Au-delà de la propriété
Aux Ressources
Benoît Borrits
Laura Raim
Abolir la propriété privée, c’est bien. Abolir la propriété tout court, c’est mieux. Telle est la prémisse de l’ambitieux ouvrage de Benoît Borrits, Au-delà de la propriété (La Découverte 2018). Chercheur indépendant militant, le fondateur du site economie.org s’efforce en effet de poser les bases d’une économie organisée sur le principe du commun. Pour cela, il tire les leçons des expérimentations de propriété collective menées dans la passé, aussi bien à l’échelle de l’entreprise que de la nation. En posant notamment la question épineuse de la place à laisser aux échanges monétaires marchands.
Dans cet entretien, nous revenons sur quatre séquences emblématiques du mouvement ouvrier : le mouvement coopératif du début du XIXe siècle, l’étatisation soviétique, la révolution « conseilliste » espagnole de 1936 et l’autogestion yougoslave sous Tito. Pour Benoît Borrits, ces expériences ont fini par échouer en grande partie parce qu’elles n’ont pas visé la « non propriété » des moyens de production.
Or ces échecs seraient surmontables. Deux mécanismes en particulier peuvent nous aider à dépasser ces limites et nous rapprocher de la disparition totale de la propriété : d’une part les cotisations sociales, qui impliquent la distribution et la socialisation des revenus, d’autre part le financement intégral des entreprises par la dette, qui ouvre la voie à la disparition de leurs fonds propres.
Comme avec les travaux de Bernard Friot, la force de ce genre de propositions réside dans le fait que, contrairement aux appels creux et flous à « réinventer » ou « refonder » la gauche et le monde, elles s’appuient sur du déjà-là anticapitaliste, qu’il nous appartient de généraliser.
Laura RAIM