Blindtest #12
Diagonale Sonore
Rafaëlle Rinaudo
Raphaëlle Tchamitchian
Airs cristallins, paysages naturels, ondes marines… Dans l’imaginaire collectif, la harpe est souvent associée à un imaginaire romantique, éthéré, idéaliste, mythologique parfois. C’est aussi un instrument particulièrement genré, essentiellement joué par des femmes et associé à certains stéréotypes féminins tels que la douceur, la délicatesse, voire la langueur ou le sentimentalisme. Pourtant, c’est aussi un instrument imposant, lourd, et dont la maîtrise exige une incroyable virtuosité.
L’amour de Rafaëlle Rinaudo pour cet instrument a commencé sur les rivages du romantisme de la doxa, avant de s’ouvrir et de se déplacer vers le rock, le punk, et les musiques expérimentales au sens large, c’est-à-dire qui aiment s’aventurer dans le monde des sons de manière inédite. Du collectif Coax au trio improvisé noise Nout en passant par Single Room, son duo avec la chanteuse Émilie Lesbros, Rafaëlle Rinaudo a fait de sa harpe électrique dans de multiples formules expérimentales. Dans le sillage de plusieurs harpistes évoquées dans l’émission, elle lui associe toutes sortes de pédales qui lui permettent de produire une infinité de matières et de sons, parfois proches de ceux de la guitare électrique. Et son instrument devient entre ses mains l’exact opposé de ce à quoi le stéréotype a pu l’assigner : fort, bruitiste, inouï.
Ce blindtest #12 vous invite à voyager dans le monde de cet instrument à la fois large et discret, étranger et familier, depuis le répertoire de la tradition écrite jusqu’au rock celtique en passant le funk et le minimalisme américain. Bonne écoute !
Raphaëlle TCHAMITCHIAN