La France sous emprise
Aux Sources
Marc Endeweld
Émission conçue et animée par Tarik Bouafia
A un peu plus d’un mois de la présidentielle, l’heure du bilan a sonné pour Emmanuel Macron. Si beaucoup de choses ont été dites et écrites sur sa politique intérieure, reste à se pencher sur ses actions à l’international, que le livre de Marc Endeweld L'Emprise : La France sous influence (Le Seuil, 2022) permet d'examiner en détail.
Coutumier des coups de com’ et des déclarations fracassantes, Emmanuel Macron a pu, un temps, donner l’impression d’un président voulant renverser la table. Comme ce jour où il stupéfait des diplomates en évoquant l’existence d’un « Etat profond » afin d’expliquer l’inertie et les échecs de la diplomatie française. Ou encore lorsqu’il déclare que l’OTAN se trouvait dans un état de « mort cérébrale ». Autant de gesticulations qui peinent pourtant à dissimuler l’état de vassalisation de Paris face à Washington.
Plus encore, c’est toute la diplomatie française qui est aujourd’hui prisonnière des thèses et d’une lecture néoconservatrice des relations internationales. La rhétorique du choc des civilisations n’est jamais loin, opposant d’un côté le bloc occidental et de l’autre le reste du monde. Cet alignement se traduit notamment par le soutien désormais inconditionnel que la France apporte à l’Etat d’Israël.
Déjà maltraité par Nicolas Sarkozy, le Quai d’Orsay fait aujourd’hui les frais de l’arrogance et de la pratique autoritaire du pouvoir par Emmanuel Macron. Toutes les grandes décisions d’ordre international sont désormais prises en petit comité à l’Elysée. Le Quai d’Orsay se retrouve aujourd’hui marginalisé, humilié. C’est ce qui explique en partie la diplomatie chaotique, hasardeuse et illisible de la France.
La politique internationale d’Emmanuel Macron est également marquée par l’emprise des réseaux et des luttes d’influence qui colonisent les plus hautes sphères de l’Etat. Un mélange des genres qui fait rarement bon ménage et porte parfois gravement atteinte aux intérêts stratégiques de la France.
Résultat, la France devient une proie dans la guerre économique que se livrent les deux grandes puissances que sont la Chine et les Etats-Unis. Alcatel, Alstom, Airbus… On ne compte plus les fleurons de l’industrie hexagonale saccagés par une classe dirigeante déboussolée, naïve et incapable d’engager et de tenir de véritables rapports de force.
Pourtant, la France aurait aujourd’hui tout intérêt à retrouver une indépendance qui lui permette de peser, jouant sa partition d’équilibriste et de non alignée pour tenter d’éviter les déflagrations qui viennent.
Tarik Bouafia