Didier Fassin dénonce le consentement de l’Occident à l’écrasement de Gaza[1] ; c’est une erreur. Les États-Unis, l’Europe, ne « consentent » pas aux massacres des Palestiniens, ils leur fournissent un soutien actif. Dans l’histoire de l’infâmie au XXIe siècle, l’Union européenne est entrée par une porte dérobée. Après une visite, pourtant contestée, d’Ursula Von der Leyen auprès du gouvernement israélien – déjà génocidaire par ses actes non moins que ses discours officiels – la Commission européenne a pris acte des déclarations de soutien de sa Présidente par ses voies d’expression favorites : la bureaucratie et l’argent. Dès novembre 2023 était publiée une annexe au budget annuel de l’UE prévoyant le financement de projets de « renforcement de la vie juive » et de perpétuation de la mémoire de l’holocauste[2], pendant que l’armée israélienne démolissait toutes les infrastructures pour une vie palestinienne et effaçait les traces d’une mémoire palestinienne, y compris sous la terre, en extrayant les cadavres des cimetières de Gaza[3]. Mais avant que la Commission ne mobilise l’argent du contribuable européen pour rendre son indignation coupable d’antisémitisme, plus de 250 millions de dollars avaient déjà financé des recherches académiques parfois directement liés à des programmes militaires de Tsahal[4].
Économie politique du consentement des pays arabes
Un simple « consentement » au génocide de Gaza vaudrait davantage pour les pays Arabes épargnés par les expéditions militaires des États-Unis et de ses alliés depuis le 11 septembre 2001 : consentement dont le caractère ambigu tient à la nature des liens qu’ils ont noués récemment avec leur ennemi d’antan. Engels, par ses écrits militaires, a inspiré l’idée d’un mode social d’extermination dont les États auraient le monopole, selon une logique propre distincte du mode de production capitaliste[5]. Ce monopole des moyens d’extermination non seulement renforce le pouvoir répressif de l’État contre sa propre société, mais entraîne une rivalité interétatique qui se superpose à la concurrence capitaliste des grands groupes, monopoles et cartels. Pourtant ce mode social d’extermination détermine moins une logique distincte du mode de production capitaliste qu’il ne détermine l’économique en première instance des rapports interétatiques, à condition d’entendre par « économique » une géoéconomie militaire et sécuritaire qui s’est constituée à travers les relations interétatiques du Moyen-Orient et d’une partie de l’Europe orientale.
Kant prétendait dans son projet de paix perpétuelle que l’esprit de commerce ne pouvait coexister avec la guerre, et que la puissance d’argent forcerait ce que le droit cosmopolitique était incapable d’accomplir, à savoir des alliances durables conduisant à la paix[6]. Mais il ne pouvait s’imaginer que l’esprit de commerce serait mis au service de la guerre elle-même. Bien plus, que la guerre formerait le principal ressort de la coopération industrielle et des liens commerciaux, au point de « fraterniser les impossibilités »[7].

Victoire diplomatique d’Israël au Moyen-Orient
Cette géoéconomie implique là aussi des ressources, des infrastructures, des systèmes d’information, des coopérations industrielles telles que les alliances conclues par Israël ces dernières années avec les pays arabes lui garantissent une entière liberté dans sa politique d’annexion des territoires palestiniens, fût-elle conduite au moyen de la décimation et de la déportation de ses habitants. Il faut donc voir ce consentement au génocide, à la fois passif subjectivement et actif objectivement, non comme une défaite morale, mais d’abord comme une victoire diplomatique d’Israël dans un Moyen-Orient redessiné avec le sang des quelque 4,5 millions de morts que les interventions militaires des États-Unis ont fait couler depuis 2001[8].
Ces impossibilités n’auraient pu fraterniser sans que des menaces ne convertissent en amis d’Israël les ennemis de leurs ennemis communs : une menace « d’en bas », provenant des printemps arabes de 2011-2013 et dont les Frères musulmans sont la traduction politique, et une menace « d’en haut », incarnée à l’Est d’Israël par l’Iran, à l’Ouest par la Turquie. Et c’est comme État à la pointe de l’industrie sécuritaire et militaire, de la sécurité intérieure et de la guerre extérieure, qu’Israël est devenu l’allié contre-nature de ses voisins arabes.
Fin du socialisme arabe et liquidation de la question palestinienne
Il avait fallu la chute de l’Union soviétique pour faire couler les dollars sur les marchés libéralisés. Il aura fallu l’annihilation du socialisme arabe pour faire couler le pétrole dans les pipelines du maché mondial unifié. Pour Israël, la fin du socialisme arabe lui assurait le libre pouvoir de faire couler le sang des Palestiniens. À la veille de prendre la tête du gouvernement en 2022, Netanyahou déclarait : « Si vous vous demandez quel est mon objectif aujourd’hui, je vous répondrai qu’il s’agit d’une question d’actualité. La première chose est d’empêcher l’Iran de nous anéantir. C’est simple. La deuxième chose est d’élargir le cercle de la paix au-delà de notre imagination. Faire la paix avec l’Arabie saoudite serait une réussite extraordinaire, car cela mettrait fin au conflit israélo-arabe.[9] » Élargir le cercle de la paix, c’est évidemment déplacer le centre du cercle en dehors des frontières de la Palestine, c’est promouvoir une solution dite « extérieure » à la question palestinienne, en trouvant un accord sur les territoires palestiniens qui passe par-dessus la tête des Palestiniens eux-mêmes.
En réalité, l’importance de la question palestinienne dans les relations d’Israël avec les États arabes a commencé dès les Accords d’Oslo qui établirent la division de jure les territoires palestiniens en trois zones, avant une division de facto en deux parties, avec une Cisjordanie gouvernée par l’Autorité palestinienne et une bande de Gaza dirigée par le Hamas à partir de 2006. Or, que le Hamas s’identifie comme un groupe armé radical membre des Frères musulmans a facilité cette marginalisation auprès des monarchies de la région. Cette tendance s’est accélérée avec les Printemps arabes de 2011-2013, que ces États ont perçus comme une menace pour leur sécurité intérieure[10].
Israël, agence de sécurité contre les aspirations démocratiques arabes
La coopération avec Israël, qui s’est fait de la surveillance et du contrôle des populations une spécialité après trois quarts de siècle de colonisation et d’apartheid, a donc enterré le panarabisme des régimes autoritaires, qui ont trouvé dans « la seule démocratie du Moyen-Orient » leur agence de sécurité contre les aspirations démocratiques des peuples portées par l’Islam politique des Frères musulmans. Sans doute le panarabisme vivait déjà sa longue agonie depuis la chute successive de ses dernières figures : Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi et Bachar Al Assad… Mais l’enterrement eut lieu le 13 août 2020 avec, pour épitaphe, les Accords d’Abraham, signés par Israël avec le Bahreïn et les Émirats arabes unis d’abord, avec le Maroc et le Soudan un an plus tard, établissant la normalisation de leurs relations diplomatiques. Or cette entente n’impose aucune mesure spécifique par rapport au problème palestinien, si ce n’est la suspension, temporaire seulement, de l’annexion de la Cisjordanie[11].
Sans doute les pays signataires n’ont jamais formé l’avant-garde du panarabisme. Mais au moment de sa fondation en 1945, trois principes réunissaient tous les membres de la Ligue arabe : défendre les intérêts des États arabes, régler leurs différends territoriaux et s’opposer à la création d’un État Juif en Palestine. La défaite humiliante de la première guerre israélo-arabe de 1948 et la Nakba qui s’en est suivie n’ont fait que renforcer ce rejet principiel d’Israël et du sionisme. Après la guerre des Six-Jours de 1967 (Nakssa), l’opposition à Israël s’est faite plus intransigeante au sommet de Khartoum, où la Ligue s’est prononcée pour un triple refus : refus de la reconnaissance, de la négociation et de la coexistence avec Israël[12]. Enfin lors de la seconde intifada, en 2002, la Ligue formule une Initiative de paix arabe qui conditionne la normalisation des relations avec Israël à la création d’un État palestinien sur les frontières de 1967.
En réalité, dès le début du XXe siècle, le panarabisme, né du réveil de l’orgueil des Arabes contre le joug ottoman, percevait l’implantation juive en Palestine comme une menace de nature impérialiste.[13] Au nom de la solidarité arabe et anti-impérialiste, le soutien à la cause Palestinienne a longtemps été central au Moyen-Orient, l’OLP indiquant dans sa charte que « la libération de la Palestine, d’un point de vue arabe, est un devoir national ». Avec les Accords d’Abraham, la libération de la Palestine, d’un point de vue national, n’est plus un devoir arabe, elle n’est plus rien qu’un devoir moral laissant aux États « des centaines de subterfuges et de déguisements pour s’y dérober ».
Israël, « ange de la mort » contre les menaces d’en haut
Les menaces d’en haut démontrent par une ironie de l’histoire comment la guerre accomplit l’œuvre que Kant entendait confier au droit cosmopolitique. D’abord principaux, sinon uniques alliés régionaux d’Israël à l’époque du panarabisme, la Turquie et l’Iran en sont devenus peu à peu les ennemis, poussant les pays sunnites et Israël à « de grandes unions en vue de la guerre » : la Turquie par son hostilité historique envers la Grèce et Chypre, mais aussi par son soutien aux mouvements islamistes populaires contestant le pouvoir des pétromonarchies du Golfe ; l’Iran par le danger que son système de missiles et son programme d’armement nucléaire font peser sur Israël et ses alliés contre-nature.
Un général à la retraite, Yaakov Amidror, conseiller à la sécurité nationale de Benjamin Netanyahou entre 2011 et 2013, déclarait : « Israël peut servir de pont entre ces deux blocs [la Méditerranée orientale et le Golfe], à la fois physiquement et conceptuellement, et jouer un rôle plus important dans le développement de toute la région parce qu’il a un pied dans le bloc arabe et l’autre dans la Méditerranée orientale »[14]. Grâce à son extrême avance technologique et logistique en matière de défense et de sécurité, Israël y est parvenu en se faisant l’Azraël[15] de la région.
Israël-Etats-Unis : Amour et passe-muscade
Si l’État hébreu doit son nouveau rôle régional aux initiatives des États-Unis, il s’est pourtant montré bien ingrat envers son autorité de tutelle.[16] C’est qu’au-delà du Moyen-Orient, Israël n’hésite pas à passer des accords d’investissement et de commerce avec les ennemis de ces derniers : la Russie et la Chine. Certes, les liens avec la Russie se sont relâchés depuis son partenariat avec l’Iran en matière de défense, mais aucune entreprise russe partenaire n’a été frappée de sanction depuis l’invasion de l’Ukraine. Et les liens économiques avec la Chine n’ont aucunement faibli, bien que les investissements chinois, dans le port d’Haïfa en particulier, représentent un enjeu sécuritaire pour la marine US qui y amarre régulièrement ses navires[17]. Or, ces contradictions entre l’économique et le géopolitique ne peuvent que s’approfondir à mesure que les intérêts commerciaux d’Israël s’entrelacent à son industrie de la sécurité, qui forme désormais le cœur de son économie et lui assigne sa place dans la division internationale du travail.
Pour autant, les Etats-Unis ne conditionnent jamais leur aide à Israël, conformément à l’autonomie de la logique structurelle de l’État profond vis-à-vis des agitations conjoncturelles du politique[18]. Même l’administration Obama, pourtant la plus réservée vis-à-vis d’Israël depuis au moins les Accords d’Oslo, s’était abstenue de toucher au troisième protocole d’entente sur l’aide militaire, signé avec le gouvernement Netanyahu en 2016 : malgré les désaccords profonds avec les dirigeants israéliens sur la question du programme nucléaire iranien et la politique d’Israël en Cisjordanie, cet accord prévoyait une aide globale de 38 milliards de dollars, soit la plus importante à ce jour. L’aide étrangère à la défense provenant du budget du département d’État américain y était passée de 30 milliards de dollars en 2009-2018 à 33 milliards de dollars. En outre, le protocole incluait pour la première fois un cadre décennal de 5 milliards de dollars provenant du budget américain de la défense pour le financement américain des programmes américano-israéliens de défense antimissile, Israël s’engageant à investir un montant correspondant dans les projets[19].
Dans la foulée, les États-Unis offrirent à Israël les bases militaires inespérées de leur expédition génocidaire, en croyant se donner une intendance pour le Moyen-Orient qu’ils cherchaient à déserter : ils firent entrer Israël dans le CENTCOM, le Commandement central de l’armée états-unienne au Moyen-Orient, dont la base aérienne siège au Qatar[20] et qui comprend le Bahreïn, l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, ou encore le Yémen. Le tournant historique de cette intégration fut directement motivé par la menace iranienne, non seulement comme puissance militaire hostile, mais comme soutien à des groupes armés chiites opérant dans la région (guerre civile au Yémen, attaques contre les installations pétrolières d’Arabie Saoudite en 2019 et des Émirats en 2022).
La coopération militaire régionale à la veille du 7 octobre
Ainsi s’est établi un réseau régional de systèmes d’alerte et d’interception anti-missiles et anti-drones basé sur la technologie israélienne. Dans le sillage de cette coopération, le Congrès américain a adopté l’an dernier le Deterring Enemy Forces and Enabling National Defenses (DEFEND) Act, qui autorise le secrétaire américain à la Défense à mettre en place un système intégré de défense antiaérienne et antimissile avec Israël et d’autres armées partenaires du Moyen-Orient contre l’Iran, impliquant par exemple le partage en temps réel des données nationales de défense aérienne et antimissile des États du Golfe avec Israël[21].
Sur le plan maritime également, une coalition s’est formée très peu de temps avant l’attaque du 7 octobre. La chronologie interpelle : le 1er septembre 2023 le Commandement central des forces navales des États-Unis (NAVCENT) accueille la Jordanie en tant que nouveau membre de l’International Maritime Security Construct, une coalition maritime multinationale établie en 2019 pour dissuader les attaques contre la navigation commerciale au Moyen-Orient[22]. Et le 4 septembre, c’est au tour du ministre des affaires étrangères d’Israël d’être reçu pour des discussions sur la coopération régionale en matière de sécurité maritime[23].
Peu de temps après la frappe israélienne du 1er avril 2024 sur le consulat iranien à Damas – qui a tué plusieurs officiers des Gardiens de la Révolution – des hauts responsables Américains ont alors convaincu les Émirats Arabes Unis, l’Arabie saoudite et le Bahreïn de partager les informations et de participer à l’interception de drones et de missiles que l’Iran pourrait lancer sur Israël. Quant à la Jordanie, elle a ouvert son espace aérien aux avions américains, britanniques, et français en plus de sa participation à l’interception des drones et missiles iraniens. C’est la première fois dans l’histoire que la Jordanie et d’autres États arabes participent à la défense d’Israël.
La coopération énergétique régionale après la guerre d’Ukraine
Parfois, c’est la Nature qui pervertit la Société et la force à unir les contraires : la proximité des champs gaziers égyptiens, chypriotes et israéliens a ainsi précipité ces pays dans une coopération énergétique irréversible à plus ou moins long terme. Car à l’ouest, la polarisation s’est faite cette fois contre la Turquie, dont l’hostilité se faisait désormais plus franche envers les États entourant la manne gazière de l’Est méditerranéen[24].
Avec la guerre en Ukraine et les difficultés d’approvisionnement en gaz qui en ont résulté, du fait notamment des sanctions contre la Russie, Israël a pu dire à la Grèce, à Chypre, à la Jordanie : « Hors moi il n’y a point de sauveur ». Pour l’Égypte en premier lieu, qui fait face à une forte demande intérieure et des difficultés dans la production de son gaz. D’où la nécessité d’un flux constant et important vers les installations de liquéfaction, afin de maintenir un volume d’exportation régulier. Or, le gaz récemment découvert sur les côtes d’Israël, mais aussi sur celles de Gaza, répond à ce besoin[25].
De manière générale, les accords de longue durée et la construction de gazoducs reliant les gaz israélien, jordanien et égyptien ajoutent aux relations stratégiques et sécuritaires une composante vitale à cette alliance régionale. Ainsi plus de la moitié de l’électricité jordanienne est produite à partir du gaz israélien. De même que 10 % de la consommation annuelle en Jordanie provient de compagnies d’eau israéliennes[26]
Civilisation et barbarie
Comme il est manifestement plus facile de s’accorder sur les droits de la nature non-humaine que sur ceux de la nature humaine, la crise du changement climatique promet elle aussi de belles coopérations régionales, en raison des conditions environnementales particulières au Moyen-Orient. De même qu’Israël se proclame champion de la démocratie au Moyen-Orient, il se veut l’avant-garde des solutions innovantes, comme le signalent l’accord trilatéral Jordanie-Émirats Arabes Unis-Israël sur l’énergie solaire et l’eau dessalée, mais aussi le récent accord israélo-jordanien sur la conservation et la protection du bassin hydrographique du Jourdain (nettoyage des polluants et des risques, rétablissement du débit de l’eau et renforcement des écosystèmes naturels).
Cette coexistence d’archaïsme et d’ultra-modernisme, d’ignoble cruauté[27] et de haute technologie, tient au statut particulier d’Israël au Proche-Orient : à la fois un bataillon régional de l’armée états-unienne et un État fondé sur les archaïsmes de la religion, de l’ethnie et du nationalisme. Israël mène une guerre dirigée par Intelligence Artificielle, mais dont l’objet désormais unique est le massacre des innocents (et l’élimination de tous ceux s’avisant d’œuvrer à leur survie[28]) et le but, l’annexion de territoires mentionnés dans un livre d’histoire rédigé il y a 3000 ans. Israël passe des accords stratégiques, industriels et même culturels qui dépassent les nationalismes et les religions, mais au service des luttes confessionnelles et d’intérêts nationaux de régimes islamistes ultra-conservateurs et autoritaires. Israël fait danser la communauté LGBTQ+ sur les plages de Tel-Aviv[29] mais sur fond d’apartheid et de ségrégation qui semblaient déjà d’un autre âge à l’époque de l’Afrique du Sud ; mais aussi sur fond d’un soutien à la répression des mouvements populaires pour la démocratie dans les pays du Golfe.
Le peuple palestinien est lui aussi traversé par la contradiction, entre sa déshumanisation par l’occupant israélien et ses liens de coopération post-capitalistes et globalisés avec des agences de l’ONU, des ONG, des associations qui, à l’origine, tenaient lieu de caution humanitaire à l’occupation israélienne. Même le droit international, qui était hier revendiqué par les puissances impérialistes, est aujourd’hui brandi par le Sud global contre l’Occident qui, avec Israël, se revendique désormais du droit du plus fort et de la loi du talion : « Israël a le droit de se défendre » disait-on en cœur[30] ; l’assassinat de Nasrallah est « une mesure de justice » déclarait Biden[31].
Ce soutien inconditionnel des États-Unis, de l’Europe et de leurs grandes entreprises technologiques aux atrocités guidées par IA générative à Gaza nous rappelle que l’Occident, sous hégémonie états-unienne, fit servir les 6 et 9 août 1945 les fruits délicats de sa civilisation à des actes de pure barbarie.
[1] Didier Fassin, Une étrange défaite. Sur le consentement à l’écrasement de Gaza, PUF, Paris, 2024.
[2] https://neighbourhood-enlargement.ec.europa.eu/system/files/2023-11/C_2023_8324_F1_ANNEX_EN_V2_P1_3131129.PDF
[3] https://edition.cnn.com/2024/01/20/middleeast/israel-gaza-cemeteries-desecrated-investigation-intl-cmd/index.html
[4] https://www.aljazeera.com/news/2024/12/18/eu-horizon-funding-israel
[5] Streeck, W. (2020), “Engels’s second theory: technology, warfare and the growth of the stat”, New Left Review, 123 (May–June), 75–88.
[6] Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle, Flammarion, Paris, 2006, p. 107.
[7] Karl Marx, Manuscrits de 1844, Flammarion,
[9] Joshua S. Krasna et Hadar Lasry, “Israel and the Emerging Strategic Architecture in the Middle East”, Orbis, Volume 67, Issue 2, 2023, p. 217.
[10] Yossef, Amr, and Joseph R Cerami. The Arab Spring and the Geopolitics of the Middle East: Emerging Security Threats and Revolutionary Change. Palgrave Pivot. Houndmills, Basingstoke, Hampshire: Palgrave Macmillan, 2015.
[11] Yasmina Asrarguis, Barak Ravid, Erel Margalit, Martin Indyk, Aron David Miller. “The Abraham Accords Report ». Sciences Po. 2023, p. 18.
[12] Baruch Kimmerling, Joel S. Migdal, The Palestinian People. A History, Cambridge: Harvard University Press, 2003, pp. 253-254.
[13] Voir Négib Azouri, maronite libanais, qui écrit en 1906 un ouvrage intitulé le réveil de la nation arabe dans l’Asie turque.
[14] Joshua S. Krasna et Hadar Lasry, Op. Cit., p. 215.
[15] Dans les traditions juive et islamique, Azraël est l’Ange de la mort signifiant en hébreu « celui que Dieu aide ».
[16] Les États-Unis ont dépensé une vingtaine de milliards de dollars en soutien au génocide de Gaza, soit un dixième de la totalité de leur aide depuis la création d’Israël. Voir Jean-Pierre Filiu, « Jamais les États-Unis n’ont soutenu aussi massivement une guerre d’Israël » Le Monde, 3 novembre 2024.
[17] Natan Sachs & Kevin Huggard, “Israel and the Middle East Amid U.S.-China Competition,” Brookings, July 20, 2020 : https://www.brookings.edu/articles/israel-and-the-middle-east-amid-u-s-china-competition/
[18] Even, S. (2020). US military aid – Still a strategic asset for Israel. In S. Hadad, T. Fadlon, & S. Even (Eds.), Israel’s Defense Industry and US Security Aid (pp. 129–140). The Institute for National Security Studies.
[19] Sasson Hadad (2020), “Is the Aid Agreement Essential for Israel? A Cost-Benefit Analysis”, In S. Hadad, T. Fadlon, & S. Even (Eds.), Israel’s Defense Industry and US Security Aid, The Institute for National Security Studies, p. 143.
[20] Joshua S. Krasna et Hadar Lasry, Op. Cit., p. 225.
[21] https://mcmorris.house.gov/posts/mcmorris-rodgers-abraham-accords-caucus-introduce-bill-to-unite-middle-east-partners-against-iranian-aggression
[22] https://www.cusnc.navy.mil/Media/News/Display/Article/3514103/middle-east-naval-coalition-expands-with-jordan-as-12th-member/
[23] https://www.cusnc.navy.mil/Media/News/Display/Article/3514607/navcent-hosts-israeli-foreign-minister/
[24] Colibasanu, Antonia. Turkey’s Evolving Geopolitical Strategy in the Black Sea. Foreign Policy Research Institute, 4 Dec. 2024, https://www.fpri.org/article/2024/12/turkeys-evolving-geopolitical-strategy-in-the-black-sea/.
[25] P. 214.
[26] P. 220.
[27] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/26/a-gaza-le-calvaire-d-un-jeune-trisomique-tue-par-un-chien-de-l-armee-israelienne_6258427_3210.html
[28] https://www.aljazeera.com/news/longform/2024/10/8/one-year-of-israels-war-on-gaza-by-the-numbers
[29] https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/l-homonationalisme-drapeau-de-l-occupation-israelienne,1804
[30] https://orientxxi.info/magazine/le-droit-de-se-defendre-ou-comment-faire-accepter-un-genocide,7459
[31] https://www.reuters.com/world/middle-east/nasrallahs-death-is-measure-justice-his-many-victims-biden-says-2024-09-28/
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