commentaire(s) publié(s) par cyrilkenyatta
64 commentaires postés
18/04/2015 - Dans le Texte - Verdict social, verdict sexuel
Je n'ai ps encore regardé cette émission avec Eribon, ni aucune autre d'Hors-Série depuis pas mal de temps, d'ailleurs. Et je ne suis pas sûr que mon manque de temps soit seul en cause. Probablement aussi mon manque d'envie. Trop "d'entre-soi", pour le dire un peu comme Arnaud StA ?...
Mais je suis effrayé (et malheureusement aucunement surpris...) de ce que yG rapporte des propos d'Eribon. Son homosexualité lui aurait seule permis de ne pas devenir ce qu'il DEVAIT devenir en temps que provincial issu d'un milieu populaire : ouvrier, raciste, homophobe, sexiste (pourquoi s'arrêter en si mauvais chemin : fasciste et nazi aussi, non ?)...
Tant que les "intellectuels" (que nous sommes tous ici ?) continueront à considérer ainsi ce qu'on appelle communément le "peuple", il ne faut peut-être pas s'indigner, comme yG, qu'"intello" soit devenue la pire insulter de cour d'école.
Pour ma part, je crois que je vais continuer à lire mes chers auteurs "rouges-bruns" comme Michéa ou Guilluy...
posté le 21/04/2015 à 09h23 ( modifié le 21/04/2015 à 09h59 )
20/02/2015 - En accès libre - Les Sorcières
@Judith :
Merci pour votre réponse.
Vous nous dites notamment : "les Dans le mythe sont les émissions les plus redoutables, et les plus décevantes : redoutables, parce que la somme de travail à fournir pour les élaborer est démente" et je n'ai aucun mal à vous croire.
Et puis aujourd'hui, c'est samedi, c'est Hors-Série, Laura nous écrit et nous annonce l'émission de la semaine ainsi : "armé d'une grande patience face à ma méconnaissance du milieu, "Jiess" m'a décrit les enjeux économiques qui traversent la scène française (...)".
Comment dire ? Cela produit comme une dissonance à mes oreilles... Et donne en tout cas l'impression (que l'on ressent hélas aussi quelquefois en les regardant) que certaines émissions sont très préparées et d'autres, disons, un peu moins...
posté le 28/02/2015 à 17h17
20/02/2015 - En accès libre - Les Sorcières
Peur-être le commentaire qui suit n'a-t-il pas sa place ici, dans une zone dédiée à une émission en particulier (que je n'ai d'ailleurs même pas encore eu le temps de regarder...). Mais l'un des défauts, à mon sens majeur, du site Hors-Série est qu'il ne propose pas (sauf erreur de ma part) d'espace de débat plus général sur le projet éditorial lui-même entre les abonnés et la rédaction. Un peu gênant pour un site qui n'aurait jamais vu le jour justement sans ses abonnés souscripteurs, non ?...
Mais j'en viens au coeur de mon message.
Je suis globalement assez déçu que nos intervieweuses préférées n'interagissent presque plus avec les internautes, justement via ses fameuses zones de commentaires (relatives à une émission et une seule). Ou en tout cas, me semble-t-il, de moins en moins. C'est d'autant plus dommage que je trouve généralement les commentaires d'un excellent niveau. Je suis même assez stupéfait de l'absence quasi totale du moindre phénomène de "troll" et du respect mutuel entre gens qui ne sont pas toujours d'accord entre eux. Je n'ai pas le souvenir de réelle invective entre internautes ce qui, sur le net, relève réellement du paranormal !
Je remercie donc Judith de le faire encore un peu (même si, là aussi, moins qu'au début, j'ai l'impression), comme elle l'a fait à propos de ce "Dans le mythe" sur les sorcières. Je l'en remercie mais, en même temps, je suis assez agacé par le ton qu'elle emploie trop souvent lorsque, à tort ou à raison, on remet en question la pertinence de son travail ou de Hors-Série en général.
Car quelle est la "promesse" du site (pour parler comme un affreux "marketeux") ? "Des entretiens filmés avec de la vraie critique dedans". Il me semble que la moindre des choses serait donc aussi de l'accepter pour vous-mêmes, cette critique, surtout lorsqu'elle s'exprime en termes globalement courtois et/ou avec le souci (que partagent à mon avis tous les abonnés) d'améliorer encore Hors-Série.
Bien à vous.
posté le 26/02/2015 à 11h51 ( modifié le 26/02/2015 à 11h52 )
24/01/2015 - Aux Ressources - Contre l'université
Je viens de voir la fin de l'entretien et je comprends mieux le profil psychologique de ce jeune homme (dont je n'avais jamais entendu parler avant) : "on ne discute pas avec les gens que l'on combat" (à propos de Marcel Gauchet, carrément qualifié de penseur d'"extrême-droite", ce qui, effectivement, clôt tout débat : c'est donc le Mal incarné).
Ce genre d'autoproclamé "démocrate" me terrifie de plus en plus.
Mais il doit plaire à DS, qui s'était tellement étranglé qu'on donne la parole à l'ennemi (Bricmont) sur Hors-Série...
posté le 30/01/2015 à 15h40
17/01/2015 - Dans Le Film - Lettre d'un psychanalyste à Spielberg
@Arnaud Romain : Vous n'y êtes pas du tout ! Quand Murielle (et Jean-Jacques Moscovitz avec elle) parle d'"échec" cinématographique, jamais, ô grand jamais, il n'est question de "commerce". Grands dieux ! Mais d'échec "esthétique", que dis-je, "onthologique", même, concernant La Liste de Schindler !
Chacun pense ce qu'il veut du film en particulier et de l'impossibilité ou non de "fictionnaliser" la Shoah en général. Grosso modo, Moscovitz reprend les arguments avancés à l'époque de la sortie du film par Claude Lanzmann, qui m'ont toujours beaucoup agacés. Il y a une façon, assez "lanzmannienne", d'affirmer, à la limite de l'intimidation, qu'il n'y a pas d'autre façon que la sienne d'évoquer cinématographiquement la Shoah. Affirmation qui, depuis 30 ans, n'est globalement pas très contestée, ni même vraiment questionnée, par l'orthodoxie critique.
Au-delà de ça, l'entretien, souvent assez intéressant, m'a finalement moins agacé que je ne le craignais.
Spielberg est-il un Auteur ? Globalement oui, même si pas dans la conception bressonienne, bergmanienne, rossellinienne, etc., du terme. Mais un film de Spielberg me semble (presque) aussi reconnaissable qu'un film de Bresson, Bergman ou Rossellini.
Fait-il toujours le "même" film ? Disons que la quasi totalité de ses films sont en effet traversés par quelques obsessions ou motifs communs, effectivement de nature à régaler un psychanalyste.
Mais je regrette (sans en être surpris le moins du monde) que ne soit jamais envisagé ce qui me semble être un autre objectif de Spielberg à travers des films comme Schindler, Amistad, Lincoln, Munich... : celui de donner à voir une "page d'histoire", de faire oeuvre quasi pédagogique (ce qui est quand même un projet bien différent de celui de l'immense majorité de ses films).
A titre personnel (et je doute être le seul), en tant que "forme cinématographique", Lincoln ne m'a pas forcément passionné (même si j'apprécie sa facture très classique et efficace) mais je lui sais gré de m'avoir appris plein de choses !
Car, oui, un film n'est pas qu'un objet purement formel : il peut aussi nous aider à comprendre le monde qui nous entoure, ou celui qu'il fut (et donc mieux comprendre ce qu'il est devenu). Mais j'ai l'impression que c'est une idée totalement étrangère à Murielle et à son invité (à la plupart de ses invités, d'ailleurs ;-)
posté le 28/01/2015 à 00h00
24/01/2015 - Aux Ressources - Contre l'université
@Ali Naldy : Effectivement, on se détache un peu du (mauvais) point de départ au fil de l'entretien. Même si ce sont toujours ces quatre mêmes penseurs, très idéalisés (plus Barthes, un peu), que Geoffroy de Lagasnerie cite à l'appui de sa démonstration.
Tout ce qu'il énonce n'est pas inintéressant, bien entendu, même si on ne peut pas dire qu'il fasse toujours preuve de beaucoup d'humilité concernant sa propre (mauvaise) expérience de la vie universitaire.
Bref, ça devenait plus intéressant... jusqu'à ce que la vidéo s'interrompe ! Eh oui, j'avais oublié de télécharger la bonne version ;-)
posté le 27/01/2015 à 23h42
24/01/2015 - Aux Ressources - Contre l'université
D'emblée, il y a vraiment un truc qui ne va pas dans cette vision tellement caricaturale, tellement cliché de la vie des idées "avant & maintenant". Avant, c'était donc l'âge d'or, celui des "grands intellectuels", des Trois Mousquetaires de la pensée française, Foucault, Deleuze, Derrida et Bourdieu, qu'il faut donc révérer sans les questionner. Sans, par exemple, questionner le rôle si éminent qu'a pu jouer Michel Foucault dans le triomphe absolu de l'idéologie culturelle libérale (je renvoie, notamment, aux quelques pages sur le sujet écrites par Jean-Claude Michéa dans son récent livre, La Gauche et le peuple, échanges de lettres avec Jacques Julliard). Saint-Foucault, Saint-Deleuze, Saint-Derrida, Saint-Bourdieu (bon, j'avoue que ça me fait peine d'associer Bourdieu à des penseurs aussi surcotés, à mes yeux, que les trois autres...).
N'a-t-on vraiment personne d'autre à leur opposer que les mêmes sempiternels épouvantails BHL et Finkielkraut ??? Indépendamment du jugement que l'on porte sur leur oeuvre (ou devrais-je plutôt écrire "de leur personne" ?), la pensée française du XXIème siècle se résumerait donc, encore et toujours, à ces deux seuls noms ? Voyons, ça n'est pas sérieux...
On est justement sur un site qui s'appelle Hors-Série et donne depuis maintenant plus de six mois la parole à tout un état de penseurs français (pas QUE des "penseurs" mais un certain nombre quand même) et, sauf erreur de ma part, BHL et Finkielkraut n'y ont pas encore été sollicités (et ne le seront très probablement jamais, à tort ou à raison... personnellement, ça m'intéresserait sur certains sujets, quitte à s'opposer à eux, mais bon...).
Je n'en suis qu'à 10 minutes d'interview et je me dis que ça part déjà très mal...
Et puis, au passage, sauf erreur de ma part, BHL et Finkielkraut, deux représentants de la "Nouvelle philosophie" (avec Bruckner, Glucksmann...), se sont vraiment fait connaître tous les deux dès 1977 (avec La Barbarie à visage humain pour l'un, Le Nouveau désordre amoureux pour l'autre), soit peu d'années après Deleuze (L'Anti-Oedipe, 1972) et une douzaine d'années seulement après Bourdieu et Foucault (les premiers écrits importants de Derrida me semblent un peu plus anciens, sauf qu'il est longtemps resté très méconnu en France).
posté le 27/01/2015 à 22h56
27/12/2014 - En accès libre - Culture populaire, culture de masse
@Alexandra : Merci pour ce lien vers le texte de Pacôme Thiellement. Je ne partage pas à 100% son point de vue, ne serait-ce que sa façon de rejeter TOUTE la faute sur l'Occident, même si elle est énorme (il faudrait d'ailleurs remonter à bien plus loin dans le temps : la tentative de déstabilisation par la France, le Royaume-Uni et Israël de Nasser au moment de la "crise du canal de Suez" ou le coup d'état américano-britannique pour remplacer Mossadegh par le Chah en Iran). Il faut croiser cette analyse avec les problèmes inhérents à l'Islam politique, formidablement décrits par Abdennour Bidar dans cette lettre ouverte que je trouve admirable (et écrite AVANT les événements de la semaine dernière) : http://quebec.huffingtonpost.ca/abdennour-bidar/lettre-au-monde-musulman_b_5991640.html.
Mais le texte de Thiellement est d'autant plus intéressant et précieux qu'il est écrit par quelqu'un qu'on ne peut certainement pas soupçonner d'être opposé par principe à l'humour, la dérision et l'irrévérence. Je trouve qu'il rejoint d'ailleurs la chronique très forte écrite par Delfeil de Ton (l'un des fondateurs d'Hara-Kiri puis Charlie Hebdo) dans L'Obs de cette semaine.
Je revoyais hier soir "La Désintégration", sorti dans un trop grand anonymat en 2012 (même pas 10 000 entrées en France, quelle misère et quelle honte...), inspiré du destin de Zacarias Moussaoui. Ce film de Philippe Faucon est parfait pour comprendre le cheminement idéologique de beaucoup de moujahiddins. Je le recommande chaudement à tous et me désole que, à ma connaissance, aucune chaîne de télé ne l'ait diffusé depuis huit jours.
posté le 16/01/2015 à 10h21 ( modifié le 16/01/2015 à 10h23 )
20/12/2014 - Aux Ressources - Travail sexuel et féminisme
@gynko : "Assistant sexuel", absolutely !
Pas vu "The Sessions" (mais j'y ai pensé en écrivant mon commentaire hier), qui est une fiction et plutôt une "romance" entre les deux personnages principaux (John Hawkes dans le rôle de l'handicapé, Helen Hunt dans celui du suricate... euh, pardon, du surrogate), si j'ai bien compris. Même si "based on a true story" comme les aime tellement Hollywood, même dans ses productions "indépendantes"...
posté le 05/01/2015 à 12h32 ( modifié le 05/01/2015 à 12h32 )
20/12/2014 - Aux Ressources - Travail sexuel et féminisme
@Papriko : Le cinéaste Jean-Michel Carré a beaucoup travaillé sur ce sujet. Je vous recommande notamment chaudement ses documentaires "Les Travailleu(r)ses du sexe" et "Sexe, amour et handicap".
Le premier donne justement longuement la parole à des travailleu(r)ses du sexe (comme son titre l'indique) et c'est tout à fait passionnant, souvent même très émouvant. Evidemment, on peut dire que, dans ce film, le regard de Carré n'est que bienveillant sur cette profession (plutôt CES professions, qui recouvrent des réalités professionnelles très différentes), peut-être même "angélique". Ce serait oublier qu'il en a traité des aspects beaucoup plus durs dans d'autres de ses films (Galères de femmes, Les Trottoirs de Paris...).
Le second film est encore plus troublant et traite d'un sujet qui me semble très méconnu (qui n'est d'ailleurs pas du tout abordé dans l'entretien de Laura avec Morgane Merteuil) : celui des "prestations sexuelles" assurées par des professionnel(le)s (qui sont aussi des travailleurs du sexe) à des handicapés, c'est-à-dire à des personnes qui n'ont généralement aucune autre façon de connaître, eux aussi, le plaisir sexuel. Sujet sacrément tabou... Film souvent carrément poignant où l'on apprend, stupéfait, à quel point la France est en retard sur sa voisine Suisse sur la question de la légalisation de cette profession.
Au-delà du strict sujet qu'ils abordent, ce sont des films qui posent de vraies questions sur la société que nous voulons... ou que nous refusons. Je veux croire aussi qu'ils peuvent permettre de dépassionner un peu un débat extrêmement sensible, d'apporter un peu de rationalité. Mais c'est peut-être un voeu pieux...
posté le 04/01/2015 à 22h45
27/12/2014 - En accès libre - Culture populaire, culture de masse
@gomine : certes... Le problème est que le même Pacôme Thiellement, pour disqualifier ce qu'il considère, lui, comme étant de la "culture de masse", n'utilise qu'un seul argument : le cynisme de ses producteurs, qui n'aimeraient pas ce qu'ils vendent au public. Que fait-il d'autre ici qu'"aller chercher du coté de l'intention" ?...
posté le 30/12/2014 à 18h41
27/12/2014 - En accès libre - Culture populaire, culture de masse
Je dois être un peu monomaniaque mais, en regardant cet entretien plein de bonne humeur (rien que ça, ça fait du bien), je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Laurent Julier...
A la fois parce que, à la fin de l'entretien, Pacôme Thiellement insiste très justement sur le fait qu'une oeuvre s'enrichit considérablement du regard de ses spectateurs (ou auditeurs) et n'est donc pas le seul fait de son auteur (il cite Borges citant le cas d'Hamlet).
Mais aussi parce qu'il me semble qu'il y a, dans les séparations (que je n'ai pas toujours trouvées très claires) qu'il effectue entre cultures populaire, académique et de masse, tout le poids de ses propres (dé)goûts personnels, tout à fait estimables, mais qui lui sont propres. Et, en même temps, pas si propres à lui-même que ça... C'est un terrain sur lequel Maja tente à un moment de l'emmener quand elle lui fait remarquer que certaines de ses marottes (je pense à Zappa, les Residents, Burroughs, Pynchon ou d'autres encore bien plus confidentielles) relèvent d'un certain "élitisme", voire même d'un certain snobisme. Et le goût pour des oeuvres ou des genres beaucoup plus triviaux et généralement rejetés par les tenants de la "culture savante" (ou académique), comme, ici, le cinéma d'horreur, la pop music la plus universelle qui soit (Elvis, les Beatles...), Hara-Kiri, les séries tv, etc., va souvent de pair avec des goûts plus élitistes. Comme si ces deux facettes devaient provoquer un équilibre ("vous voyez bien que j'aime des choses exigeantes / vous voyez bien que je ne suis pas snob et aime les mêmes choses que tout le monde !") ; comme si, en tout cas, comme pour tout un chacun qui met beaucoup de lui-même dans ses préférences culturelles (et dieu sait si c'est son cas !), il s'agissait à chaque fois d'une stratégie de "distinction" sociale (pour reprendre la terminologie de Bourdieu).
Je ne doute pas de la sincérité de Pacôme Thiellement dans ses goûts passionnés pour des représentations culturelles aussi éclatées. Je trouve dommage qu'au lieu de les revendiquer comme personnelles, il s'efforce d'essayer de les justifier par des considérations supposées plus "objectives". Ainsi, sa définition de ce que serait la "culture de masse" ne me paraît pas du tout convaincante. Là, encore Maja a raison de lui opposer le cas de Presley. Répondre, comme le fait Thiellement, que ses enregistrements pour les studios Sun ne pouvaient pas relever de la culture de masse puisque rien de tel ne préexistait et qu'ils ne pouvaient donc pas s'asservir au marketing, ce n'est pas faux en soi mais c'est de la pure mauvaise foi. Sur ses 23 ans de carrière discographique, Presley n'a enregistré pour Sun que pendant un an et demi et (sauf erreur de ma part) cinq 45 tours (fondateurs, certes, mais ça ne fait pas beaucoup). Que l'on continue à l'aimer ou pas à partit de ce moment-là, lorsqu'il tombe sous la coupe du fameux "Colonel Parker" en 1956 et signe chez RCA, Elvis Presley devient sans doute le premier exemple concret de phénomène culturel de masse produit avec l'embryon des méthodes marketing que l'on ne connaît que trop bien aujourd'hui.
Je fais l'hypothèse que si Thiellement "sauve" Presley (et je le sauve avec lui) et en fait de la culture "pop" et non "de masse", c'est parce que ça LUI PLAIT (pour toutes sortes de raison). Et ça fait toute la différence...
posté le 28/12/2014 à 11h31 ( modifié le 28/12/2014 à 11h31 )
20/12/2014 - Aux Ressources - Travail sexuel et féminisme
@jacqueline debant : yG a raison, vous êtes assez terrifiante, permettez-moi de vous le dire...
Concrètement à ce que vous pensez, la prostitution N'EST PAS un crime. En tout cas, elle n'est pas considérée comme tel par le législateur français. Mais il n'est sans doute pas trop tard pour vous faire élire députée afin d'y remédier...
C'est d'ailleurs ce que rappelle très précisément Morgane Merteuil. Et ce qui répond donc à la question d'Alexandra : oui, on peut déclarer cette profession de "travailleur/euse du sexe" puisqu'elle n'est pas interdite. Et qu'elle ne se réduit pas, loin de là, à la seule prostitution.
posté le 23/12/2014 à 08h44
20/12/2014 - Aux Ressources - Travail sexuel et féminisme
Je ne suis pas certain d'adhérer à la totalité des idées de Morgane Merteuil mais j'ai beaucoup apprécié cette discussion, très apaisée et claire, étayée à la fois par une vraie réflexion théorique et l'expérience d'une pratique sociale contrète. Discussion d'autant plus nécessaire lorsque l'on constate, hélas sans surprise, les réactions "de principe" qu'elle suscite...
Je rebondis sur l'intervention très juste de DIALM4MAUDIT pour me demander ce qui fait que, spontanément, l'immense majorité des parents (sans doute moi y compris !) trouvent moins "moralement choquant" que leurs fils/filles deviennent traders ou marchands d'armes plutôt que travailleur(euse) du sexe. Je trouve ça assez fou, au fond, lorsque l'on compare la réelle nuisibilité sociale de ces différents métiers...
Mais nous portons tous, plus ou moins, le poids de plusieurs siècles de "sacralisation" du sexe et des relations sexuelles, sacralisation aussi bien dans un sens positif que négatif du terme.
C'est exactement les mêmes mécanismes de pensée qui me semblent à l'oeuvre dans la classification des films, par exemple. A de rarissimes exceptions, tous les films classifiés X en France le sont pour des motifs sexuels (pornographie), et donc quasiment jamais pour d'autres motifs (violence, notamment). A vrai dire, je ne trouve même pas d'exemple de films violents ayant fait l'objet d'une classification X en France. Les seuls exemples comparables qui me viennent à l'esprit sont :
- Massacre à la tronçonneuse : interdit en salles pendant 8 ans mais seulement interdit aux moins de 18 ans à sa sortie
- Mad Max : interdit pendant 3 ans, un temps classé X mais finalement réévalué en interdit aux moins de 16 ans (!) à sortie
- Cannibal Holocaust : sortie dans un premier temps dans une version coupée et interdit aux moins de 16 ans, aujourd'hui seulement interdit aux moins de 18 ans dans sa version intégrale.
Le troisième reste plus controversé mais les deux premiers sont aujourd'hui salués (à tort ou à raison, c'est une autre question...) par les critiques comme des "chefs d'oeuvre" ou des "classiques". Massacre à la tronçonneuse vient d'ailleurs de bénéficier d'une ressortie Bluray 4k d'un luxe assez inouï (à 50€ !) dont jamais un "film porno" ne bénéficiera. D'ailleurs, lorsque l'éditeur Wild Side se mit en tête, il y a quelques années, d'éditer pour la première fois en DVD 'l'"âge d'or du X américain" (The Devil in Miss Jones, Gorge profonde, etc.), il dût renoncer avant d'avoir eu le temps de sortir tous les titres prévus, la quasi totalité des points de vente finissant par renoncer à prendre le risque de les installer dans leurs rayons..;
Je rajouterais que les franchises Saw et Hostel, caractéristiques de ce qu'on appelle le "torture porn" ne sont interdites qu'aux moins de 16 ans.
Comment peut-on expliquer qu'on accepte beaucoup plus facilement que n'importe quel individu de plus de 18 ans (voire de 16 ou 17 ans) puisse être exposer à la mise en spectacle des plus extrêmes souffrances infligées par des êtres humains à d'autres êtres humains (torture, cannibalisme...) MAIS PAS à la mise en spectacle du plaisir (sexuel, en l'occurrence) procuré par des êtres humains à d'autres êtres humains ?
Si ce n'est pas le symptôme d'une société moralement gravement malade, alors je ne sais plus quel sens donner aux mots...
posté le 22/12/2014 à 11h02 ( modifié le 22/12/2014 à 11h02 )
13/12/2014 - En accès libre - Les années 10
Chère Judith, si je peux me permettre, je trouve qu'il manque une question un peu préalable à cet entretien : "l'extrême-gauche", dont il est question tout du long, c'est quoi, aujourd'hui ? Etes-vous certaine, par exemple, d'en avoir la même définition, la même délimitation que Nathalie Quintane ?
Personnellement, je ne sais pas trop...
Est-ce la gauche du gouvernement ? Franchement, sans donner dans le "Hollande/Valls bashing", ça fait du monde, hein...
Est-ce la gauche du PS ? Ca ratisse large également.
Est-ce la gauche du Front de gauche ? Le traditionnel attelage NPA/LO, plus que jamais à bout de souffle (me semble-t-il) ? La gauche "non parlementaire" ? Peut-être même la gauche non partidaire ?
Ou se limite-t-elle à la "mouvance Comité invisible" ? J'ai l'impression que c'est plus ou moins la vision qu'en a Nathalie Quintane. Mais je trouve qu'il aurait été intéressant d'en débattre, non pas pendant une heure (ce n'est pas le sujet de votre émission), mais au moins pendant les quelques minutes nécessaires à fixer un peu mieux les esprits.
Parce que, du coup, on comprendrait peut-être mieux cette assertion, peut-être fondée mais paraissant ainsi un peu abrupte, que "l'extrême-gauche ne lit plus de littérature"...
posté le 18/12/2014 à 09h42 ( modifié le 18/12/2014 à 09h43 )
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
@GaM : Je pense que c'est même un peu plus ancien que ça... En tout cas, c'est qu'il ressort de la lecture de deux livres très éclairants, l'un directement sur ce sujet, "La Deuxième droite", écrit par Jean-Pierre Garnier et Laurent Janover dès... 1981, à peine Mitterrand élu (sous une forme de pamphlet mais très documenté et surtout effroyablement visionnaire...), l'autre plus large et absolument indispensable pour qui s'intéresse à la question, "Le Grand bond en arrière - Comment l'ordre libéral s'est imposé au monde", écrit par Serge Halimi.
posté le 12/12/2014 à 09h26
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
Allez, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai donc regardé cette fameuse émission d'@si...
Et finalement, je ne l'ai pas regretté car, vers 1h21, Amselle dit un truc très révélateur à propos de Michéa, évidemment taxé d'affreux rouge-brun, qui serait donc un marxiste, socialiste, anticapitaliste (personnellement, je dirais plutôt antilibéral, ce qui est loin d'être tout à fait la même chose, mais ça n'est pas le propos), mais "partisan de la droite des valeurs". Le seul exemple qu'il prenne la peine de citer est celui de la famille : Michéa serait donc "partisan de la famille". Fichtre ! Je ne pense pas que Michéa le contredirait, à vrai dire. Mais à moins de reprendre au pied de la lettre le fameux cri du coeur de Gide, "Famille, je vous hais !", et donc à moins d'être resté plus ou moins bloqué au stade de l'adolescence (ce stade auquel l'idéologie libérale rêve de figer d'ailleurs tout un chacun, comme l'a très bien décrit... Michéa !), comment reprocher à quiconque d'être "partisan de la famille" ? On peut avoir à titre personnel des rapports plus ou moins compliqués avec son milieu familial, des rapports conflictuels, parfois même violents, mais est-ce qu'une personne censée (i-e, faisant preuve de la "common decency" théorisée par Orwell et chère à Michéa, encore) en appellera pour autant à la destruction de toute cellule familiale ? A ma connaissance, dans l'histoire de l'Humanité, les derniers à l'avoir fait (et à l'avoir en partie appliqué) sont les... Khmers rouges. Je ne doute pas qu'Amselle serait ravi du cousinage...
On peut trouver que c'est un détail mais je trouve qu'il dit beaucoup de chose. Pour la gauche idéologique qu'incarne Amselle, "la famille" est une valeur de droite. Point. C'est l'exemple type du truisme : l'évidence qui n'a pas besoin d'être démontrée. Il y a plein d'autres exemples comme ça, certains d'ailleurs évoqués au début de l'émission d'@si lorsqu'il est question de "souverainisme". Défendre le principe d'une politique menée dans un cadre national, c'est une pensée d'extrême-droite. Point. Il faudrait prévenir tous nos députés qui votent des lois s'appliquant sur un territoire donné (le territoire français) et tous ceux chargés de les faire appliquer (du gouvernement aux administrations en passant par les préfets) qu'ils font le lit de l'extrême-droite... Et pourquoi diable continuer à s'intéresser au taux de chômage de la population ou au taux de croissance FRANCAIS ? Quelle horrible manifestation de nationalisme, brrrr !!!
Tous ces truismes, serinés depuis maintenant des décennies à longueur de discours politiques et médiatiques, ont détruit des idées toutes bêtes. Même moi, ici-même (où je suis pourtant extrêmement soulagé qu'un discours de "common decency" se fasse le plus souvent entendre), j'hésite encore à taper ce qui suit : je considère la famille comme une cellule sociale importante et même fondamentale, le premier espace de socialisation pour les êtres humains, et sa destruction ne me semble pas un idéal de société souhaitable. Je suis donc "partisan de la famille" et donc, assurément un rouge-brun.
Ce type d'assimilation ne tolère aucune nuance. Comme celle voulant que l'on pourrait soutenir ce qui précède sans souhaiter pour autant en revenir aux temps où la femme ne se consacrait qu'à son foyer, où l'avortement était illégal, la contraception inexistante et le divorce interdit. Aux temps où papa mettait les pieds dans ses pantoufles puis sous la table en rentrant du boulot.
posté le 11/12/2014 à 15h18 ( modifié le 11/12/2014 à 15h19 )
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
@Judith : J'ai l'impression que les choses sont en train de tourner au vinaigre avec la "maison-mère" @si... Si la situation devait empirer (on n'en est peut-être pas là, je n'en sais rien...), j'ignore si cela pourrait avoir des répercussions d'ordre financier, mais cela semble probable, ne serait-ce que parce que les abonnés @si paient demi-tarif (soit 15€/an au lieu de 30).
Je voulais juste vous dire que mon soutien est total et que s'il faut en passer par un doublement de mon tarif d'abonné (voire plus... dans les limites du raisonnable, quand même ;-), vous pouvez aussi compter sur moi. Compte tenu de la qualité globale des entretiens (à quelques exceptions près...), je trouve que ce n'est pas cher payé !
posté le 06/12/2014 à 13h37
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
@airone : Oh, je n'attends rien de bon de ce débat, je vous "rassure"...
Apparemment, Ruffin, Lordon, Halimi, entre autres, ont été invité à y participer mais ont tous décliné, pour une raison ou une autre. Et sans doute pas par hasard, à mon avis.
Le fait est qu'il valait mieux ne pas faire d'émission du tout qu'aligner un plateau comme celui-ci.
posté le 05/12/2014 à 23h21
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
Amselle déjà de retour... sur @si ! (http://www.arretsurimages.net/emissions/2014-12-05/Aujourd-hui-un-bon-facho-doit-avoir-le-discours-social-du-PC-id7282)
Pas encore eu le temps de voir l'émission mais la lecture de son traditionnel making-off m'a déjà permis de découvrir cette "mise au point" de François Ruffin qui me semble parfaitement s'insérer dans nos propres débats sur HS : http://www.fakirpresse.info/L-air-du-soupcon.html
Ce qui est terrible, c'est que ce texte est déjà relativement "ancien" (septembre 2013) mais que l'on voit bien à quel point on fait du surplace sur cette question...
posté le 05/12/2014 à 18h53 ( modifié le 05/12/2014 à 18h53 )
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
Je ne suis probablement pas le seul parmi ceux qui l'auront lu mais je ressens un profond malaise devant la publication de cette "tribune" sur le site d'@si (probablement jugée suffisamment pertinente pour bénéficier d'un "happy hour" de 24h, ce qui est loin d'être le cas de tous les articles du site) : http://www.arretsurimages.net/articles/2014-12-01/Chouard-Soral-Bricmont-pourquoi-les-gratifier-d-une-telle-importance-id7266.
On retrouve la bonne vieille technique de l'amalgame consistant à associer tout au long du texte Chouard à Soral et Bricmont à Dieudonné (ou inversement). On a absolument le droit de ne pas être d'accord avec Chouard et Bricmont, ou pas sur tout, mais les mettre ainsi sur un pied d'égalité avec les deux autres, c'est juste dégueulasse.
Pour la rédaction d'@si, qui n'a pas choisi ce texte d'un internaute au hasard, il semble clair que les abonnés d'Hors-Série sont donc des "rouges-bruns" (et je ne parle même pas de ses fondatrices...). Vraiment ? On est là, alors ?!? Eh ben on est mal barrés...
posté le 01/12/2014 à 18h52
29/11/2014 - Diagonale Sonore - Leçon de jazz
Je ne connaissais que l'Antoine Hervé musicien (excellent !) ; j'ignorais l'existence du pédagogue... Mille mercis pour cette découverte ! Il est en effet aussi passionnant que pertinent.
Le fait est qu'il met la barre haut pour les prochaines de Diagonale sonore mais Raphaëlle semble tout à fait capable de relever le défi de faire au moins aussi bien et peut-être même encore mieux ;-)
posté le 30/11/2014 à 23h48
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
A propos d'Anne Clerval, je conseille la lecture de son très intéressant "Paris sans le peuple - la gentrification de la capitale".
Tiens, une bonne idée d'invitéE pour HS, je trouve ;-)
posté le 28/11/2014 à 18h08 ( modifié le 28/11/2014 à 18h09 )
22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns
On peut d'abord féliciter Maja de s'être frotté à une pensée "ennemie" (le terme me paraît trop fort mais j'ai l'impression qu'elle allait chez Amselle un peu dans cet état d'esprit...)... qu'aussi bien Amselle d'avoir accepté le dialogue. Comme dit Papriko, à part un petit moment de tension sur Chomsky, l'entretien s'avère tout à fait cordial et respectueux. Un excellent point pour les deux !
Je trouve qu'Amselle avance certaines idées intéressantes et étayées par sa propre expérience professionnelle, qui lui fait probablement voir certaines choses de façon plus lucide. Après, comme beaucoup l'ont relevé (et Maja la première), il rejoint, au cas par cas, ses cibles sur de très nombreux arguments (et moi-même sur beaucoup). Ce qui montre qu'il n'est pas si monolithique... mais aussi, de mon point de vue, pas toujours très cohérent dans sa vision des choses.
Un exemple qui m'a particulièrement frappé : la mondialisation serait un fait historique irréversible empêchant toute tentation de revenir à davantage de souveraineté nationale (voire même continentale). Je ne vois pas les choses ainsi mais pourquoi pas, cette idée peut se défendre. Mais, en même temps, elle ne produirait que peu très peu d'effet (voire aucun) d'acculturation entre différents groupes culturels nationaux et/ou ethniques. En d'autres termes, elle ne produirait pas d'homogénéisation culturelle entre pays. Outre le fait que cela me semble nier une évidence qui ne peut que crever les yeux de quiconque voyage un peu (particulièrement dans les métropoles), j'ai beaucoup de mal à comprendre la cohérence d'Amselle sur ce sujet...
Quant à son étonnement sur le fait de recevoir un accueil très favorable dans les pages de Libération, comment le prendre un instant au sérieux lorsqu'il intitule son livre "Rouges-bruns" ?...
posté le 23/11/2014 à 17h09
15/11/2014 - Aux Ressources - Théâtre : du service public au self-service
Pardon d'avance pour cet aparté très personnel...
Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux d'avoir, avec Hors-Série, trouvé un lieu où participer à ce genre de débat et de façon généralement sereine et courtoise entre interlocuteurs ! Ca fait un bien fou :-)
Merci encore à Judith, Maya, Laura, Murielle... et Raphaël, of course !
posté le 20/11/2014 à 09h40
15/11/2014 - Aux Ressources - Théâtre : du service public au self-service
Encore un exemple de "résonance" entre entretiens d'Hors-Série ?... Et si, finalement, cette différence de perception d'une même oeuvre (le désormais presque mythique "15%", dont je n'avais jamais entendu parler auparavant !) entre deux personnes qui semblent pourtant partager des attentes assez comparables du théâtre (Judith et Olivier Neveux, donc) ne faisait qu'illustrer la pensée de... Laurent Jullier ?!?
J'ai l'impression que cette différence de perception entre Judith et Neveux est surtout d'ordre "esthétique", liée à la forme théâtrale adoptée par Bruno Meyssat, et renvoie donc, inévitablement, à des inclinations personnelles vers tel ou tel type de théâtre (fonctionne aussi avec : roman, cinéma, peinture, musique, etc.).
C'est vraiment l'impression que me donne Olivier Neveux (ce qui n'est NULLEMENT une critique de ma part) lorsque Laura lui demande son avis sur telle ou telle pièce. Laura attend plutôt un avis "politique" (me semble-t-il) mais Neveux ne peut pas s'empêcher de faire part d'un avis largement "esthétique" et purement personnel. Car, lui comme n'importe qui, ne peut pas faire autrement...
posté le 20/11/2014 à 09h36
15/11/2014 - Aux Ressources - Théâtre : du service public au self-service
Merci pour cette précision, Judith.
A vrai dire, c'est un peu l'impression qu'en donne l'extrait, même si, sans le son, c'est un peu difficile d'en juger complètement.
Mais, du coup, on ne comprend pas très bien qu'Olivier Neveux rejette certaines pièces et en célèbre d'autres alors qu'elles semblent pourtant (si on en juge par votre description) participer de cette même catégorie d'oeuvres artistiques laissant leurs spectateurs à leur sentiment d'"impuissance" et/ou d'incompréhension face au monde qui les entourent...
Je trouve que c'est un très beau sujet pour une future émission (je ne sais pas avec quel(le) interlocuteur/trice...) : en quoi le post-modernisme en art (pour reprendre votre terme et adopter un mot très général et forcément imprécis) participe (ou pas !) de la diffusion d'une vision libérale du monde. Je pense que c'est déjà un peu ce que vous vouliez aborder avec François Chevallier mais cet entretien n'a pas tenu toutes ses promesses (et vous n'en êtes pas la cause ;-)
Tout cela me rappelle cette phrase de Paul Nizan dans "Le Cheval de Troie", qui m'est très chère : "On ne peut vivre qu'au sein d'un mouvement qui accuse le monde. L'acceptation égale la mort". Encore faut-il comprendre un minimum ce monde et n'est-ce pas aussi (voire d'abord ?...) le rôle des artistes de nous y aider (c'est ce que cherchait à faire Nizan, en tout cas) ? Je me dis que nous vivons dans des temps qui ne célèbrent pas tout à fait par hasard "l'art pour l'art" et un regard purement esthétique sur les choses (difficile de ne pas penser à Dans le film...) plutôt que des oeuvres visant, dans la mesure de leurs possibilités, à une transformation sociale.
posté le 19/11/2014 à 16h25
15/11/2014 - Aux Ressources - Théâtre : du service public au self-service
@Laura :
Un extrait "muet" sur les explications d'Olivier Neveux, en effet. Au temps pour moi. Voilà ce que c'est de "regarder" les émissions en se contentant de les écouter la plupart du temps ;-)
Disons que cela donne une idée, mais moins précise que les extraits des pièces de Fabre ou Castellucci...
posté le 18/11/2014 à 18h51
15/11/2014 - Aux Ressources - Théâtre : du service public au self-service
Même interrogation que Jacques Chaussepied sur ce que serait un théâtre politique "idéal" pour Olivier Neveux. Et un regret sur l'absence d'un extrait d'une des oeuvres qu'il a citées comme y répondant le mieux. Notamment "15%", dont la description qu'il fait donne envie d'en savoir un peu plus.
C'est mon seul bémol pour un entretien que, comme beaucoup, j'ai trouvé vraiment passionnant et stimulant ! Comme Kyle Butler, j'ai très vite pensé à Franck Lepage, en effet. J'ai la sensation que Lepage et Neveux partagent beaucoup de constats (pas seulement sur le théâtre mais aussi sur la conception "languienne" de la Culture ou sur l'éducation populaire) mais je ne suis pas sûr pour autant que le premier goûte beaucoup les spectacles du second ;-)
Mais j'ai aussi sans cesse pensé à François Chevallier dans la critique que fait Neveux de ces oeuvres "acculant" leurs spectateurs à la désespérance et relayant finalement la logique libérale. On n'est pas très loin non plus de Jean-Claude Michéa et de sa vision du libéralisme culturel au service du libéralisme économique, le rendant acceptable et même séduisant aux yeux de ceux qui en sont a priori les plus rétifs : les artistes eux-mêmes (cf. ce que Neveux dit sur l'acceptation de la logique économique concurrentielle par les acteurs du champ culturel).
Bref, je suis ravi de cette découverte et vais très vite lire ce livre. Merci Laura !
posté le 18/11/2014 à 17h07
08/11/2014 - En accès libre - Le principe démocratie
@Judith :
Ah comme j'aimerais partager votre optimisme...
Mais, avec mon âge déjà certain, je me souviens de 1995 et de la conviction partagée par beaucoup (même un peu par moi, je l'avoue) que "plus rien ne serait comme avant" et que les jours de ce qu'on se sentait obligé d'appeler "ultra" ou "néo" libéralisme étaient inexorablement comptés. Bon, comment dire ?...
Alors l'Histoire ne se répète pas ni ne bégaie (j'en suis convaincu) et ça pourrait être différent dans les années à venir mais je ne vois rien de concret ET de massivement populaire émerger. Le mouvement pour la 6ème République ? J'y ai souscrit (grâce à vous, d'ailleurs) et suis absolument persuadé de son bien fondé mais j'aimerais être à moitié aussi confiant sur son avènement de mon vivant... :-(
posté le 16/11/2014 à 19h39
08/11/2014 - En accès libre - Le principe démocratie
J'avoue avoir du mal à comprendre comment on peut douter qu'existe aujourd'hui une "hégémonie culturelle" (que l'on soit "gramscien" ou non).
Donc, nous ne vivrions pas, en France comme (presque) partout ailleurs, sous le règne de l'hégémonie culturelle libérale ?!? Chère Judith, je suis preneur de quelques lumières sur ce sujet...
posté le 16/11/2014 à 09h26
08/11/2014 - En accès libre - Le principe démocratie
@Judith :
Merci pour votre réponse. Vous savez, vous êtes un peu notre "grande sage"... :-)
"Déconstruction/reconstruction"... je ne sais pas trop ce que cela veut dire...
Et je vous avoue que je n'ai pas en tête TOUTES les contributions de Lefayot, que je n'ai d'ailleurs très probablement pas toutes lues (au passage, je pense que c'est une chance pour l'équipe HS d'avoir un bon noyau d'abonnés qui réagissent régulièrement à vos émissions, même si je sais bien qu'il n'est jamais agréable de lire des critiques plus ou moins négatives). Mais, en l'occurrence, sur ce dialogue avec Albert Ogien, j'ai plutôt lu de sa part une critique (encore une fois, de mon point de vue, assez pertinente) des propos et de la pensée de votre invité davantage que de l'entretien lui-même ou du dispositif de l'émission.
posté le 14/11/2014 à 09h49
08/11/2014 - En accès libre - Le principe démocratie
@Judith :
Je suis surpris du ton que vous employez pour répondre aux remarques de Lefayot, et pas seulement parce que je souscris très largement à celles-ci... Mais peut-être me trompe-je et prends pour une agressivité un tantinet agacée (et déplacée) ce qui n'était qu'une sorte de second degré bonhomme (misère de l'écrit par rapport à l'oral :-(
Quand vous opposez très justement à Ogien l'exemple de la réélection de Dilma Roussef à la présidence du Brésil alors que son sort politique semblait régler au vu de l'impressionnante contestation dans les rues d'une partie du peuple brésilien depuis de longs mois, il se contente de ne considérer la question que du point de vue des opposants, pour qui les élections ne sont plus un enjeu (si j'ai à peu près bien compris son propos). Il a sans doute raison et j'aurais du mal à les en blamer, moi qui ne crois plus guère non plus à la "magie" du pouvoir électoral.
Mais je crains malheureusement qu'il faille plutôt considérer la question du point de vue du pouvoir en place (et c'est là que je rejoins notre ami Lefayot - c'te pseudo, quand même...). Et là, la conclusion est glaçante : "laissons-les s'agiter puisque, de toute façon, ça n'empêche pas notre réélection et la perpétuation de la même politique" (gageons d'ailleurs que celle du perdant du 2nd tour, Aécio Neves, n'aurait probablement pas été bien différente).
On peut même aller jusqu'à penser que toute cette agitation donne au moins l'illusion d'un "bouillonnement démocratique", au global plutôt positif pour l'image du pouvoir en place à l'étranger. En même temps que les troubles qu'il engendre peuvent aussi favoriser l'adoption de lois (plus ou moins) discrètement plus répressives pour les libertés publiques, qui rencontreront un écho très favorable dans une bonne partie de la population (le fait est que même en France, pays de la contestation sociale s'il en est, même un gouvernement "de gauche" a aujourd'hui tôt fait de vous considérer comme "terroriste" quand vous manifestez en dehors des clous...).
posté le 13/11/2014 à 12h05
01/11/2014 - En accès libre - L'œil qui programme
@Murielle :
Le problème n'est absolument pas que vous ayez des "parti-pris esthétiques forts", évidemment. Ni même que vous n'arriviez pas à les cacher (même si c'est prendre le risque de vous couper d'une bonne partie des abonnés d'HS).
Le problème, encore une fois, vient du fait que vous ne sembliez pas concevoir qu'on puisse ne pas les partager. Ce qui est tout à fait différent.
posté le 03/11/2014 à 06h43
01/11/2014 - En accès libre - L'œil qui programme
Murielle, plus je vous écoute et plus vos propos ont tendance à me glacer le sang...
Que vous soyez absolument convaincue qu'il existe une Vérité et une Beauté intrinsèques et refusiez l'idée même de pouvoir changer d'avis sur cette question, passe encore. Après tout, ça ne regarde que vous. Mais que votre désir, de moins en moins caché, soit que chacun partage votre définition de la Vérité et de la Beauté, comment appeler ça autrement qu'une vilaine propension au totalitarisme intellectuel ? Vous m'objecterez que ça n'est pas VOTRE définition de la Vérité et de la Beauté puisque vous ne faites qu'adhérer à une définition qui serait universelle... Ceux qui ne la partagent pas, comme vous dites, il faut les "éduquer". Fichtre !
PS : Rassurez-moi également. Tous vos prochains entretiens ne vont pas être des règlements de comptes rétrospectifs avec Laurent Jullier ?!?
posté le 02/11/2014 à 14h35
25/10/2014 - En accès libre - Les Etats désunis
Je ne suis pas archi fan du "ton Mermet", qui a tendance à m'agacer, mais, pour le coup, je trouve que l'entretien souffre de la comparaison avec l'émission de Là-bas si j'y suis sur le même sujet, avec la même Coralie Delaume et Aurélien Bernier :-(
http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-europe-le-mepris-des-peuples
posté le 31/10/2014 à 17h43
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@MSC :
Je m'en étonne aussi car, à la lecture de "Qu'est-ce qu'un bon film ?", j'y retrouve pas mal des enseignements de "La Distinction" de Bourdieu...
Il me semble s'inscrire dans la même logique (que je partage complètement) de considérer nos goûts et dégoûts (aussi bien les pratiques culturelles auxquelles on s'adonne que nos préférences "esthétiques" au sein de ces pratiques) aussi comme un élément de distinction socio-culturelle par rapport à autrui : soit par rapport aux gens de notre propre milieu socio-culturel, soit par rapport à des personnes qui lui sont extérieures.
posté le 30/10/2014 à 17h36
25/10/2014 - En accès libre - Les Etats désunis
@Lefayot : Je vais prendre le problème à l'envers, alors...
Vous citez vous-mêmes des exemples de pays multi-lingues dans lesquels il me semble que ce n'est pas toujours l'amour fou qui unit leurs différentes communautés linguistiques (et je ne pense pas seulement à la Belgique, où l'opposition Flandre/Wallonie repose d'ailleurs sur d'autres raisons que la langue).
Mais, au-delà de ça, j'ai le plus grand mal à croire que des communautés qui ne se comprennent pas, car ne partageant pas la même langue, puissent construire un projet politique commun. Après tout, le mythe de la Tour de Babel ne nous dit pas autre chose et, comme tous les mythes, il diffuse quelques vérités essentielles et éternelles. Une constitution, des lois, etc., sont des textes éminemment complexes et subtils dont l'élaboration ne me semble pas très compatible avec l'incompréhension linguistique. Ou même l'absence de parfaite compréhension mutuelle. A moins évidemment que tout le monde n'utilise une même langue "universelle" qui serait, pourquoi pas, l'anglais. Mais il s'agit évidemment là de pure science-fiction...
Et puis il y a un autre obstacle majeur au fonctionnement concret d'une Europe à 27 pays (déjà présent à 6 ou à 9 mais encore plus aigu à 27). Existe-t-il REELLEMENT un référentiel culturel et politique commun entre un Français, un Italien, un Slovaque et un Letton (et j'aurais évidemment pu prendre comme exemple n'importe quel autre pays de l'UE) ? Il n'existe pas UNE culture européenne. Et heureusement pour le bien de la diversité de l'espèce humaine, d'ailleurs.
Dans ces conditions, comment s'étonner que ce qui rassemble (plus ou moins) 500 millions d'Européens soit le produit de l'industrie planétaire du divertissement et du marketing (majoritairement américaine, mais pas uniquement) ?
J'ai beau être Français depuis (je crois) un certain nombre de générations, et donc 100% Européen, je me sens pourtant a priori plus proche d'un Japonais ou d'un Camerounais que d'un Suédois ou d'un Allemand.
Bref, le projet européen me semble, dans son fondement même, culturellement totalement artificiel. Et je suis effaré par l'incessante propagande médiatique cherchant à nous convaincre du contraire et à verser des larmes à tout ce que cite Maja en introduction de son éditorial...
Pour autant, je vous rassure, car je pense utile de le préciser : je n'ai d'animosité a priori envers aucun peuple européen ;-)
posté le 25/10/2014 à 21h24
25/10/2014 - En accès libre - Les Etats désunis
@Lefayot :
Je n'ai pas encore regardé l'émission mais j'aimerais quelques explications de votre part sur cette phrase : " la nation est une pure construction idéologique, un mythe politique forgé au cours des siècles (sauf à se rabattre sur une définition ethniciste et/ou linguistique qui ne tient pas plus la rampe)".
D'accord sur le fait que la nation est une construction et n'a rien de naturel. Mais j'aimerais lire vos arguments sur le fait que la "définition linguistique ne tient pas la route". Je ne suis d'ailleurs pas certain de ce que ça veut dire : qu'il est illégitime d'avancer le partage d'une langue maternelle commune comme ciment d'un peuple ? Est-ce bien ce que vous voulez dire ? Etant au contraire de plus en plus convaincu que c'est LA question centrale (bien davantage que celui d'une "nationalité" commune même si il y a évidemment un lien fort entre les deux), je suis très curieux de vous lire.
Pour le reste, d'accord avec vous aussi : les gouvernements européens sont "contraints" par des règles communautaires qu'ils ont eux-mêmes décidées.
Il n'empêche que le véritable objectif de l'Europe communautaire avait été parfaitement décrypté dès 1957 : "Le projet de marché commun tel qu’il nous est présenté est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. Les initiatives sociales seront-elles encore possible ? […] Tout relèvement de salaires ou octroi de nouveaux avantages sociaux n’est-il pas, dès lors, et pour longtemps, exclu pour les ouvriers français ? L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique au sens le plus large du mot, nationale et internationale."
L'auteur de ces phrases visionnaires ? Le très révolutionnaire et anti-libéral... Pierre Mendès-France !
posté le 25/10/2014 à 19h51
25/10/2014 - En accès libre - Les Etats désunis
Me faire traiter de néo-conservateur par Corcuff est pour moi un plaisir de fin gourmet :-)
posté le 25/10/2014 à 13h09 ( modifié le 25/10/2014 à 13h09 )
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Papriko :
Ce que vous écrivez me fait penser à la dernière émission du Cercle, animée par Beigbeder sur Canal (table-ronde de critiques de cinéma, très intéressante par ce qu'elle révèle chaque semaine sur le discours sur les oeuvres...).
Il y était notamment question de "Samba". Comme on pouvait le prévoir à l'avance, l'accueil des critiques conviés était assez tiède : ce n'est évidemment pas le genre de films qui a l'heur de plaire à la critique (plus ou moins) "savante" (étant entendu que les critiques de la "presse populaire" - comme Le Parisien ou la presse gratuite - ne sont jamais conviés). Je ne formule d'ailleurs aucun jugement de valeur, c'est juste un constat que ces critiques pourraient d'ailleurs difficilement contester.
A un moment, Adèle Van Reeth (France Culture), tout en étant assez bienveillante avec le fond du film (déplorant quand même son côté "bien pensant", bien évidemment) regrette que, passé un plan séquence virtuose au début du film (salué comme un "vrai moment de cinéma" : le reste doit donc être autre chose que du cinéma... mais quoi ?), il manque d'autres "gestes de cinéma". Nettement moins bienveillante, Ava Cahen (Clapmag) surenchérit alors : "Il n'y a pas de proposition de cinéma dans ce film !".
Un échange parmi d'autres mais qui en dit très long (ne serait-ce que par les termes utilisés, tellement jargonneux : "geste", "proposition" de cinéma...) sur ce qu'est un bon film pour cette catégorie de spectateurs.
posté le 21/10/2014 à 12h54
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Papriko :
Cette conception d'un "bon film" n'est que la VOTRE (vous avez raison d'ajouter prudemment "me semble-t-il"), même si je crois qu'on peut considérer qu'elle est, à tort ou à raison, partagée par une très grande majorité de spectateurs. Il faudrait tout de même s'entendre sur ce qu'on entend par "mis en scène avec talent" et alors, là, on n'est pas couché. Moi-même, je sais de moins en moins ce que cela veut dire. Tout simplement parce que cela renvoie, une fois de plus et comme toujours, à ce que CHACUN attend de la mise en scène d'un film : probablement à peu près rien pour la majorité des gens (qui n'appréhendent pas du tout un film dans ces termes) et des choses extrêmement différentes selon les "cinéphiles". Plus je discute avec eux et plus je me rends compte, au fond, que ce que la plupart appellent "mise en scène de talent" et une mise en scène ostensible, qui se donne à voir, qui se remarque, qui "signe" son auteur. Certains sont même capables de soutenir le plus sérieusement du monde qu'il n'y a pas de mise en scène dans les séries TV au motif qu'elle ne permet pas de reconnaître celui qui en est le réalisateur (les réalisateurs n'ayant d'ailleurs généralement jamais les mêmes suivant les épisodes). C'est évidemment totalement absurde : à partir du moment où il y a captation d'images animées (en prises de vue "réelles" ou pas, peu importe), il y a de fait mise en scène : choix du sujet filmé, du cadre, de la lumière, des mouvements de caméra, etc. Mais d'autres cinéphiles (plus rares...) seront au contraire sensibles à une mise en scène qui "ne se voit pas" (ce qui est le cas chez beaucoup de cinéastes de l'"âge d'or hollywoodien", d'ailleurs).
Mais je peux vous présenter bon nombre de cinéphiles pour qui un bon film n'est SURTOUT PAS un bon scénario (ils fustigent même la "dictature du scénario") et qui se moquent éperdument de la "qualité" de jeu des acteurs (qui doivent être le plus neutre et "bressonnien" possible). Ils ont beau être très minoritaires chez les spectateurs de cinéma (mais déjà beaucoup moins chez ceux qui ont le pouvoir de "dire le beau" en matière cinématographique...), leur conception est aussi valable que la vôtre.
Le propos de Julier, je crois, n'est pas tant de refuser de "hiérarchiser" les films (lui-même préfèrant évidemment certains films à d'autres) que de refuser de hiérarchiser les attentes des spectateurs devant ce qu'est un "bon film". Et c'est évidemment valable pour n'importe quel type d'oeuvre artistique. Mais si cette question est si problématique s'agissant du cinéma, c'est parce que c'est sans doute la forme d'art la plus "populaire" de notre temps (avec la musique, où l'on pourrait d'ailleurs tout à fait retrouver le même type de querelles).
posté le 20/10/2014 à 16h37
11/10/2014 - En accès libre - Les transclasses
Je trouve particulièrement intéressante la prise en compte des origines sociales des grands-parents (voire au-delà, évidemment, mais tout le monde n'a pas toujours l'occasion d'avoir connu ses arrière-grands-parents et encore moins d'avoir pu suffisamment "se nourrir" de leurs valeurs et culture). Sans doute parce que j'y vois un lien très direct avec ma propre biographie ;-)
J'aimerais savoir si des sociologues (ou d'autres chercheurs/penseurs) ont spécifiquement publié sur ce sujet. Il semblerait que oui si j'en crois les échanges entre Chantal Jacquet et Judith sur cette question mais aucune référence précise n'est citée.
Merci d'avance !
posté le 13/10/2014 à 11h31
11/10/2014 - En accès libre - Les transclasses
Merci Al1 ! Je signe, et plutôt deux fois qu'une !
Judith, c'est beau comme du Etienne Chouard :-)
Pour revenir sur le sujet, pas encore visionné cet entretien avec Chantal Jacquet, que je ne connaissais pas du tout, mais le sujet me passionne d'avance !
MERCI HORS-SERIE !!!
posté le 11/10/2014 à 19h53
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Papriko : C'était les années Sergio Leone, c'est pour ça :-)
posté le 07/10/2014 à 14h31
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@gynko : J'adore votre conclusion :-)
@Lefayot : Possible et je souhaite même que vous disiez juste ;-)
posté le 07/10/2014 à 14h15
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Ali Naldy : Moi aussi, je vous rejoins complètement, c'est merveilleux, dites-moi :-)
Je vais parfois faire un tour sur le forum d'@si concernant des sujets qui m'ont particulièrement intéressé et sur lesquels j'aurais éventuellement envie d'intervenir mais je ne le fais jamais car j'avoue être assez découragé d'y retrouver, en gros, ce qui a fini par me faire fuir à toutes jambes des réseaux sociaux : cette manie de toujours vouloir avoir le dernier mot et de considérer son contradicteur comme le dernier des cons (même s'il s'écrit aussi, souvent, des choses intéressantes).
Pour l'instant (je touche du bois en même temps que mon clavier), je trouve que l'on n'est globalement pas trop confronté à ça dans les commentaires d'HS, même si ça peut parfois être un peu chaud entre certains. Il me semble qu'il existe une écoute mutuelle et même aussi des gens qui acceptent de modifier un peu leur opinion après avoir lu des arguments inverses, ce qui n'est intellectuellement pas facile du tout. Je pense aussi que la "ligne éditoriale" d'HS y contribue davantage que celle d'@si, puisqu'on y entend des paroles plus hétérodoxes, nous amenant parfois à "penser contre nous-mêmes", ce que je trouve extrêmement sain.
Vous avez raison aussi sur le manque de "pédagogie" dont fait preuve Laurent Jullier, assez surprenant pour un enseignant, d'ailleurs. Je regrette souvent qu'il n'aille pas au-delà d'un petit sourire, jamais méchant (me semble-t-il) mais parfois un peu condescendant, lorsqu'il n'est pas d'accord avec certains arguments de Murielle, au lieu d'étayer sa propre pensée avec une argumentation plus développée. C'est d'autant plus surprenant que je considère ses livres, eux, comme très argumentés.
posté le 07/10/2014 à 10h09
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Judith : Je ne sais pas s'il faut "reprocher" à Murielle d'avoir parlé du Monde, de Libé et des Inrocks comme de médias de "gauche"... Après tout, c'est, sinon ce qu'ils sont dans les faits, au moins ce qu'ils se donnent à être, de façon plus ou moins explicite. Etant entendu que "gauche" fait ici référence à la position politique "officielle" des formations politiques. Quant à savoir s'ils sont "réellement" de gauche, c'est une autre question mais je ne suis pas certain que vous-mêmes, Murielle, Jullier et tous les abonnés à HS (qui ne s'en réclament d'ailleurs peut-être pas forcément) donneraient la même définition de ce qu'est "être de gauche" en 2014 ;-)
Ce qui est plus intéressant à ce sujet et n'est qu'à peine effleuré dans l'entretien (mais on ne peut pas parler de tout en 1h15...), c'est en quoi ces médias diffusent (imposent ?) une certaine vision de l'Art et du discours sur l'Art : une vision de "l'Art pour Art" (le plus souvent), très auteuriste (je veux dire par là où l'artiste et sa démarche comptent davantage que l'oeuvre elle-même), ne faisant que peu de cas des conditions matérielles et objectives de sa production (et revendiquant même souvent de s'en moquer éperdument !) et très généralement assez méprisante pour le "goût commun" (souvent qualifié de "mauvais goût commun"). C'est clairement ce contre quoi Jullier milite et sa démarche m'intéresse d'autant plus que j'y vois de nombreuses passerelles intellectuelles (peut-être parfaitement fortuites !) avec des penseurs comme François Chevallier (qui reproche justement à Marcel Duchamp d'avoir fait passer l'artiste avant l'oeuvre) ou Jean-Claude Michéa (ils ont finalement les mêmes "têtes de Turc" médiatiques, pour des raisons assez proches, et défendent plutôt la "culture populaire" contre celle des "élites").
J'en profite pour vous remercier chaleureusement, Murielle, Maja, vous-même (peut-être Laura, mais j'ai moins réagi à ses vidéos) de prendre autant de temps pour dialoguer avec vos spectateurs. Vous nous direz sûrement que c'est la moindre des choses mais, non, justement, ça ne coule pas forcément de source. Personnellement, c'est exactement ce que j'osais espérer dans le projet Hors-Série et je suis ravi que le rêve soit devenu réalité :-)
Et si nous avons parfois la dent dure, je pense qu'il faut vraiment n'y voir qu'une saine exigence sans ressentiment (enfin, j'espère !), même si cette exigence vous paraît peut-être parfois un peu "oppressante"... ;-)
posté le 06/10/2014 à 19h14
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Murielle :
"D'accord, dans ce cas, n'importe quel Jean-Pierre Jeunet vaut n'importe quel film de Rossellini, et alors nous devrions montrer "Amélie Poulain" plutôt que "Allemagne Année Zéro" à des collégiens et des lycéens. Vous voyez bien que ce discours est absurde."
Il est amusant que vous citiez ces deux films et ces deux cinéastes (j'ai failli écrire "auteurs" mais je ne suis pas sûr que Jeunet en soit un à vos yeux alors que s'il y au moins bien une chose qu'on ne peut pas lui dénier, c'est un style !) tant ils illustrent à merveille la question de la légitimité cinéphile.
Rossellini est bien évidemment un des cinéastes fétiches de l'orthodoxie, depuis des décennies, un cinéaste consacré par ses pairs (italiens puis étrangers), les critiques (il était en quelque sorte l'un des parrains des Cahiers du cinéma des années 50), les cinémathèques et toutes les institutions imaginables oeuvrant dans le cinéma.
A l'inverse, la cote de Jeunet n'a jamais été très élevée parmi les tenants de la critique "artiste" et de moins en moins à mesure qu'il rencontrait le succès, avec son compère Caro puis seul (il est amusant de se rappeler qu'il en allait bien différemment quand Caro/Jeunet signaient "Le Bunker de la dernière rafale", leur premier court-métrage au début des années 80...). Et son compte fut définitivement réglé quand Serge Kaganski, dans les Inrocks, frappa du sceau d'infamie lepéniste "Amélie Poulain" à sa sortie. "Amélie Le Pen", ce fut un truisme critique repris à peu près aussi souvent que le "Pontecorvo obscène" de Rivette.
Vous opposez donc un film, "Allemagne année zéro", qui est une sorte d'étalon de légitimité, à un autre qu'aucun critique soucieux du regard de ses pairs n'avouera aimer. Pas très probant, comme exemple...
Si je vous rejoins en revanche sur l'idée qu'il est préférable de faire étudier "Allemagne" à "Amélie", c'est que leur importance dans l'histoire du cinéma est sans commune mesure. Et pas seulement parce que le premier est plus vieux d'une cinquantaine d'années que le second. Plus globalement, Rossellini a davantage pesé sur l'histoire du cinéma en influençant nombre des pairs (pas seulement via le néo-réalisme) que Jeunet (même si on peut trouver de jeunes cinéastes ayant subi son influence). Et puis, bien évidemment, le sujet d'"Allemagne année zéro" est un matériau plus riche à analyser pour de jeunes étudiants que celui d'"Amélie Poulain".
Votre exemple me semble typique d'une confusion entre "valeur en soi" d'une oeuvre (à laquelle, comme Jullier, je ne crois pas) et "importance historique". Quoi de plus normal et légitime qu'on fasse étudier à des lycéens ou des étudiants des films, comme celui de Rossellini, dont l'importance historique est incontestable ?
Si ça peut vous "rassurer" (et renseigner sur d'"où je parle"), "Allemagne année zéro" (l'un de mes Rossellini préférés, qui m'émeut terriblement) correspond infiniment plus qu'"Amélie Poulain" (qui m'irrite tout aussi terriblement, bien que je n'y vois rien de lepéniste) aux critères de ce qui est un "bon film" (et même un grand film) à mes yeux ;-)
posté le 05/10/2014 à 22h48
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Totorugo :
Je pense que vous faites un contre-sens total sur la pensée de Jullier, qui n'a radicalement rien à voir avec l'ultra-libéralisme. Mais si vous l'avez pensé, c'est sans doute la faute à son refus, trop souvent, d'argumenter face à Murielle (qui ne le laissait pas toujours parler à son rythme non plus, c'est un regret).
"Bien sûr, ça fait belle lurette que le capitalisme a trouvé le moyen de vendre même l'invendable, et donc de violer même l'inviolable, mais enfin disons que les films de Bresson se vendent sans doute beaucoup moins bien que ceux de Besson - et que ce que j'attends d'une institution (Cinémathèque, sujets du Bac, etc.), c'est justement de permettre à ces films si peu faits pour la "consommation" de nous toucher encore, plutôt que d'être morts et enterrés par la loi de l'offre et de la demande."
C'est un peu plus compliqué que ça... Lorsque la Cinémathèque organise régulièrement des rétrospectives consacrées à des cinéastes de série B (Phil Karlson actuellement) ou contribue activement à élever au rang d'objet culturel légitime ce que l'on appelle le "cinéma d'exploitation" des années 50-80 (William Castle, Jesus Franco, les soirées cinéma bis...), ne contribue-t-elle pas elle-même à ce que vous considérez comme "vendre l'invendable" ?
posté le 05/10/2014 à 21h37
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
@Lefayot :
Je ne comprends pas bien pourquoi Murielle qualifie Jullier de bourdieusien alors qu'il utilise dans son livre à peu près l'argument que vous avancez pour s'en éloigner radicalement !
posté le 05/10/2014 à 20h33
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
Je voudrais féliciter Murielle d'avoir eu le courage d'engager le dialogue avec un penseur avec qui elle ne partage à peu près aucun point de vue. C'est très méritoire de sa part d'offrir ainsi une tribune d'expression (limitée, hélas) à une pensée qui, d'une certaine façon, la "déligitime" comme critique et je crois qu'elle n'a pas à le regretter compte tenu de la richesse des échanges et de la réaction des internautes.
Après la caresse, une petite pique : je crois que c'est le premier entretien HS où l'intervieweuse m'a semblé parler davantage que l'interviewé et cela n'est probablement pas étranger au fait que c'était aussi la première fois qu'était conviée une parole "ennemie" (je mets les guillemets pour adoucir ce terme un peu trop violent).
J'encourage en tout cas tout le monde à lire Jullier, aussi bien "Qu'est-ce qu'un bon film ?" qu'"Interdit aux moins de 18 ans : morale, sexe et violence au cinéma" (passionnant notamment sur le programme Lycéens au cinéma, dont il est question dans l'entretien avec Murielle). Je suis tombé par hasard sur ses livres et ils ont parfaitement nourri mon trouble de plus en plus persistant sur le "discours sur le cinéma".
Je voudrais aussi revenir sur la question du pouvoir d'"imposition" de la critique. Murielle rétorque à Jullier (qui ne la contredit d'ailleurs pas complètement) que le lecteur sait toujours tacitement très bien que c'est UNE personne qui s'exprime, avec sa propre subjectivité. Outre le fait que c'est totalement contradictoire avec l'idée d'un jugement de goût universel kantien, qui nie toute subjectivité et nie même le sujet regardant comme sujet (Murielle évoque la capacité à "s'extraire de soi"), si c'était le cas, pourquoi l'immense majorité des critiques (surtout les tenants d'une critique "artiste") continuent-ils à écrire à la première personne du pluriel ? Convention littéraire purement formelle ? Sans doute pas, si l'on considère que l'emploi du "nous" au lieu du "je" induit (parfois d'ailleurs complètement à tort) que l'auteur de ces lignes partage son point de vue avec ses collègues de rédaction. Et si plusieurs "experts" le pensent, alors ça a forcément plus de force que si ce n'est qu'un seul.
J'y vois plutôt la forme d'un conformisme (que j'ai moi-même longtemps pratiqué comme critique plus ou moins "amateur") dans l'opinion que la critique se fait d'elle-même : "je ne parle pas en mon propre nom mais en celui de l'humanité toute entière" (au fond, c'est bien de cela qu'il s'agit). Un conformisme qu'il serait salutaire de remettre en question. Ce serait déjà un bon début ;-)
posté le 05/10/2014 à 17h39
04/10/2014 - En accès libre - Qu'est-ce qu'un bon film ?
En voilà une émission que j'ai TRES envie de regarder !
Mais avant cela, Murielle, je ne comprends pas votre idée que si on accepte, comme Laurent Julier, que notre conception du beau est affaire personnelle (je préfère cette expression à "affaire de goût"), alors toute discussion esthétique avec autrui est impossible. Je ne comprends pas le raisonnement intellectuel qui vous amène à dire ça. Bien sûr qu'elle est possible et même sacrément riche car elle révèle alors énormément de choses de la personne avec qui je discute : au travers de sa conception du beau, je comprends (mieux) qui elle est. "Dis-moi ce que tu trouves beau (ou simplement intéressant, émouvant, etc.), je te dirai qui tu es", en quelque sorte.
A l'inverse, on pourrait soutenir qu'une discussion entre deux tenants du "beau en soi" ne nous révèle rien de leurs deux orateurs, qui se trouvent ainsi comme "déshumanisés". Et moi, les humains déshumanisés, ça ne m'intéresse pas beaucoup...
Et puis, je ne sais pas, mais, philosophiquement, cette "prétention à l'universalité" dont vous parlez vous-même, ne vous semble-t-elle pas déplacée et, justement, incroyablement prétentieuse ? Comment oser imaginer que chaque être humain se doit de penser/aimer la même chose que soi (ce qui me semble être la définition même de l'universalité de jugement) ?
Ce n'est pas parce que Kant a théorisé tout ça (à une époque où l'"universel" se limitait essentiellement à quelques nations européennes aux racines culturelles plus ou moins communes, ne l'oublions pas) que c'est forcément vrai...
posté le 04/10/2014 à 16h30
26/07/2014 - Dans Le Film - Qui veut la peau du naturalisme ?
J'ai vraiment du mal à venir à bout de cette émission, qui me convainc un peu plus de la vacuité de ce genre d'arguties cinéphiliques (que j'ai pourtant moi aussi plus ou moins pratiquées)...
Pourquoi donc en passer par de prétendus développements théoriques, extrêmement confus (j'y reviens juste après avec un exemple concret), pour dire, finalement et tout bêtement : "Pialat et ses disciples, j'aime pas (enfin, j'aime bien certains films mais pas d'autres) ; Garrel, j'adore" ? Je suis d'accord que cette parole critique seule ne suffit pas car elle n'a pas réellement d'intérêt. L'intéressant est de partir de ses goûts et dégoûts (Murielle, dans une réponse dans ce fil de discussion, a reconnu qu'elle en avait) et les expliquer, les "justifier" éventuellement, par des exemples concrets. A vouloir partir de considérations théoriques, on finit vite par raconter un peu tout et n'importe quoi. J'en viens à l'exemple promis plus haut : après la diffusion des extraits d'"A nos amours", "La Bataille de Solférino" et "La Jalousie", on nous explique donc que Pialat (et un peu Triet aussi) sont des naturalistes qui en rajoutent sur la... théâtralité ! La théâtralité serait donc, en quelque sorte, le stade ultime de l'hystérie naturaliste (qui a décrété que le naturalisme devrait être hystérique ? mystère !). J'avoue que celle-là, elle est pas mal...
Sans partager (du tout) son aversion pour le cinéma français, je rejoins le propos de syona sur l'artificialité à opposer ainsi aussi nettement des cinéastes comme Garrel et Kechiche. Je veux dire par là que je vois très bien ce qui les sépare dans la forme mais ces considérations me semblent se limiter à un (assez) petit cercle cinéphilique. Pour la majorité des spectateurs, qui ne vont d'ailleurs pas voir ces films (ce qui ne veut pas dire qu'ils ont raison !), leurs films relèvent grosso modo de la même catégorie (je parle là des films que Garrel tourne depuis en gros la fin des années 80, pas les précédents, à la forme beaucoup plus radicale). Il me semble toujours (je parle en mon nom) qu'il faut avoir une certaine acuité visuelle pour voir dans la scène de ménage de "La Jalousie" une illustration d'un "cinéma de l'imaginaire". On pourrait tout aussi bien dire que Garrel, comme Pialat et Triet, veut filmer une "tranche de vie" mais qu'il le fait juste avec moins de vitalité (pour reprendre un terme fétiche de François Chevalier, cf. son entretien avec Judith) que ses deux autres collègues cinéastes. Ce qui ne rend pas forcément sa scène moins réelle, d'ailleurs, ni même réaliste. Simplement, ses personnages sont différents (plus "lymphatiques", on va dire), ses comédiens les interprètent donc différemment et le noir et blanc induit, en 2014, un effet de distance plus marqué, en même temps qu'un effet de signature (on sait que Garrel utilise généralement le noir et blanc).
On est donc purement dans une histoire de goûts et de couleurs (ou de leur absence !), qu'il serait à mon avis plus sain (et moins fastidieux) d'assumer pleinement.
Mais je ne doute pas que le prochain entretien de Murielle avec Laurent Julier sera tout à fait passionnant à cet égard :-)
posté le 01/10/2014 à 16h16
26/07/2014 - Dans Le Film - Qui veut la peau du naturalisme ?
Plus de cent ans après, il est étonnant que l'on continue à opérer cette distinction radicale entre les frères Lumière (ou plutôt leurs opérateurs, d'ailleurs), qui seraient des cinéastes de la "chose en soi" (même si Marcos Uzal nous explique évidemment qu'il y a toujours "mise en scène" dans ce qui se veut comme enregistrement du réel), et Georges Méliès, qui serait en quelque sorte l'inventeur du cinéma de la forme (et/ou des formes ?) et aurait ouvert la voie aux cinéastes qui s'intéressent moins à la chose filmée qu'à comment la filmer.
Etonnant surtout après la réédition, il y a deux ans, aux Editions du Sonneur, de "La Vie et l'oeuvre d'un pionnier du cinéma", vraie/fausse autobiographie écrite par Méliès lui-même trois ans avant sa mort. Car que lit-on dans ce petit bouquin passionnant pour qui veut comprendre l'histoire du cinéma ? Que Méliès ne tenait pas en très haute estime ses purs films de fantaisie, destinés à un public de fête foraine qu'il méprisait plutôt. Lorsqu'il parle de ces films, c'est presque uniquement pour célébrer ses propres inventions technologiques (la liste est impressionnante !) qu'il a entreprises pour les réaliser.
Au contraire, quels sont ses propres films que Méliès chérissait le plus (et de très loin !) ? Ceux qui avaient pour vocation à "édifier les masses" (c'est probablement son film sur l'affaire Dreyfus dont il était le plus fier, lui qui a toujours été un farouche dreyfusard) et/ou à se rapprocher le plus possible... du documentaire ! Il parle ainsi assez longuement, là aussi avec une immense fierté, de l'éruption du mont Pelé qu'il avait reconstituée dans son studio de Montreuil. Rien ne pouvait plus flatter Méliès que de penser qu'il était réellement allé filmer l'éruption sur place, enregistrer le monde tel qu'il est.
Mais, depuis tout ce temps, étrangement, c'est comme si personne ne voulait entendre ce que disait Méliès. Et il serait sans doute très surpris (probablement même assez furieux) que l'on invoque autant sa mémoire pour déconsidérer le naturalisme ou le réalisme...
posté le 01/10/2014 à 12h30
27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression
@gomine : Je n'aurais pas dit mieux !
posté le 01/10/2014 à 09h25
27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression
@Raphaël : Merci pour cette précision !
On sentait un peu la "question impromptue", en effet, même si j'imagine aussi qu'elle vous brûlait un peu les lèvres depuis un moment ;-)
Ce qui est d'ailleurs tout à fait logique puisque j'ai moi aussi souvent pensé à Michéa en écoutant Bricmont, notamment sur la question de l'instrumentalisation des luttes contre "toutes formes de discrimination" (toutes... sauf les discriminations de classes).
Bricmont "fin lecteur de Michéa", en revanche, j'en suis moins sûr que vous... Il m'a par exemple semblé qu'il faisait de Michéa un "défenseur de la censure" (ou d'une certaine forme de censure ?) et je n'ai jamais lu rien de tel sous sa plume (mais il vrai que je n'ai pas lu tous ses livres). Le grand point de désaccord entre les deux me semble cela dit assez fondamental car Bricmont refuse apparemment de lier libéralisme économique et libéralisme culturel (en gros, il condamne le premier et défend le second) alors que c'est l'interaction entre les deux qui fait, à mon sens, tout l'intérêt (et la pertinence à mes yeux) de la pensée de Michéa.
Je rêve d'ailleurs d'un entretien Hors-Série (avec Michéa ou un autre penseur, si celui-ci se refuse obstinément à vous, pour des raisons que je ne comprends pas du tout) sur cette question précise de la légitimation du libéralisme économique par le libéralisme culturel. Une question sur laquelle le rôle des médias est absolument déterminant.
posté le 30/09/2014 à 10h06
27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression
@Papriko :
La problème n'est même pas qu'elle trouve Bricmont "infréquentable". Après tout, pourquoi pas, c'est son droit. C'est l'argument de "légitimité" qu'elle utilise pour l'opposer à Finkielkraut (je précise ici que je considère que ce dernier vaut mieux que la caricature qu'il a lui-même contribué à créer, et pas qu'un peu). Manifestement, pour elle (comme pour la quasi totalité de ses confrères, cela dit), "légitimité = vu dans les médias dominants". Ou comment mieux illustrer la circularité de la distribution de la légitimité médiatique, pour parler (plus ou moins) comme Bourdieu...
Sinon, je trouve la réponse de Bricmont sur Michéa très confuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Je crois comprendre que l'accompagnateur de Maja a voulu rebondir à propos de l'édit de Nantes, qui marque en effet pour Michéa LA grande rupture historique dans l'histoire du libéralisme. Du coup, je pense que ces dernières minutes sont encore plus incompréhensibles pour qui ne connaît pas un minimum la pensée de Michéa et je ne suis pas sûr qu'il était très judicieux de les conserver au montage.
posté le 29/09/2014 à 16h19
27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression
Je démarre la lecture de la vidéo et reste absolument sur le cul de l'"argumentation" (triplez les guillemets) avancée par Maïtena Biraben face à Frédéric Taddéi au sujet de la légitimité d'inviter ou non Jean Bricmont ou Alain Finkielkraut ! Merci Maja, je ne connaissais pas cet extrait et je ne crois qu'on ne peut pas trouver meilleure illustration du crétinisme panurgique journalistique !
Encore plus envie de regarder ce qui suit, du coup ;-)
posté le 29/09/2014 à 14h25
16/08/2014 - Dans le Texte - Médias contre médias
@gynko (avec beaucoup de retard mais j'ai en effet beaucoup de retard dans mon visionnage des émissions...) :
"Je me demande depuis quelque temps comment riposter aux discours émotivo-démagos de type FN.
Force est de constater que les réponses argumentées ne marchent pas car comme dirait je sais plus qui, pour démonter une phrase idiote de 5 mots il faut une démonstration de 500.
Le peuple a maintenant été entraîné par les raccourcis à la Tf1, et il faudra du temps pour contrecarrer tout ca."
Un peu commode de reporter toute la faute de l'échec électoral du Front de gauche sur les médias.
Pour trouver une réponse que je trouve extrêmement stimulante à cette passionnante (et douloureuse) question, je ne saurais trop vous conseiller la lecture d'un livre écrit par un sympathisant du FG, justement, Aurélien Bernier : "La gauche radicale et ses tabous : Pourquoi le Front de gauche échoue face au Front national".
Sans rentrer ici dans les détails, ces tabous sont pour lui au nombre de trois, qui laissent un champ dialectique presque totalement libre au FN : souveraineté nationale, désobéissance européenne et protectionnisme. Certains de ces termes sont d'ailleurs des "gros mots" pour les gens de gauche ("souveraineté nationale, pouaaah !)...
Et, pour compléter, la lecture du livre de décryptage de 40 ans de discours économique du FN par François Ruffin, "Pauvres actionnaires !", qui démontre aussi à quel point, sur la question de l'Europe et de l'économie, les discours du FN et du PCF ont fini par se croiser de façon assez stupéfiante. Et très troublante...
posté le 23/09/2014 à 17h48
30/08/2014 - Aux Sources - La Condition humoristique
Toujours un peu gênant, ces interviews où l'intervieweur/euse essaie pendant près d'une heure (au bout d'un moment, c'est vrai qu'on sent que Maja renonce) de faire dire à l'interviewé(e) des choses qu'il n'a pas du tout l'intention de dire, tout simplement parce qu'il ne les pense pas.
Si Maja comptait sur Esquerre pour balancer sur Le Grand journal, Val et compagnie, il est clair qu'elle a frappé à la mauvaise porte. Mais elle aurait pu s'en douter avant et s'épargner un entretien ne devenant effectivement un peu intéressant et pertinent qu'à partir du cas Dieudonné (que l'on partage ou pas le point de vue d'Esquerre, qui est au moins réellement argumenté).
Vrai aussi que quelques extraits de ses spectacles ou interventions (télévisées ou radiophoniques) manquent assez cruellement. Problème de droits ?...
posté le 05/09/2014 à 11h54 ( modifié le 05/09/2014 à 11h55 )
23/08/2014 - Aux Ressources - L'édition avec éditeur
Piratage d'@si made in Ulcan ?...
posté le 24/08/2014 à 00h16
28/06/2014 - Dans Le Film - Un Spectateur Français
Cette interview est une sorte d'illustration vivante (enfin, vivante, à propos de Desplechin, on sait pas trop...) de la dévitalisation que déplore par ailleurs François Chevallier dans son livre (La Société du mépris de soi... le titre va vraiment comme un gant à Arnaud D.) et son entretien avec Judith...
posté le 19/07/2014 à 23h06
18/04/2015 - Dans le Texte - Verdict social, verdict sexuel
@yG :
Où avez-vous lu dans mes propos une "volonté d'absolutisme ou de pureté du peuple" ?!?
C'est assez extraordinaire : je me désole qu'Eribon semble considérer (et apparemment, vous aussi ?) que le déterminisme social assigne à l'ouvrier provincial un destin de beauf raciste, sexiste et homophobe et vous en déduisez que je refuse l'idée que tout représentant du "peuple" (de ce que l'on appelle communément comme tel) puisse être raciste, sexiste ou homophobe ?
A quoi vous sert d'écrire des phrases aussi sophistiquées si vous comprenez si mal le français ?
Je n'idéalise rien du tout ni personne. Mais je ne "démonise" pas non plus.
@Judith :
Merci pour votre réponse, très claire.
posté le 26/04/2015 à 10h53