant l’obligation de s’accorder à 100 % à ce que je crois, pense et espère… mais comme un moyen d’expression de personnes qui auront toujours quelque chose à me dire, à m’apporter, quand bien même je pourrais ne pas être d’accord ou séduit par tout. C’est une question de fidélité à cette belle idée née il y a quelques mois et qui, je l’espère, ira loin.

  13. gomine

    @ lesly_75 Veuillez m’excuser pour le mot « dégueulasse », trop fort.
    Libre à vous de faire ce que vous voulez, évidemment, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Ce que je reproche c’est de le dire, de nous en faire part, de brandir cela comme une punition, de créer cette tension : je suis mécontent de votre émission = je vous signale que je retire mon argent = votre site est menacé (parce que l’économie d’un tel site est fragile).
    Chaque fois que je suis mécontent d’un journal, je ne vais pas allez crier sous le nez des journalistes que je l’achèterai plus, qu’ils risquent de ne plus être payés…

  14. Klerian

    Un mal fou à suivre :

    – l’émission parce que je trouve les propos très confus.
    – les commentaires sur qui a dit quoi.

    J’ai du mal à comprendre…

  15. faucon-vert

    Je suis venue à cette émission sans aucun a priori, et je l’ai trouvée très intéressante. Il y a des idées développées par J Bricmont qui nous font tout à fait réfléchir, de même que l’extrait du documentaire sur Naom Chomsky, qui dit tout en quelques phrases : la liberté d’expression individuelle est un impératif de la démocratie, et interdire une expression individuelle c’est le début du totalitarisme.
    Bricmont explique aussi très bien qu’il n’y a pas de meilleur moyen de faire de la publicité que de l’interdire (on peut penser à la prohibition, dans un autre ordre d’idée).
    J’ai trouvé qu’il y avait dans sa démarche une forme de « faire confiance à l’intelligence » pour que les opinions nauséabondes ne trouvent plus d’écho, et en ce sens, j’ai trouvé des analogies à cette interview avec celle de Jacques Rancière sur Le maître ignorant, et j’ai trouvé ces points de vue très intéressants.

    Ça m’a rappelé le numéro des Dossiers du Canard Enchainé sur le rire paru cet été, dans lequel on constatait que qu’on pouvait de moins en moins rire de tout par rapport à il y a 30 ans, par ex, et que notre société est devenue de plus en plus intolérante à la subversion.

    En résumé, merci à Maja pour cette émission, et à Judith pour son argumentation face à la réaction de Daniel Schneidermann.

  16. Papriko

    @ Maja : merci pour ce papier enthousiasmant. Je crois que, sans le savoir, sans oser l’espérer, je l’attendais depuis des dizaines d’années.
    J’attends avec curiosité de voir quels retentissements aura dans la presse française cette interview de Jean Bricmont et les débats qui ont suivi, notamment la réaction de Daniel Schneidermann, la réponse de Judith Bernard et ce papier de Maja. Cette interview sera-t-elle pour Hors-Série ce que l’affaire Cahuzac a été pour Médiapart ? Ou bien Daniel Schneidermann va-t-il commencer à subir des attaques semblables à celles dont est victime depuis un certain temps Frédéric Taddei?
    Je ne voudrais pas être grandiloquent, mais nous sommes peut-être au début d’une ère nouvelle. Enfin, on ose parler. Et je remercie ceux qui osent parler (Judith, Maja, Daniel) de prendre le risque de mettre leur image de personnes respectables au service de la recherche de la vérité.

  17. MSC

    Je suis un peu déçue : tout cela semble se tasser, et on aura pas eu de commentaire de J. Bricmont (notamment sur l’idée selon laquelle, si j’ai bien compris, un juge avec un patronyme juif ne devrait pas juger d’affaire ayant trait à l’antisémitisme, ni un juge avec un patronyme magrébin d’affaire d’islamophobie etc., au moins pour les affaires « sensibles » ou « médiatiques » ; idée totalement absente du livre de J. Bricmont, et qui n’est pas abordée dans l’entretien avec Maja).

    Au passage merci à Maja et Judith de nous permettre de juger sur pièces les idées avancées par J. Bricmont (entre beaucoup d’autres j’espère !)

  18. Papriko

    @MSC : l’affaire « du juge avec un patronyme juif » est l’objet de dizaines de commentaires sur le site d’@rrêt-sur-images-maison-mère. Au nom de tous les saints, par pitié, je vous en supplie à genoux (les deux!), ne réclamez que ceux qui font une fixette sur ce point ne débarquent ici … :o)

  19. Abracadabra

    Je résume aussi ce qui s’est passé sur ASI pour les non abonnés (selon mon point de vue subjectif bien sûr) :

    – Hors Série invite Jean-Bricmont
    – Daniel Schneidermann écrit sa colère devant cet entretien sur le site ASI, donne tous ses arguments et y ajoute un autre élément : pendant un autre entretien de 20 mn donné à un autre site, il estime qu’une des questions rhétoriques (qui plus est à propos de la définition de ce qu’est l’antisémitisme) de Jean Bricmont est antisémite (alors que – vous suivez le méta ? – c’est justement l’enjeu de la question)
    – Tous, je dis bien tous, les arguments contre l’entretien donné à Hors Série s’effondrent un à un, on démontre que toutes les critiques contre Maja sont injustes
    – Les détracteurs dans le forum ASI se focalise alors sur la vidéo (qui n’a rien à voir avec Hors Série)

    Bilan :
    Une colère née d’un entretien est justifiée par une vidéo qui n’a rien à voir. Super !

    Pour info le soutien d’Etienne Chouard : http://chouard.org/blog/2014/10/02/pressions-et-expression-un-entretien-avec-jean-bricmont-sur-la-republique-des-censeurs-livre-passionnant-et-important/

  20. cyrg38

    Excellent

  21. Abracadabra

    La « réponse » de Bricmont ici : https://www.youtube.com/watch?v=p0yfsvqDDv0

  22. Papriko

    Merci Abracadabra.
    Magnifique interview. Jean Bricmont est décidément un type formidable. On a l’impression que les calomnies et les insultes n’ont aucun effet sur lui. On découvre même chez ce homme étonnamment serein un sens de l’humour réjouissant et son attitude doit constituer un exemple pour tous ceux qui approuvent sa démarche.
    J’espère que la carrière de Maja n’aura pas à pâtir de son émission (comme elle en manifeste la crainte – en souriant, comme toujours – elle-même dans l’entretien) et qu’elle ne va pas à son tour être classée dans la catégorie des rouges-bruns infréquentables. Car Bricmont n’oublie pas de rappeler que les mauvais-penseurs sont assez systématiquement diabolisés. Il signale d’ailleurs modestement (comme s’il craignait que ses supporters ne fassent de lui un héros …) que lui-même se sent (à tort ou à raison ? ) relativement à l’abri, en tous cas professionnellement et matériellement, alors que les carrières d’autres libres penseurs sont régulièrement brisées parce qu’ils ont osé braver le terrorisme intellectuel qui sévit en France.

  23. Stephanie

    je viens de voir l’émission que j’ai trouvé excellente, Jean Bricmont est très intéressant et met en mots pas mal de choses que je ressens depuis longtemps. Ayant lu les discussions ici et sur @si avant, je ne comprends vraiment pas comment Daniel Schneidermann a pu avoir une réaction pareille… je suis assez déçue, ce n’est pas la première fois, et je me dis que bien qu’abonnée depuis le départ sur @si, je vais surement y réfléchir à deux fois lors du prochain renouvellement. Je suis ravie qu’Hors Série existe du coup, surtout que je peux vous l’avouer Judith et Maja 😉 vous étiez mes chroniqueuses préférées sur @si, et je suis bien contente de vous retrouver ici. Encore merci!

  24. Jacques LEWKOWICZ

    A Judith Bernard,
    Le choix de diffuser l’émission que vous avez consacrée à Jean Bricmont sur le site « hors-série » que vous dirigez ainsi que la réponse que vous avez adressée à Daniel Schneiderman, sur ce même site à la suite des critiques qu’il vous a fait parvenir à propos de cette même émission, posent chacun des problèmes qui me font hésiter à continuer mon abonnement à ce site.
    Bricmont se présente comme un défenseur de la liberté d’expression. En fait, le principe de la liberté d’expression n’est qu’un moyen utilisé à une autre fin : l’introduction d’un doute quant à l’existence du Génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale. A l’appui de ce doute, Bricmont cite différents auteurs dont il assure qu’ils sont « orthodoxes ». Il ne dit rien, ni sur la définition de cette orthodoxie, ni sur le ou les critères qui permettent de ranger un historien parmi les orthodoxes mais une chose est certaine : il ne choisit que de courtes citations, sans aucun appareil scientifique permettant de les discuter du point de vue des méthodes permettant d’aboutir aux conclusions citées et la journaliste questionneuse, Maja Neskovic, ne le relance jamais pour que Bricmont soit poussé à les aborder. Si elle l’avait fait, et si Bricmont avait répondu il se serait, alors s’agit d’une véritable contextualisation bien plus intéressante que ce qu’on peut entendre dans l’émission diffusée. De plus, ces citations vont toutes dans le même sens, celui du doute à l’égard de l’existence de ce Génocide. Pourtant, il existe des travaux d’historiens qui ont la qualité d’expliciter clairement leur méthodologie, comme, par exemple, ceux de Raul Hilberg et son ouvrage : La destruction des juifs d’Europe, dans ses diverses éditions. Et, surtout, il existe encore des survivants, certes désormais peu nombreux, mais dont de nombreux témoignages ont été recueillis par divers moyens et qui attestent la réalité des faits relatifs au Génocide des juifs. Bricmont osera-t-il dire à ces anciens déportés qu’ils sont des menteurs ? Mais, les faits étant difficilement contestables, Bricmont préfère déplacer la discussion sur un terrain annexe, celui du moment et des individus ayant décidé le Génocide. Mais c’est là un objet de controverse secondaire dont la résolution, quelle qu’elle soit, ne saurait contredire l’existence même du Génocide.
    A l’écoute des données unilatérales citées par Bricmont, on en vient, facilement , à penser que s’il y a doute quant à l’existence du Génocide c’est que celui-ci a été inventé. Et que cette invention ne peut être que l’œuvre des juifs. Il s’agit, ainsi, d’une entreprise de haine à l’égard de ceux-ci laquelle relève de l’antisémitisme pur et simple.
    Il reste le principe de la liberté d’expression. On notera que, contrairement à ce qu’affirme Bricmont, la loi Gayssot n’empêche nullement les recherches historiques sur le Génocide des juifs de se poursuivre, comme en attestent les diverses publications sur le sujet du Génocide des juifs qui ont eu lieu depuis sa promulgation. Mais le problème posé est celui de savoir si on doit avoir la liberté de « tout dire » ? C’est là un principe profondément pervers car cette démarche, basée sur un individualisme sans concession, refuse, au fond, le droit à l’existence de sociétés régulées par des normes sociales. Dans cet individualisme jusqu’au-boutiste, on peut tout dire, y compris les mensonges les plus éhontés. Au fond, cette liberté d’expression dont se réclame Bricmont n’est que le nom qu’on donne à la liberté de mentir sur l’une des souffrances les plus terribles qu’ait eue à subir l’humanité pendant son histoire. Il est du devoir de l’Etat de protéger les générations futures contre le négationnisme, à des fins éducatives, afin qu’il soit admis que tout n’est pas permis contre l’être humain. Refuser ce rôle à l’Etat, c’est, au fond, refuser de prévenir l’humanité contre des risques à venir toujours possibles comme l’actualité nous le montre, d’ailleurs, très bien. Plaider contre ce rôle de l’Etat c’est plaider contre l’intérêt de l’humanité. C’est ce que fait Bricmont que vous aidez dans sa tâche.
    Quant à votre réponse à Daniel Schneiderman, elle constitue un autre sujet de scandale. Vous y défendez l’opinion de Bricmont à propos de la décision prise, en référé, par le Président de la section du contentieux du Conseil d’Etat, en conformité avec les compétences que lui donnent les textes en vigueur, à propos du spectacle de Dieudonné, opinion selon laquelle il n’était pas légitime qu’un magistrat juif puisse statuer dans une affaire qui concernait les juifs. Cette suspicion est insupportable car elle ne concerne que les juifs. Mais, en supposant qu’elle soit mise en œuvre contre d’autres que les juifs, la logique d’une telle suspicion mène à des conséquences totalement inacceptables. Car, dans ces conditions, sachant que l’Eglise catholique a pris des positions très fermes sur certaines questions, ne devrait-on pas récuser tous les magistrats catholiques à chaque fois qu’une affaire vient devant les tribunaux et qu’elle concerne l’une de ces questions sur lesquelles l’Eglise s’est prononcée ? Poussons plus loin, s’il est possible, cette logique à seule fin d’en explorer l’absurdité. Après tout, La journaliste questionneuse de Bricmont s’appelle Maja Neskovic, nom manifestement slave. Or, chacun sait que dans les pays slaves, il existe une importante et vieille tradition d’antisémitisme. Dès lors pourquoi ne pas suspecter la dite journaliste d’être complice de l’antisémitisme de Bricmont, d’où s’expliqueraient ses questions ou absences de questions favorables à Bricmont. On voit bien que, si cette logique était mise en œuvre, on aboutirait à une suspicion généralisée très proche des théories du complot et à un invraisemblable communautarisme négatif, totalement contraire aux principes qui régissent notre pays et qui trouvent leur source dans la Révolution française, notamment le principe de laïcité.
    Or, de manière choquante, à seule fin de prendre la défense de l’indéfendable Bricmont, vous n’avez pas hésité à recourir à un argument que vous prétendez « juridique », sans doute pour lui donner plus d’autorité, alors qu’il est sans fondement. En effet, s’il existe bien une théorie des apparences que vous invoquez au profit de Bricmont, qui, concernant le contentieux administratif, exige qu’une décision des tribunaux administratifs soit non seulement neutre mais présente « les apparences de la neutralité », en fait, l’unique application de cette théorie par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme concerne l’utilisation du titre de « commissaire du gouvernement » par l’un des magistrats composant les tribunaux administratifs français, dénomination qui pourrait, en effet, laisser penser que ce magistrat ne serait pas neutre dans un conflit entre un citoyen et l’administration. Mais vous seriez bien en peine de citer la moindre décision du moindre tribunal qui reprendrait cette notion d’apparence de la neutralité à propos de l’appartenance religieuse. Ainsi votre prétendu « argument juridique » s’effondre totalement.
    La seule question à laquelle je n’ai pas de réponse est de savoir pourquoi, porteuse d’un projet audiovisuel à visée culturelle, à la fois original, ambitieux et séduisant vous vous acharnez à diffuser et à défendre des idées qui, bien que se retranchant derrière la notion de liberté sont, en fait, autant de ruptures vis-à-vis d’un ordre démocratique qui aurait bien plutôt besoin d’être revivifié.
    J’attends avec intérêt votre réponse aux propos ci-dessus.

  25. Papriko

    « En fait pour résumer la polémique … »
    @ tzitzimiti : résumer la péolémique !? On n’attendait que vous, bien sûr. Ça va, les chevilles ?

  26. Papriko

    @ Jacques LEWKOWICZ :
    Des problèmes vous font hésiter à renouveler votre abonnement à ce site ?
    Si je puis me permettre : n’hésitez plus !

  27. Jacques LEWKOWICZ

    @ R S T
    Raccourcis …contre vérités…certitudes…vérité révélée…
    Eh bien me voila habillé pour l’hiver par votre commentaire !
    En fait, il s’agit de ma part, d’une critique ne laissant la place à aucune concession. Je combats l’antisémitisme avec la dernière rigueur et c’est , sans doute, ce qui vous est insupportable. Il serait préférable de laisser une petite chance à l’antisémitisme, n’est ce pas ? Eh bien non, si on pense, comme vous l’écrivez que le génocide a existé, on ne laisse pas la moindre chance au doute sur ce point de s’exprimer. C’est une simple question de cohérence.
    « C’est parce qu’il y a des gens comme vous qui écrivent ce que vous écrivez que des gens comme Bricmont sont indispensables », écrivez vous.
    Je pense que c’est exactement le contraire, c’est parce qu’il y a des gens comme Bricmont qui écrivent ce qu’ils écrivent que des gens comme moi sont indispensables. Et je regrette seulement qu’ils ne soient pas plus nombreux sur ce forum. Ce qu’ils auraient été si nous nous étions situés seulement dix ans plus tôt. Mais nous vivons un temps ou les boussoles sont déboussolées, ou la gauche n’est plus la gauche, ou l’extrème droite relève la tête, ou on a pu voir Paris des gens défiler en criant : « juif, casse toi, la France n’est pas à toi », etc.. Il faut bien que quelques uns se lèvent pour résister à ce déboussolement.

  28. Papriko

    @ tzitzimitl :

    Réponse à : « Je ne vois pas en quoi le fait de tenter de résumer une polémique traduirait une quelconque prétention […] ce n’est que mon avis, et je pense pouvoir l’exprimer sans que ce soit pris pour de la condescendance, non ?  »

    Je n’ai peut-être pas bien compris votre intention. Mais je persiste à penser que votre message est ambigu:
    1 – Parce qu’il arrive après des dizaines d’autres messages (et même des centaines si on inclut ceux publiés sur le site d’@rret sur images) et qu’on a du mal à imaginer que tout n’a pas déjà été dit et que vous puissiez résumer tout ce qui a été dit et en tirer une conclusion;
    2 – parce qu’il se veut neutre et impartial, alors qu’il contient abondamment les mots « antisémite » et « antisémitisme », ce qui, que ce soit volontaire ou involontaire de votre part, colore votre analyse en en faisant une question essentielle, alors que les partisans de Bricmont affirment qu’on lui fait un mauvais procès et que lui-même ne cesse d’affirmer que c’est un sujet qui ne l’intéresse pas.
    Je n’irai pas plus loin car pour ne pas faire redémarrer une polémique qui repose en partie sur des malentendus, notamment sur la définition de l’antisémitisme, ce qui serait à nouveau défavorable à Bricmont car, je le répète, la simple évocation des cette question (et je ne parle pas des accusations – très graves – de Daniel Schneidermann) constitue une charge contre lui.

  29. Papriko

    @ Jacques LEWKOWICZ:
    Ce que vous écrivez a déjà été dit des centaines de fois. Pensez-vous qu’en le répétant une fois de plus vous faites avancer votre cause ?
    Et si je vous réponds : « C’est vous qui êtes déboussolé, c’est vous qui avez perdu vos repères », est-ce que ça modifiera d’un iota vos convictions? Alors, à quoi bon ? Continuez à penser que Bricmont est antisémite et que ceux qui ont de l’estime pour lui le sont également (Maja, Judith, tous les abonnés à Hors-Série – j’en fais partie – qui le considèrent comme un honnête homme, etc.). Mais, s’il vous plait, arrêtons cette discussion.

  30. Jacques LEWKOWICZ

    @ Papriko

    Si on veut, vraiment, défendre la liberté d’expression (y compris parmi des juifs), voila une bien meilleure occasion de le faire :

    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20141022-maximilien-leroy-israel-auteur-francais-bd-palestine-gaza-interdit-sejour-/

  31. Jacques LEWKOWICZ

    @ R S T
    Si je n’ai pas répondu à vos questions c’est qu’elles manquent de pertinence.
    Vous admettez qu’il vous est insupportable qu’on combatte l’antisémitisme avec la dernière rigueur. Mieux vaut donc qu’on le laisse prospérer d’après vous, sans doute. Ainsi il est bien vrai que nous n’avons rien à nous dire car nos valeurs sont trop différentes.
    Mais je reste déterminé à combattre vos idées malfaisantes et tous vos semblables qui les propagent.

  32. Jacques LEWKOWICZ

    @airone
    Vous faites erreur, je n’ai rien de commun avec Meyer Habib dont je combats le soutien inconditionnel qu’il accorde à la politique d’Israël.
    Mais je reste déterminé à combattre l’antisémitisme car critiquer la politique d’Israël est une chose, mais nier l’existence du Génocide des des juifs pendant la seconde guerre mondiale en est une autre tout comme critiquer l’excellente loi Gayssot car elle est une protection préventive de l’antisémitisme et du racisme ; elle doit être non seulement maintenue mais renforcée.

  33. Dominique L

    Je viens seulement de regarder cet entretien que j’avais téléchargé…
    Les commentaires violents montrent, s’il en est besoin, comment la liberté d’exprimer son opinion n’est plaisante que lorsque celui qui parle est de son avis, ce que répète à plusieurs reprises Bricmont.

    Il évoque à plusieurs reprises la composition capitalistes des média qui ruine la diversité.
    Ça n’a pas beaucoup ému certains commentateurs qui font beaucoup de bruit sur l’antisémitisme de Bricmont et beaucoup moins sur la nécessaire diversité des média…

    Et voilà Hors Série qui apparait avec une liberté dont Maja use et craint le pire car elle l’évoque subrepticement dans cet entretien.
    C’est pour ce risque pris par Hors Série que je suis ravi de vous soutenir.

    La fureur de DS sur @si est, pour moi, incompréhensible de la part de quelqu’un qui a n’a eu de cesse, pour notre plus grand plaisir, d’organiser la contradiction et de se poser en défenseur de la confrontation.

    PS: Comme un autre lecteur, à 70 ans, j’ai du mal de lire sur fond noir.

  34. SirDeck

    Coucou Maja,

    Cette histoire a du bon, nous nous sommes abonnés. On m’avait parlé de certains départs en vrille de Daniel Shneiderman, mais de le lire en direct reste déstabilisant. Sa critique de ton travail nous a semblé suspecte (on se tutoie, on est un peu de la même génération, tout ça ;). La réponse de Judith confirme qu’elle est injuste. Pour marquer notre soutien, on s’est abonné. En regardant enfin l’émission (on en a regardé d’autres avant ; elles nous attiraient plus), je t’ai trouvé très attentive, tu savais où tu mettais les pieds. Tu dis toi-même qu’après ça, certains allaient te faire pousser une moustache très années trente (tu le dis autrement, mais c’est l’idée). Il me semble que tu as été très adroite (en un seul mot) dans tes précisions.

    Pour en revenir à Daniel Shneiderman, peut-être qu’il s’est fait attraper par ton côté inspecteur Colombo. Tu sais le type qui se fait sous-estimer par ses interlocuteurs pour mieux les accoucher. Mais normalement, le spectateur de Colombo sait bien qu’il a du talent, il l’a déjà vu faire. Nous aussi on t’a déjà vu faire… Non, cela reste mystérieux. Comment Daniel Shneiderman peut-il être aveugle à ce point ? En fait, c’est beau, c’est irrationnel, incontrôlable, inconscient, humain.

  35. Fred GOT

    c

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