Blindtest #8
Diagonale Sonore
Joce Mienniel
Raphaëlle Tchamitchian
Daegum, ney, nai, xiao, quena, lokenge, duduk, flûte de pan, flûte à bec, flûte traversière… Déclinée à l’infini, la flûte est l’un des instruments les plus répandus et les plus universels : on souffle dedans, et le son existe immédiatement. Il fut un temps où on l’apprenait même au collège — ce qui n’a pas forcément laissé que des bons souvenirs. C’est aussi l’un des instruments les plus proches de la voix humaine. Dans le son d’une flûte, on entend un souffle, une respiration, une âme.
Ce souffle si particulier, Joce Mienniel est passé maître dans l’art de le faire virevolter. Cuisinier dans une première vie, il reprend des études de musique à l’âge de 24 ans. À la sortie du Conservatoire, il intègre l’Orchestre National de Jazz pour 5 ans, dirigé à l’époque par Daniel Yvinec, avant de créer sa compagnie et son label, Drugstore Malone. Ancré dans l’expression jazz mais curieux et touche-à-tout, Joce Mienniel ne cesse de piocher à toutes les cultures musicales, croiser les disciplines et multiplier les rencontres.
aPassionné par les musiques traditionnelles du monde entier, il a travaillé avec des musiciens africains (Jour de blues à Bamako), orientaux (Babel) et coréens (Wood & Steel). Également intéressé par l’électronique, il flirte volontiers avec la pop (The Dreamer), le rap (Dress Code) et la musique contemporaine (Rayon vert). Inspiré par l’image sous toutes ses formes, il compose pour le cinéma et voue une admiration sans bornes au peintre Pierre Soulages. Et, à ses heures perdues, il s’essaye à l’orchestration symphonique.
Au cœur de ce foisonnement, plusieurs fils rouge : un travail sur l’entremêlement des timbres, une importance accordée au rêve, un goût pour la transe et la répétition. Le tout avec une sensibilité, une poésie et une vibration impressionnantes, à l’image des musiques écoutées ensemble. S’il n’est pas exactement dédié à la flûte, ce blindtest lui fait une bonne place, avant d’ouvrir l’écoute vers d’autres continents. Au fil de neuf morceaux, on passe de la Turquie au Niger, du traditionnel à l’électronique, de la douceur à la puissance. Bon voyage.
Raphaëlle TCHAMITCHIAN
Site de Joce Mienniel : http://www.drugstoremalone.com/