Hors-Série
Arret sur Images
Me connecter
abonnez-vous


commentaire(s) publié(s) par Anna Mahé

1 commentaire posté

16/04/2022 - Dans le Texte - Comment s'occuper un dimanche d'élection

On sent Louisa très énervée par le livre de Bégaudeau et cela nuit je crois à la finesse de son analyse, elle a du mal à trouver les mots alors que Bégaudeau en face est un sniper, surtout quand il se sent attaqué. J’ai toujours apprécié le souci de justesse et le scalpel chirurgical de Bégaudeau mais je crois que son aisance oratoire et le fait de ne jamais trouver en face quelqu’un qui sache réellement lui tenir tête l’empêche de plus en plus de se remettre en question. Il parle par exemple de « morbidité au travail », d’« étrange goût de la défaite » chez les gens de gauche qui « aiment bien perdre » : je trouve ça non seulement inexact mais surtout insultant. Les pleurs, le désespoir post-défaite électorale ne sont pas dus à une forme de névrose ni de fétichisation du vote et du système représentatif, mais au deuil soudain et répété que nous devons faire d’une autre orientation politique possible au pouvoir, pour laquelle nous avons lutté. Si nous nous soumettons à ce traumatisme répété, ce n’est pas par masochisme, mais parce que nous considérons que le vote est un outil, un complément, pour définir un cadre (normatif et philosophique) favorable et nécessaire à la survie de cet archipel d’initiatives que Bégaudeau qualifie de « politiques » à proprement parler. Alors clairement, le vote n’est pas tout, mais il n’est pas rien non plus, et on conseillerait presque à Bégaudeau un stage pratique en Lepennie pour s’en convaincre.

posté le 17/04/2022 à 05h47