commentaire(s) publié(s) par Yael Elbaz
7 commentaires postés
23/12/2017 - Aux Sources - Le ventre des femmes
Très intéressant. Cela fait plusieurs années qu'en fréquentant les squares pour enfants, je suis frappée par le fait qu'il y a une sorte de sous-traitance de la petite enfance par l'emploi de femmes racisées, l'émancipation des femmes par le salariat ne serait-il possible qu'avec une forme d'exploitation des femmes racisées ?
Quelques passages m'ont toutefois laissée perplexe, en particulier celui sur OJ Simpson. C'est peut-être le storytelling qu'on a voulu nous faire croire, mais j'avais toujours pensé qu'OJ Simpson avait justement été acquitté parce que noir, les jurés voulant sauvegarder la paix sociale, alors qu'il était clair qu'il était coupable... Ceci étant, après réflexion, je n'ai pu m'empêcher de comparer son cas à celui de Bertrand Cantat. Après son acquittement, OJ Simpson a été complètement exclu de la société qui était la sienne, ce qui n'est pas le cas de Cantat qui reprend, avec des remous, une carrière solo.
Une autre phrase m'a laissée un peu perplexe. C'est quand Françoise Vergès laisse sous-entendre qu'il n'y a quasiment plus d'enfants blonds dans les écoles... Cela sonnait presque comme une reprise de la théorie du grand remplacement si chère à l'extrême droite. Cela aurait peut-être mérité d'être précisé.
posté le 01/01/2018 à 18h44
12/12/2015 - En accès libre - Vertigo, une enquête
Très intéressant. Cela m'a donné envie de revoir le film. Mais j'ai trouvé la fin un peu abrupte avec un petit goût de pas assez.
posté le 15/12/2015 à 19h36
28/11/2015 - En accès libre - Histoire de la laideur féminine
Sur la représentation des femmes racialisées, je n'ai pu m'empêcher de penser à une scène de la série "How to get away with a murderer" où Viola Davies, qui joue une avocate noire affichant tous les critères de la réussite, se "démaquille" devant son miroir. C'est une scène que j'ai trouvé d'une très grande intensité où elle retire sa perruque (de cheveux lisses), ses faux cils, son maquillage... On voit vraiment que pour atteindre la réussite, la femme noire doit porter un masque et faire un peu disparaître sa "négritude".
On peut par ailleurs citer l'ouvrage d'Elsa Dorlin "La matrice de la race : Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française" qui analyse les discours médicaux sur le corps féminin et (en simplifiant) note une inflexion dans ces discours lors de la colonisation où la santé du corps de la femme blanche qui doit porter les enfants de la nation se construit en opposition avec les "tares" des femmes des peuples colonisés.
posté le 02/12/2015 à 23h06
20/02/2015 - En accès libre - Les Sorcières
Emission très intéressante, même s'il y a plusieurs points qui auraient pu être développés, notamment sur le moment historique des grandes chasses aux sorcières, qui ont lieu à la Renaissance et non au Moyen Age. Je trouve que ça questionne notamment la question du rapport au savoir et à l'obscurantisme.
Il est rapidement évoqué le fait qu'un très grand nombre de sorcières étaient des sages-femmes, probablement dépositaires de "secret de contraception", mais pas uniquement. Il aurait été intéressant de questionner la concomitance de ces massacres de sages-femmes et guérisseuses avec le développement de la médecine et de l'obstétrique moderne, ce qui semble marquer le passage d'un savoir féminin et populaire à un savoir masculin et "expert"... Idée qui est développée dans un ouvrage, certes plus militant qu'historique mais non dénué d'intérêt, "Sorcières, sages-femmes et infirmières" de Barbara Ehrenreich et Deirdre English.
Sur la question de l'origine du sabbat, sachant que ces cérémonies avaient lieu le vendredi soir, on peut envisager que le mot lui-même trouve son origine dans le shabbath juif. C'est d'autant plus probable que les meurtres rituels, dont les sorcières ont été largement accusées, ont été aussi largement imputés aux juifs.
Enfin, sur la question de la sexualité, puisqu'il a été question de Buffy contre les vampires, il est intéressant de souligner que la sorcière présentée, Willow, dans la série est lesbienne, donc qui n'a pas besoin d'homme dans son rapport au plaisir... J'ai eu l'impression que Pacôme Thiellement voulait l'évoquer, mais qu'il avait un peu perdu le fil de son raisonnement quand il a dû expliquer la Wicca.
posté le 21/02/2015 à 18h32
18/10/2014 - En accès libre - Les chercheurs entre primes et déprime
Très intéressant, mais je regrette qu'il n'y ait pas de perspective plus globale sur la bureaucratisation générale de tous les aspects du travail qui avec l'évaluation individuelle sont les deux grands moteurs de destructuration du monde du travail, que ce soit dans le privé ou dans le public. Cela est très bien développé dans "La Souffrance en France" de Christophe Dejours et "la Révolution managériale" de Vincent de Gaulejac.
posté le 26/10/2014 à 18h58
13/09/2014 - En accès libre - Les Anges de la vengeance
Puisqu'on a évoqué la figure de Batman, je pense qu'il aurait été intéressant de comparer le message politique de V à celui de Banes dans le dernier opus du Batman de Christopher Nolan qui se pose aussi en révolutionnaire et en destructeur de l'ordre établi, mais sa destruction des structures sociales n'aboutit qu'à un régime de Terreur et Batman est le héros qui, avec les braves policiers, remet en place d'ordre établi, qui n'est peut être pas le meilleur qui soit mais qui est le seul possible hors du chaos...
posté le 14/09/2014 à 18h49
15/09/2018 - Dans Le Film - Hollywood, arme de propagande massive
Etrange effet de miroir : Conesa critique les journalistes américains qui pendant la guerre d'Algérie critiquait le racisme des pieds noirs en étant aveugle au racisme de leur propre société et fait une critique, certes justifiée du racisme du cinéma hollywoodien, mais quid du racisme du cinéma français ? Il évoque le cinéma colonial, mais il y aurait pas mal à dire sur le cinéma actuel.
Bon nombre de critiques sur le cinéma hollywoodien peuvent être faites sur le cinéma français. Il y a deux ans, lors de la sortie des visiteurs 3, bon nombre de personnes ont peu remarquer que 9 acteurs et actrices étaient représentés sur l'affiche mais que seuls 8 noms étaient inscrits... Bizarrement, c'était le nom de l'acteur noir qui était absent.
L'année dernière, plusieurs actrices noires ont lancé un appel et écrit un ouvrage sur le racisme dans le milieu du cinéma et leur invisibilité et le fait qu'on ne leur propose que des rôles de prostituées ou de femmes de ménage. Il aurait quand même été intéressant d'en dire deux mots : https://www.huffingtonpost.fr/rachel-khan/noires-nous-sommes-les-femmes-invisibles-du-cinema-francais_a_23423433/
Et comme aux Etats Unis, pendant très longtemps, les personnages arabes n'étaient pas joués par des arabes en France : Claude Giraud dans Rabbi Jacob, Richard Berry dans l'Union sacrée... Plus près de nous, on n'a pas choisi un Rom pour jouer le personnage principal d'A bras ouvert, mais Avi Abittan (enfin, ce n'était pas le seul problème de ce film).
Alors, oui, le cinéma hollywoodien a une puissance de propagande que n'a pas le cinéma français, mais la critique du racisme états-uniens ne doit pas nous rendre aveugle à notre propre racisme.
Sinon, ce n'est pas vraiment le sujet, mais j'ai été extrêmement mal à l'aise devant la scène de sexe de Sweet Sweetback's Baadasssss Song, le gamin m'a semblé très très jeune. J'ai eu l'impression de voir un camarade de classe de mon fils de 12 ans... Personnellement, ça m'interroge un peu.
posté le 21/09/2018 à 13h04