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Qu’espérer de la Constitution ?

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La méfiance croissante des citoyens français pour les partis traditionnels, la montée de l’abstentionnisme, et les nouvelles pratiques du pouvoir sous Macron, sont analysées par les médias comme les symptômes d’une crise institutionnelle. Ainsi voit-on défiler sur les plateaux de chaînes en continu des experts qui déploient leur exégèse de la Constitution. Écrite en 1958, bâtie par et pour le général de Gaulle, elle semble à bout de souffle et on entend poindre l’idée d’une réforme ou d’une réécriture constitutionnelles. Mais, sommes-nous réellement dans une crise de régime qui nécessite le renouveau du constitutionnalisme ? Plus encore, qu’ont réellement fait les constitutions à nos sociétés pour qu’on ne puisse plus penser la politique sans elles ?
En adoptant une méthode à la fois historique et comparative, Lauréline Fontaine nous montre que les constitutions et l’imaginaire de progrès qu’elles charrient sont bien loin des vertus qu’on leur prête, et ont souvent échoué à réaliser les idéaux qu’elles portaient. Au contraire, les constitutions sont davantage des ressources de légitimation et d’extension du pouvoir que des instruments de sa limitation.
À l’occasion de cet entretien, nous revenons sur les conditions historiques d’émergence du constitutionnalisme, un genre de discours qui comporte des similitudes avec les contes et les utopies. La question de l’écriture et de sa performativité supposée nous amènent également à défaire le mythe d’une démocratisation de la loi par son écriture, son impression et sa diffusion publique. Le langage constitutionnel, régulièrement réduit à une technicité juridique, semble être le domaine gardé de quelques connaisseurs, et ce depuis longtemps.
En pratique, l’objet constitutionnel est confisqué de la sphère du débat public et ses effets sont ceux d’une mise à distance des peuples vis-à-vis du pouvoir. Lauréline Fontaine, professeure en droit public et constitutionnel, nous enjoint ainsi à ne pas s’illusionner sur la capacité des constitutions à changer les pratiques du pouvoir politique, ou la domination économique.
Un spectre traverse cependant tout notre dialogue : faut-il être ou ne pas être constitutionnel ? Face à l’inefficience de ces textes, faut-il s’en remettre à la désobéissance civile, voire à la violence révolutionnaire ?
Galatée de Larminat
8 réponses à “Qu’espérer de la Constitution ?”
Merci beaucoup pour cet entretien très clair, intéressant et instructif. Je signale une petite coquille, au cas où elle pourrait être corrigée : « janiver » a été écrit à la place de « janvier », au début de la vidéo.
Merci beaucoup pour cet entretien très clair, intéressant et instructif. Je signale une petite coquille, au cas où elle pourrait être corrigée : « janiver » a été écrit à la place de « janvier », au début de la vidéo.
Encore en vie pour lire le commentaire qui suit? La prof à La Sorbonne marxiste ? On croit rêver! la lecture des livres de Madame Lacroix-Riz augmenterait sa connaissance de l’Union européenne! Tout est possible en matière de constitution et de son contrôle si on accepte de raisonner de manière communiste : la suppression de la propriété privée est même indispensable si on veut survivre en tant qu’espèce humaine. Soyez sympathiques , invitez des intervenants qui donnent espoir. L’intelligence collective est capable de déplacer les montagnes du capitalisme qui détruit tout.Les intellos pessimistes doivent laisser place à l’imagination constructive…
Je n’ai pas encore lu le livre de Mme Lauréline Fontaine, mais cet entretien m’a vraiment donné envie de le faire.
Récemment, j’ai découvert à l’occasion des questionnements sur le 49-3 que la constitution de la 5 eme avait été calquée sur celle de la République de Weimar. Mes souvenirs (lointains) de cours de droit constit, s’éclairent d’un jour nouveau et c’est bien plus intéressant.Merci pour cette émission avec cette invitée qui avait déjà bien élucidé l’incompétence notoire des (pas) « sages » du conseil constitutionnel en mars 2024.
https://www.monde-diplomatique.fr/2024/03/FONTAINE/66636
Et pour illustrer la pertinence de son propos pessimiste (mais hélas réaliste) :
Propos entendu lors du dernier colloque du CNCCFP « L’exigence de transparence, d’exemplarité, demande plus de règles, mais je plaide pour un assouplissement de ces règles, plus intelligibles, plus libérales », a ainsi défendu le président de la première table ronde, Pierre Esplugas, professeur en droit public à l’université de Toulouse-Capitole.
https://www.mediapart.fr/journal/france/230125/face-aux-scandales-la-commission-des-comptes-de-campagne-acte-son-impuissanceMerci pour votre émission, je l’ai trouvé très éclairante, réaliste et avec un souffle final humaniste.
Je souhaite à Lauréline Fontaine beaucoup de conférences et interview à venir sur Beur FM et autres formats publics.Merci pour ce matériau dont vous avez raison de dire qu’il nous appartient d’en tirer les conclusions mais qui en tout état de cause nous outille pour le faire.
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