Depuis 1844 et sa rencontre avec Engels, l’intérêt de Marx pour l’économie politique ne s’est pas démenti. Mais le début de son militantisme révolutionnaire et les révolutions de 1848 ont retardé le travail qu’il avait projeté au milieu des années 1840. Les années 1850 et son isolement politique après la dissolution de la Ligue des communistes lui offre un contexte propice pour se remette à l’ouvrage. Marx associe l’échec de 1848 à une double immaturité : immaturité des sociétés, qu’il faut étudier pour en distinguer les potentialités révolutionnaires effectives, mais immaturité également du mouvement ouvrier, qui reprend des thèmes et des programmes qui sont en réalité d’essence bourgeoise. Tout cela rend d’autant plus urgent de parvenir à une compréhension intime et scientifique des phénomènes économiques pour élaborer un programme politique adéquat. Pour ces mêmes raisons, Marx engage la polémique avec Proudhon qui jouit d’une forte influence sur le mouvement socialiste et à qui Marx reproche une critique non scientifique des catégories économiques et un projet politique réactionnaire et illusoire. En 1859, Marx a aboutit à un projet ambitieux de critique de l’économie politique dont la première publication est la Contribution à la critique de l’économie politique.

C’est pour retracer ces débuts de Marx comme critique de l’économie politique que j’ai reçu Guillaume Fondu, philosophe marxiste, traducteur de Marx pour la GEME (Grande édition Marx-Engels) et notamment co-traducteur de la Contribution à la critique de l’économie politique. Ensemble nous explorons ce qui fait la singularité de l’approche marxienne des catégories de l’économie politique et de son actualité. Nous mettons ainsi un premier pied dans ce continent qu’est la critique marxiste de l’économie politique que nous poursuivrons d’étudier à l’occasion de prochaines émissions dans En avant Marx.

Marina SIMONIN