L'expérience zapatiste
Aux Sources
Jérôme Baschet
Le capitalisme produit chaque jour son cortège de souffrances et son lot de misères. Mais dénoncer ces scandales ne suffit pas à y mettre fin. Tant que nous continuerons à croire que ce système est inébranlable, tant qu’aucune alternative ne nous semblera crédible, tant que nous n’aurons rien à proposer à la place, le capitalisme aura beau jeu de se présenter comme la seule option envisageable.
Comment sortir du fatalisme ? En prenant conscience que de nombreuses expérimentations sont déjà à l’œuvre aujourd’hui, et qu’elles ouvrent des brèches à élargir, répond l’historien Jérôme Baschet dans son ouvrage Adieux au capitalisme. AMAP, circuits courts, coopératives, entreprises autogérées… Les initiatives fourmillent ça et là, en opposition au monde immonde du Capital. La plus féconde de ces utopies réelles, ou du moins la plus importante par sa longévité et sa démographie, se situe au Mexique, dans la région du Chiapas. Depuis l’insurrection du 1er janvier 1994, des centaines de communautés indiennes vivent hors de l’emprise de l’Etat, sur un territoire de la taille de la Bretagne.
Dotés de leurs propres systèmes de santé, d’éducation et de justice, les zapatistes ont construit une forme de démocratie radicale et de société égalitaire. Leur action inspire les rebelles de toute la planète. Bien que l’expérience zapatiste soit solidement ancrée dans la culture locale et l’histoire indigène, elle a une portée universelle. Elle préfigure ce que pourrait être une société libérée du culte de la marchandise, de la logique bureaucratique, de la domination patriarcale et des illusions de la croissance.
Vous avez déjà rêvé de ne travailler plus que douze heures par semaine ? D’être tour à tour maçon, infirmier puis enseignant ? De voir disparaître la publicité qui pollue notre environnement sonore et visuel ? De participer activement à la vie politique de votre quartier ? D’avoir plus de temps pour flâner, buller, dessiner, inventer, voyager, discuter ou cuisiner ? Mais vous vous dites que tout cela est une chimère, que vous êtes un doux rêveur ? Jérôme Baschet démontre le contraire. La base matérielle de la société post-capitaliste est déjà là. Les pièces du puzzle sont prêtes. Il ne reste qu’à les assembler. Ce n’est pas facile, mais c’est faisable. Si les zapatistes ont réussi, nous le pouvons aussi.
Bon visionnage !
Manuel Cervera-Marzal