Les peuples du populisme
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Gérard Bras
Laura Raim
« Populiste ». Le terme est employé comme une insulte visant à disqualifier le programme de Jean-Luc Mélenchon, avant que le candidat de la France Insoumise non seulement se l’approprie sur le mode provocateur du retournement de stigmate, mais l’endosse à part entière comme stratégie. Pour la présidentielle de 2017, l’auteur de L’Ere du peuple a notamment puisé dans les travaux de la philosophe politique belge Chantal Mouffe, également proche des fondateurs de Podemos, pour donner le ton à une campagne qui se détourne progressivement des mots de la « vieille gauche ».
Cette réorientation me laisse perplexe : est-ce un problème d’abandonner l'étiquette de gauche, au motif que le signifiant a été trop sali par des décennies de compromissions socialistes ? Sur le fond, le programme économique et social de Mélenchon demeure conforme à ce que j'attends d’un programme de gauche, mais sur d’autres sujets, notamment l’immigration, quelques formules malheureuses m’ont pour le moins gênée… La faute à son virage populiste?
C’est avec ces interrogations en tête que j’ai invité le philosophe Gérard Bras, ancien directeur de programme au Collège International de Philosophie. L’auteur des voies du peuple. Eléments d'une histoire conceptuelle, (Editions Amsterdam) développe en effet une puissante réflexion pour répondre à une question clé : dans quelles conditions la notion de peuple peut-elle être un « opérateur du discours politique susceptible de produire l’unité d’une masse agissant sur le mode de l’émancipation » ?
Laura RAIM