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La littérature comme base de données

Aux Ressources

François Bon

C'était la première fois qu'on me disait non. (A une proposition d'entretien sur Hors-Série je veux dire). François Bon n'avait pas envie. L'écrivain pionnier dans l’usage du Web en littérature m'avait renvoyé un mail gentil mais visiblement découragé disant notamment ceci : « toujours aussi peu de perspective de rémunération du travail web à l’horizon, donc s’accrocher à son mini job (heures en école d’art) et serrer la ceinture. » Puis « le monde édition librairie etc ne m’intéresse plus vraiment (et réciproquement, donc tout va bien!) ».

Alors j'ai insisté. Cela aurait été trop dommage de le louper : François Bon a publié ses ouvrages dans les maisons d'édition les plus prestigieuses (Minuit, Seuil ) mais il est en grande partie sorti de ce monde là pour explorer les possibilités narratives et stylistiques offertes par internet (notamment avec remue.net et tierslivre.net) et pour tenter d'inventer un système économique qui va avec, une maison d’édition numérique, Publie.net. L'invité parfait en somme : l'insider qui connaît bien le milieu/marché de l'intérieur, mais suffisamment outsider pour pouvoir tenir un discours critique à son égard et évoquer d'autres pistes, d'autres modèles. Aux ressources n’a pas seulement vocation à parler de l'arrière-plan économique des artistes : mais aussi du contexte politique, institutionnel et technologique de la production culturelle.

Je lui ai donc renvoyé un mail pour expliquer que la question des « ressources » économiques n'était que le « point de départ » de mon émission, et que l'on pourrait gaiement aborder d'autres aspects de son travail, son projet de traduction de Lovecraft, etc. Ce que vous allez voir est donc le produit de cette « négociation » : moi qui essaie quand même de tirer quelques réponses sur les modalités concrètes de l'édition numérique et lui qui n'a décidément pas très envie de se laisser enfermer dans l'angle « Aux ressources ».

Le résultat est parfois un peu chaotique. François Bon a tendance à prendre de longs détours pour répondre à une question, parfois en cours de route on se demande bien où il va, si on l'a perdu pour de bon, et en fait, si, il sait où il va, et il revient à la maison, parfois même avec une réponse à la question! Et j'ai trouvé que ces détours valaient souvent bien la peine.

Après coup, il s'est excusé de ne pas avoir voulu parler davantage « épicerie » et il m'a renvoyé un mail expliquant cette réticence :  « Toutes ces questions sont justifiées et pertinentes, en même temps, dans le contexte de refus sociétal où on est (en gros, vente de livres numériques: 150 €/mois), ou la semaine dernière proposition de Seuil / e-points : 300 € forfaitaire, renouvelés tous les 10 000 téléchargements… !!! il y a vrai besoin à en rester sur les problématiques de fond, et en tout cas assurer notre présence création sans qu’elle soit déterminée par l’économique ».

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

Sur le site de François Bon, Le Tiers Livre, ces deux articles donnent plein d’informations sur l’économie de l’édition

Réflexions pensives sur l’économie du livre

L’auteur doit-il gagner sa vie à écrire ? (digression)

Sur Rue89, Xavier de La Porte a demandé à des écrivains (dont François Bon), ce que le web changeait pour raconter une histoire. C'est ici .

 

Aux Ressources , émission publiée le 12/09/2015
Durée de l'émission : 78 minutes

Regardez un extrait de l'émission